UNION

LES ENSEIGNEMENTS DES MAITRES DE LA HIERARCHIE

LA GÉNÉALOGIE DE L'HOMME Par Annie BESANT - 1903

CHAPITRE III — OEUVRE RESPECTIVE DES QUATRE CLASSES DE PITRIS BARHISHADS

CHAPITRE III

OEUVRE RESPECTIVE DES QUATRE CLASSES DE PITRIS BARHISHADS

 

 

CHAPITRE III

OEUVRE RESPECTIVE DES QUATRE CLASSES DE PITRIS BARHISHADS


Première Ronde

Deuxième Ronde

Troisième Ronde

Quatrième Ronde

Quatrième Ronde — Première Race

Quatrième Ronde — Deuxième Race

Quatrième Ronde — Troisième Race

Rôle joué par les Pitris Barishads dans l'évolution des Races

 


Les quatre classes de Pitris Barhishads, dits aussi Lunaires, les Pitris Roupas, président respectivement aux quatre Rondes successives de notre chaine terrestre ; ceux dont le corps est le plus subtil dirigent la première Ronde, les suivants la seconde, d'autres plus denses, la troisième, et les plus denses de tous la quatrième Ronde, celle où la matière la plus dense est formée. Dans chacune de ces quatre classes, il y a sept degrés ou sous-classes, de sorte que, dans chaque Ronde et sur chaque globe, on rencontre "sept classes de Pitris" au grand étonnement de beaucoup d'étudiants qui se [66] rappellent avoir entendu parler de sept classes de Pitris, compris les Agnishvattas Pitris, tandis qu'ici il ne s'agit que des Pitris Barhishads. L'énigme est résolue quand on comprend que dans chacune de ces sept classes primitives, divisées en roupa et aroupa, il y a sept sous-classes qui se distinguent les unes des autres par des différences dans leur degré d'évolution. Ainsi dans les quatre grandes classes de Pitris roupas, nous avons donc vingt-huit subdivisions, sept pour chaque classe, et c'est seulement à ces sous-classes que nous avons affaire dans chaque Ronde successive. Une seule des quatre grandes classes s'occupe de chaque Ronde, et ce sont ses sept subdivisions que l'on rencontre sous le nom des "sept classes de Pitris lunaires".
Les quatre grandes classes se distinguent par des différences dans leurs Upâdhis : la première n'a pas d'Upâdhi inférieur au Kârana Sharira ; la seconde a pour instrument d'action le corps mental ; la troisième emploie le corps astral, et la quatrième revêt le double éthérique. Ainsi, à mesure que les globes deviennent plus denses dans les Rondes successives, les Pitris qui dirigent l'évolution physique apportent successivement des instruments [67] d'activité de plus en plus denses, appropriés à la tâche qui leur incombe. Plus on étudie le plan de l'évolution, et plus on est frappé de la parfaite adaptation de chacune de ses parties.
Ces Pitris Barhishads appartiennent, comme je l'ai déjà dit, à la dernière des Hiérarchies créatrices, que nous appelons la septième, quoiqu'en réalité elle soit la douzième. Ils commandent à une multitude d'Esprits de la Nature qui sont les constructeurs réels des formes, quelque chose comme les maçons, tandis que les Pitris peuvent être comparés aux architectes, ce qui a du reste été fait bien des fois. Ces derniers donnent les dessins, les modèles, les plans, suivis et réalisés par leurs subordonnés, ces êtres innombrables qui choisissent les particules matérielles et les mettent chacune à sa place. Remarquons en passant que, puisque dans la littérature indoue le nom de "devas" est appliqué à tous ces esprits constructeurs, les trente-trois millions de devas dont il est souvent question paraissent devoir être nécessaires pour mener à bien le plan de la nature, et ne doivent dès lors pas être un objet d'étonnement.
Quand les Purânas parlent de la terre et de [68] ses six globes, ils font une étrange description, qui, je le crains, a dû bien des fois exciter l'ironie de plus d'un étudiant indou diplômé – parlant de sept zones ou dvipas séparées par de curieux océans de lait, de lait caillé, etc. "Quelles drôles d'histoires que celles de ces anciens", disent les critiques modernes. Et cependant ces anciens ont écrit plus sagement que les savants du dix-neuvième siècle, car leur tableau pittoresque donne une idée juste de l'aspect d'une Chaine planétaire, chaque dvipa représentant un globe et, ce qu'ils appellent océan, étant l'étendue de matière entre un globe et le suivant, ce qui les sépare comme une mer que nul ne peut traverser, sauf ceux qui ont développé leurs Upâdhis supérieurs et acquis ainsi la capacité de naviguer sur ces merveilleuses mers de matière.
Si l'on pouvait s'élever à un plan supérieur, et regarder la chaine d'en haut, on verrait exactement ce qui est décrit dans les Purânas, à savoir les sept dvipas et les sept océans qui les entourent, énormes vagues de matière de densité variée, roulant entre les globes, et désignées par les liquides terrestres auxquels elles ressemblent le plus dans leur [69] aspect général. L'erreur a été d'essayer d'identifier ces descriptions avec les choses terrestres, alors qu'elles s'appliquent aux sept globes de la chaine, globes entièrement différents entre eux et dont notre terre est celui qu'ils appellent Jambudvipa. Ces descriptions ne sont peut-être pas d'accord avec les idées modernes de classification précise et rigoureusement scientifique, mais elles éveillent des images vivantes et pittoresques dans les esprits ordinaires auxquels elles étaient destinées. Et quand le clairvoyant moderne se place au point d'où l'écrivain purânique contemplait cette scène, il voit aussi se dérouler cet étonnant panorama des sept globes entourés de leurs océans de matière inorganisée.


Première Ronde


Revenons à notre tableau de feu, les globes translucides roulant à travers les vagues de flammes.
Sur le premier de ceux-là, le plus vague et le plus incandescent, descend la première classe des Pitris lunaires. Ils vont donner le premier modèle des formes qui serviront de [70] tabernacles à tous leurs successeurs. L'idée de ces modèles existe dans l'esprit du Logos planétaire, mais c'est aux Pitris à modeler les premières formes de matière ignée qui seront la demeure des monades de la chaine lunaire, à leur arrivée. Il faut qu'ils s'assimilent la matière de la chaine, sans cela comment pourraient-ils en tirer des formes ? Ils ne peuvent travailler une matière qui n'est pas la leur. Donc, la première chose qu'ils ont à faire, c'est de passer eux-mêmes par toutes les espèces de matière, et, l'ayant amassée autour de leurs corps aériens, ils la transforment au moyen de leur feu créateur en formes germinales qui, peu à peu, se développant et murissant, deviendront dans le cours des siècles les formes que nous connaissons sur le quatrième globe de la quatrième Ronde. Chaque subdivision prépare sept formes typiques dans chaque règne, sur chaque globe, car, dans chaque règne de la nature, sept types existent côte à côte, et ce sont les sept types des sept subdivisions de Pitris de chaque Ronde. Dans la première Ronde, il n'y a que des formes pelliculaires de matière ignée.
La caractéristique du premier globe, le [71] globe A, c'est que rien n'y a une forme dans le sens où nous l'entendons, tout y est même tellement différent des formes que nous connaissons qu'on l'appelle Aroupa, sans forme. Et cependant, la forme y existe, mais non telle que l'homme mortel la connait. On l'appelle forme archétype, c'est-à-dire idéale, faite d'essence de pensée abstraite, forme vague, changeante, indéfinie, tout à fait inconcevable et insaisissable pour l'esprit concret. On ne peut la connaitre qu'en raison de ce fait que lorsqu'elle passe sur un plan inférieur, elle se divise en une quantité innombrable de formes concrètes, dont chacune lui ressemble en ce sens qu'elle présente ses caractères essentiels et reproduit quelque trait de son image. Cela sera peut-être plus intelligible si je rappelle un curieux moyen employé jadis, aux premiers temps de la science biologique, pour montrer ce qu'on entend par type d'un certain ordre. Le professeur Owen, étudiant l'ordre complexe des mammifères, essaya de découvrir et de combiner leurs caractères communs. Il trouva que certaines conformités existent entre tous les mammifères – colonne vertébrale, quatre membres, etc. Il assembla ces caractères [72] communs à toutes les formes de mammifères qu'il avait recueillies, et il en composa une forme qui ne ressemblait à rien d'existant au monde, ni dans le ciel ni sur la terre, ni dans les eaux de la mer et qu'il appela l'archétype des mammifères. Ce n'était qu'une fantaisie de savant destinée à aider l'investigation scientifique. En fait il "construisit plus juste qu'il ne croyait". Des archétypes semblables existent dans l'esprit du Logos pour chaque règne : archétypes de minéraux, archétypes de végétaux, archétypes d'animaux et archétypes d'hommes. Ils existent à l'état d'idées – idées platoniques, dit-on parfois, parce que Platon leur donne une grande importance dans sa philosophie. Ces idées se trouvent dans l'esprit du Logos et les architectes, les Pitris Barhishads, les reproduisent sur le globe le plus élevé de la chaine planétaire, sur le globe A. C'est pourquoi on l'appelle le globe archétypal, car, à chaque Ronde, c'est lui qui renferme les archétypes qui serviront de base à l'évolution des formes de cette Ronde.
Les Purânas font parfois allusion à ces formes ou essayent de les décrire, et ces descriptions paraissent étranges, grotesques, [73] incompréhensibles. Beaucoup d'hommes instruits, quelque peu au courant de la science moderne, se moquent des anciens Rishis qui s'efforcèrent de décrire ces formes extraordinaires différentes de tout ce que l'esprit humain peut concevoir actuellement. Mais les Rishis savaient quelque chose de plus que la science moderne : ils connaissaient les formes archétypes, bases de toutes les formes ; et ces étranges créatures, dont parlent les livres purâniques, sont des archétypes, et non des formes telles qu'elles existent sur les plans inférieurs. Je ne saurais trouver d'image ni d'expression pour donner, de cette extraordinaire création, une idée meilleure que celle qui découle de ces récits purâniques, si vagues, si étranges, si grotesques qu'ils puissent sembler. Ils sont du moins la description la plus approchée que le langage humain soit capable de fournir.
Passons au point suivant. Chaque Ronde, comme je l'ai dit, produit une évolution particulière : élémentale, minérale, végétale, animale ou humaine. Les formes qui ne sont pas encore nées sur un globe de la chaine, n'en existent pas moins dans l'esprit du Logos créateur. Elles entourent ce globe à l'état [74] d'embryons, de sorte que, dans l'atmosphère d'un globe, on pourrait lire son histoire à venir. C'est l'une des significations de l'expression "lire dans la lumière astrale". Sur le premier globe, dans la première Ronde de notre chaine les Pitris forment les archétypes des trois règnes élémentals et du règne minéral. Seuls les types du règne élémental supérieur sont alors mûrs et complets. Ceux des règnes moyen et inférieur sont des types embryonnaires, et ceux du règne minéral ne sont que des germes, qui renferment cependant, en puissance, tout ce qui sera développé à la perfection dans le règne minéral de la quatrième Ronde. La première classe des Pitris Barhishads produit ces archétypes en matière transparente, et en peuple le globe incandescent. Dans l'atmosphère du globe, les trois autres classes de Pitris Barhishads s'occupent des embryons du futur règne végétal de la seconde Ronde, des embryons du futur règne de la troisième Ronde, et des embryons du futur règne humain de la quatrième Ronde. Ces embryons ne ressemblent en rien aux formes végétales, animales et humaines ; ce sont de simples cristallisations – si le mot peut s'appliquer à une matière si [75] subtile – des agrégats de matière ; ils sont dans le sein de la nature comme les embryons dans le sein de la mère, et c'est avec raison qu'il est écrit que quand nous serons arrivés à comprendre en entier le mystère de la croissance humaine, le plan tout entier de l'activité créatrice se révèlera à nos yeux.
Donc, sur ce globe A, les Pitris sont à l'oeuvre ; ils forment les susdits archétypes, se revêtent des formes qu'ils ont créées, et passent rapidement par les formes embryonnaires de l'atmosphère ambiante pour y éveiller le premier frisson de vie foetale. Ils se transportent sur le globe B, le second, où ils façonnent les innombrables formes concrètes qui naissent de l'archétype original. Peu de changement sensible dans les formes de l'atmosphère ambiante : tout l'effort se porte sur l'élémental et le minéral où beaucoup de progrès sont réalisés. Sur le troisième globe, C, ils façonnent des formes plus denses ; mais ce n'est encore qu'une condensation de feu, comme par exemple dans un feu on discerne des flammes blanches, puis des jaunes, puis un éclat plus rouge ; telles sont les seules différences visibles dans le feu des globes successifs. [76]
Enfin ils viennent sur la terre où le minéral atteint l'état physique, les autres formes continuant d'exister dans l'atmosphère. Les formes germinales des matériaux apparaissent vaguement sur notre terre incandescente sous forme de pellicules minces et lumineuses et ainsi de suite, jusqu'à ce que le septième globe soit atteint. Le règne minéral tout entier est alors formé, quoique, dans cet état pelliculaire, ce ne soient pas des minéraux, comme nous les connaissons, solides, cristallisés, etc., mais toujours des masses gazeuses brulantes. Tout ce qui existe aujourd'hui dans le règne minéral, se trouve sur ce dernier globe à l'état de germes pelliculaires, ténus, destinés à devenir plus riches, plus denses, plus forts, et à se compliquer dans les Rondes successives.
On peut résumer ainsi l'oeuvre des Pitris sur le globe A ils donnent les sept archétypes des sept règnes ; sur le globe B ils multiplient les formes contenant les caractères essentiels de ces archétypes ; sur le globe C, ils densifient ces formes ; sur le globe D, ils les façonnent dans une matière encore plus dense ; sur le globe E, ils les rendent plus complexes et commencent à les affiner un peu ; sur le [77] globe F, ils les construisent en matière plus subtile et, sur le globe G, ils les amènent à leur perfection. Telle est la méthode d'après laquelle les Pitris travaillent à chaque Ronde, quoique, dans la première, ils ne fassent que se revêtir de matière et l'habiter un instant pour se l'assimiler. Ils n'utilisent dans leur construction que les quatre sous-plans supérieurs de la matière de chaque plan.
Tandis que la première classe des Pitris Barhishads se livre à ce travail sur chaque globe, les monades lunaires arrivant à la Chaine terrestre se glissent dans les formes créées puis abandonnées par eux. Les monades en descendant de la lune passent d'abord dans les règnes élémentals et ensuite dans les formes minérales et autres quittées par les Pitris. Leurs sept classes, comme nous l'avons déjà vu, ont atteint différents degrés d'évolution et, par conséquent, montrent du plus haut au plus bas des pouvoirs décroissants. Quelques-unes, les plus jeunes, avaient à peine atteint la vie sensible sur la Chaine lunaire ; d'autres avaient traversé les règnes lunaires et y avaient atteint les types des formes animales lunaires. Cette différence dans le degré de croissance et d'évolution de la [78] conscience a une conséquence remarquable plus la monade est avancée, plus rapide sont ses progrès dans le monde des formes, d'où séparation de plus en plus profonde entre les classes à mesure qu'elles évoluent. Les inférieures restent de plus en plus en arrière à cause de la rapidité de progrès des plus développées. La meilleure manière de symboliser cela (symboliser seulement, car le retard est en réalité de 1/7 dans chaque classe) est peut-être de vous rappeler les procédés mathématiques d'accroissement, soit en progression arithmétique (par addition), soit en progression géométrique. Par exemple, si je pars de 3 et que j'ajoute toujours 3, j'aurai 3, 6, 9, 12, cela peut représenter le premier genre d'accroissement. Mais si je procède par progression géométrique j'ai 3, 9, 27, 81 ; on voit la différence. Je n'avais que 12 au quatrième terme d'après la première méthode, maintenant j'ai 81, et la différence des résultats numériques est due aux méthodes différentes de progression. C'est quelque chose de ce genre qui arrive aux monades lunaires : quand leur première classe sur le globe A atteint la plus inférieure des sept étapes des formes humaines sub-organiques, elle a déjà traversé quarante-trois [79] types de formes, tandis que la dernière classe n'a traversé que la première des sept étapes du règne élémental le plus bas. La première classe voyage sept fois plus vite que la dernière. À la fin de la première Ronde, la première classe des monades lunaires a passé par quarante-neuf stades de l'évolution de la forme, sept stades dans chacun des sept Règnes. La classe la plus basse, la septième, n'a passé, pendant le même temps, que par sept changements de l'évolution des formes, les sept qui forment le plus bas des règnes élémentals. Pendant les Rondes suivantes, les monades de la première classe ne passent point par les règnes inférieurs, mais elles entrent directement dans le règne humain. Quand la première Ronde est finie il survient un Pralaya, c'est-à-dire des siècles de repos, avant que la construction des formes ne reprenne à nouveau.


Deuxième Ronde


Alors commence la deuxième Ronde, et la deuxième classe de Barhishads Pitris se met à l'oeuvre. Ils font descendre les archétypes des formes végétales sur le globe A, leur [80] donnent des formes concrètes sur le globe B, qui deviennent plus denses sur le globe C et atteignent l'état physique sur le globe D ; les formes embryonnaires des animaux et des hommes restant dans l'atmosphère progressant toujours. Et les embryons humains, qui à la première Ronde avaient d'étranges formes cristallines analogues à celles du règne minéral, se développent maintenant à la manière des plantes ou des arbres en filaments gigantesques, ne ressemblant en rien à des hommes, quoique ces formes végétales se retrouvent encore maintenant dans l'embryon humain. Des particules gazeuses entrent maintenant dans la composition de tous les corps de cette troisième Ronde, particules qui appartiennent aux troisièmes sous-plans.


Troisième Ronde


Passons à la troisième Ronde : Les mondes sont devenus bien plus denses, quoique encore lumineux et éthérés. Les animaux se développent alors. C'est la troisième grande classe des Pitris Barhishads qui est à l'oeuvre et, à mesure que la densité augmente, ils apportent [81] les archétypes d'animaux embryonnaires, leur donnent des formes concrètes qui, sur le globe D, arrivent à une précision plus grande. Nous voyons les embryons humains devenus bien plus nombreux depuis la seconde Ronde, qui flottent dans l'atmosphère du globe, prenant d'étranges formes animales, monstrueuses, repoussantes à nos-yeux, créatures énormes qui ressemblent
à des singes, portant le cachet de l'animalité fortement imprimé sur leurs formes embryonnaires. Le foetus humain montre encore les traces de cette période pendant son développement. Des particules liquides des seconds sous-plans entrent dans la composition de tous les corps de cette Ronde.


Quatrième Ronde


Puis commence la quatrième Ronde. La quatrième classe des Pitris Barhishads, la plus dense, celle qui a un corps éthérique, se met à l'oeuvre, et les archétypes humains sont apportés sur le même globe A ; archétypes merveilleux de ce que l'homme deviendra aussi bien que de ce qu'il est, car les archétypes [82] des sept races sont là. La sixième et la septième se distinguent par l'éclat et la splendeur de leur beauté et suggèrent l'idée de ce que seront les types développés des races et des Rondes à venir. Puis, nous voyons descendre, en se multipliant et augmentant de densité, les formes qui vont éclore sur le quatrième globe – notre terre. Enfin nous arrivons à un terrain plus ferme, nous reprenons haleine après notre envolée dans l'espace, nous sommes arrivés sur la terre, non pas tout à fait celle que nous connaissons, mais enfin notre terre à nous, celle qui nous est plus familière.
Arrivés là, ayant repris haleine, examinons le monde qui nous entoure. Monde étrange, aux terribles tempêtes, où les convulsions gigantesques de la nature sont telles que l'on n'entend que chutes de montagnes, explosions de volcans vomissant une lave brulante, fracas de vagues géantes soulevant des rochers et lançant dans les airs des masses qui sont presque des montagnes et dont elles se jouent. Le feu jaillit de partout, ce ne sont qu'orages, ouragans et cyclones : c'est un tel bouleversement qu'il semble incompatible avec l'existence de la vie. Cela rappelle en [83] miniature la première Ronde, avec le bruit et le tumulte en plus, causés par la densité plus grande de la matière. Ici, aussi, le feu domine tout, ardent et tumultueux. Pendant 20 crores (200 000 000) d'années ces convulsions se succèdent "sans relâche, puis elles deviennent périodiques et ne se reproduisent qu'à de longs intervalles" 12. Les Pitris sont présents, maitres de toute cette matière en ébullition.

12 Doctrine Secrète.

Trois cents millions d'années se sont écoulées depuis le commencement de la quatrième Ronde, sur ce globe D, pendant lesquels les Esprits de la Nature ont travaillé activement à former les minéraux, les végétaux et les animaux d'espèces inférieures. Au milieu du grand tumulte ils s'efforcent de créer de nouveaux organismes avec les vieilles dépouilles de la dernière Ronde restées sur le Globe quand l'onde de vie s'en retira. Il en résulte toutes sortes de monstres hybrides, mélanges d'humanité et d'animalité, des reptiles de toute espèce qui apparaissent au milieu du feu, de l'écume et des nuages tourbillonnants. Productions "d'une nature inexpérimentée", [84] dirait la science. Mais nous voyons là l'oeuvre des dévas inférieurs, les Esprits de la nature, privés de la direction des Maitres de la forme. Quand les grands bouleversements sont près de leur fin, les Seigneurs de la forme viennent voir si la terre est prête pour la venue de l'homme. Toutes ces formes inférieures sont alors balayées et la terre ressemble à un vaste océan d'eau tiède agitée, vide d'habitants, la terre ferme disparaissant sous un désert aqueux. Graduellement en un point émerge le premier continent : c'est le pic du mont Mérou, le cap du Pôle Nord, le commencement de l'impérissable terre sacrée, la Terre sainte, celle des dévas appelée aussi Shvetadvîpa, l'ile blanche, la terre centrale, et quelquefois Jambudvîpa, nom donné à la terre entière. Les Parsis l'appellent Airyana Vaejo et disent avec raison que leur grand prophète Zarathustra naquit là. Le mont Mérou, axe du globe, quoique émergeant au pôle, a ses racines au centre de l'Himalaya "ceinture de l'univers". Peu à peu cette terre parait à la surface des vagues agitées qui recouvrent le globe encore tiède et, comme un lotus aux sept pétales, autour du mont Mérou, leur centre, [85] sept grands promontoires apparaissent, aux pointes desquels on donne parfois le nom de Pushkara – nom qui appartient plutôt au septième continent, – et ce sont ces promontoires et leur partie centrale, qui forment la Terre impérissable. C'est sur cette terre que doit naitre chaque race humaine à son tour, quelque doive être ensuite le centre de son habitat. C'est le berceau de toutes les races sous l'autorité de Dhruva, le Seigneur de l'étoile polaire ! "L'étoile polaire la surveille d'un oeil vigilant depuis l'aurore jusqu'à la fin du crépuscule d'un jour du Grand Souffle 13." Cette terre apparait donc, prête à recevoir ses habitants, et son climat est un printemps exquis. Alors, s'élève l'appel sonore des Seigneurs qui sont les Souverains universels. Voici ce que disent magnifiquement à ce sujet les Stances du Livre de la Sagesse :
"Les grands Chohans appelèrent les Seigneurs de la Lune aux Corps aériens : "Faites paraitre des hommes, des hommes de votre nature. Donnez-leur leurs formes intérieures. Elle édifiera les revêtements externes. Ils seront mâles-femelles.

13 Doctrine Secrète, vol. III, p. 9.


Les Seigneurs de la [86] flamme aussi… Ils allèrent chacun sur le territoire qui leur était assigné. Ils étaient sept, chacun sur son lot. Les Seigneurs de la flamme demeurèrent en arrière. Ils ne voulaient ni aller, ni créer. Les sept légions, les Seigneurs nés de la Volonté poussés par l'esprit qui donne la vie, séparèrent les hommes entre eux, chacun sur sa zone propre. Sept fois, sept ombres d'hommes futurs naquirent, chacune d'une espèce et d'une couleur différentes, chacune inférieure à son père. Les Pères, les sans-os ne pouvaient donner vie à des êtres possédant des os. Leur progéniture furent des Bhûtas sans forme ni mental. C'est pourquoi on l'appela chhâya 14."


Quatrième Ronde — Première Race


Quatre classes de Monades lunaires étant prêtes pour l'incarnation humaine, les Pitris Barhishads descendent sur notre globe dans la Terre Impérissable et détachent de leurs corps éthérés une chhâya, une "ombre", un germe de vie qui renferme en puissance le [87] développement des formes humaines. C'est une grande forme filamenteuse, sans sexe, une Bhûta vide flottant dans l'atmosphère épaisse et dans les mers fumantes. Elle flotte au hasard, forme indéfinie, changeante, protiste vague de matière éthérée, renfermant les germes de toutes les formes recueillies par les Pitris dans les précédentes évolutions ; sa couleur est clair de lune, blanc jaunâtre aux nuances changeantes. Dans la quatrième classe de Pitris Barhishads qui ainsi a fourni le germe de vie pour la production de la forme de l'homme physique, il y a, comme nous l'avons vu ; sept subdivisions distinctes, et chacune peuple l'un des sept promontoires : "Ils étaient sept, chacun sur son lot… séparèrent les hommes entre eux, chacun sur sa propre zone." Mais on lit aussi : "Sept fois sept ombres d'hommes futurs naquirent", et l'on se demande naturellement pourquoi cette septuple augmentation. C'est que chaque classe de Pitris Barhishads ne comprenait pas seulement sept subdivisions à différents degrés de développement, comme nous l'avons expliqué, mais encore que chacune de ces sept subdivisions, qui ne sont que des degrés d'évolution, renfermait des membres des sept [88] types dont nous avons aussi parlé. D'où "sept fois sept". Les Monades lunaires étant elles-mêmes à des degrés si différents d'évolution, n'auraient pu s'accommoder de chhâyas d'un seul degré. Les Monades entrèrent dans des chhâyas proportionnés au degré de développement qu'elles avaient atteint pendant les trois premières Rondes et demie. Il fallait donc beaucoup de formes, d'espèces et de degrés pour que chaque monade pût trouver un tabernacle approprié, et les quarante-neuf ordres leur fournirent précisément les conditions nécessaires.

14 Doctrine Secrète, vol. III, p. 21.

Ces espèces de formes quasi protistes qui sortirent du corps éthéré de leurs progéniteurs – comme on peut voir le double éthérique sortir du côté d'un médium – furent la première race humaine. "Humaine ?" dira-t-on. "Mais qu'est cette forme étrange, extensible, indéfinie, plus semblable à un morceau de vase visqueuse, comme le prétendu Bathybius, qu'à un être humain ? Pourquoi l'appeler humaine ?" Mais pourquoi appelle-t-on humaine la première agglomération de cellules foetales, qui, dans le sein de la mère, n'a rien de la forme humaine, pourquoi l'appelle-t-on un embryon humain ? C'est parce que, dans cette [89] forme qui n'a rien d'humain, l'homme futur est en évolution, et que rien d'autre que d'humain ne peut s'y développer. Par conséquent, quoique la forme n'ait aucune apparence humaine, bien que ce ne soit que l'embryon de l'homme futur, nous l'appelons quand même "humain" parce que la monade qui plane sur elle a atteint l'humanité, et que cette appellation convient, sinon à la ressemblance extérieure, du moins à la vie, qui y est enfermée. Nous disons donc de la même façon que la première race humaine est née.
Ces grandes formes errent de-ci, de-là, insensibles et passives. Comme on l'a vu, la conscience résidant sur le plan atmique ne peut que bien légèrement affecter ces corps mal formés, doués vaguement du seul sens de l'ouïe et d'une vague conscience du feu. On les appelle parfois la Race des Dieux parce que la seule conscience qu'ils possédaient était d'un caractère très élevé ; on les nomme aussi les fils du Yoga, parce que les Pitris dégageaient leurs chhâyas pendant qu'ils étaient plongés dans la méditation du yoga ; on les appelle même les "Auto-générés", parce qu'ils ne provenaient pas de parents humains. C'est eux qui constituent le second Adam des livres [90] saints hébreux. Les Pitris ont fourni leurs chhâyas éthériques, les ont animés de leur feu électrique, galvanisés, pour ainsi dire, et leur ont donné l'activité, aidés en cela par le Soleil qui envoie ses rayons vivifiants, le feu solaire, en réponse à l'appel du Souverain des Esprits de la nature, réclamant son appui.
"Ces trois, grâce à leurs efforts réunis, produisirent un bon Rupa. Il pouvait se tenir debout, marcher, courir, se courber ou voler. Pourtant ce n'était toujours qu'une chhâya, une ombre ne possédant pas de sens 15."
La planète qui gouverne cette première race est le soleil, ou plutôt la planète mystique, Uranus, qu'il représente.
Ces êtres se-reproduisaient par scissiparité ou par bourgeonnement. Seules formes de multiplication possibles pour eux, comme aujourd'hui encore pour les protistes, créatures qui leur ressemblent le plus. Ils croissaient, leurs dimensions grandissaient, puis ils se divisaient d'abord en deux moitiés égales et, plus tard, en portions inégales produisant des descendants plus petits qu'eux, lesquels croissaient à leur tour et produisaient [91] par bourgeonnement de nouveaux petits. Pour bien se rendre compte du procédé, il faut étudier la reproduction des amibes et des hydres. On ne peut pas distinguer de subdivisions bien définies dans cette première race, quoiqu'on y voie sept étapes de croissance, sept changements dans leur évolution. Aucun ne mourait ; "ni le feu ni l'eau ne pouvaient les détruire" 16, le feu était leur élément et ils n'avaient pas conscience de l'eau. Quand le moment vint pour la deuxième grande race d'apparaitre, les esprits de la nature entourèrent les Chhâyas d'une sorte de coquille de matière plus dense et "l'extérieur des premiers devint l'intérieur des seconds". C'est ainsi que la première race disparut insensiblement dans la seconde, ce fondit en elle, devint réellement elle, et la Chhâya qui était le seul corps de la première race, devint le double éthérique de la seconde.
Pendant les âges de durée inconnue que dura la première race, la terre se calmait, les cataclysmes devenaient locaux au lieu d'être universels. Peu à peu des terres plus étendues émergeaient à la surface du désert aqueux, [92] s'étendant autour des promontoires du premier continent et formant un vaste fer à cheval, le second continent, appelé Hyperboréen ou Plaksha. Il occupait le Nord de l'Asie, joignant le Groenland au Kamtchatka, et était borné au sud par une vaste mer, qui roulait ses vagues là où le désert de Gobi étend maintenant ses sables. Le Spitzberg en faisait partie, ainsi que la Suède et la Norvège ; au Sud-Ouest il s'étendait par-dessus les iles Britanniques jusqu'à la mer de Baffin, alors terre ferme, dont les iles actuelles sont les restes. Le climat était tropical et une végétation luxuriante revêtait les plaines ensoleillées. Il ne faut pas que le mot hyperboréen amène dans notre esprit son association d'idées habituelle ; c'était un pays heureux, de vitalité exubérante. La région hyperboréenne ne changea que lorsque ses habitants furent disséminés par le changement de climat et que de nombreux cataclysmes détruisirent ce continent.

15 Doctrine Secrète, vol. III, p. 22.
16 Doctrine Secrète, vol. III, 23.

 

Quatrième Ronde — Deuxième Race


La seconde Race parait, comme on l'a vu, et manifeste pendant son existence deux [93] types marqués répondant légèrement à la conscience buddhique. Elle montre la dualité caractéristique de ce genre de conscience en la manifestant par des changements physiques, le développement de deux sens, l'ouïe et le toucher, et la conscience de l'eau et du feu, comme il a déjà été expliqué à propos de l'évolution monadique. Les hommes de la seconde race ont été appelés Kimpurushas, enfants du Soleil et de la Lune, "enfants du père jaune et de la mère blanche" 17, par conséquent du feu et de l'eau, et ils étaient nés sous la planète Jupiter, Brihaspati. Leur couleur était jaune d'or, avec des variétés de nuances allant de l'orangé au citron le plus pâle. Ces formes aux brillantes couleurs, filamenteuses, les unes arborescentes, les autres quasi animales, d'autres encore presque humaines, erraient de-ci de-là, flottaient, glissaient, grimpaient, s'appelant l'une l'autre en notes flutées, à travers les splendides forêts tropicales, verdoyantes au soleil, où éclataient les fleurs des lianes grimpantes ; tout cela formait un tableau magnifique, dû à la splendeur de la nature dans sa jeunesse exubérante, [94] débordante de vie, de mouvement de couleur, sorte d'esquisse tracée par une main gigantesque aux couleurs issues d'une éblouissante palette.
Deux types principaux apparaissent, comme il vient d'être dit, dans cette deuxième Race le premier et le second. Dans le premier, il n'y a pas trace de sexe, les êtres sont asexués et se reproduisent par expansion et bourgeonnement, comme la première race. À mesure que les formes deviennent plus dures et enveloppées d'une coquille plus épaisse de matière terrestre, ce mode de reproduction n'est plus possible et elles émettent de petits corps qu'on a appelés, au figuré, des "gouttes de sueur", parce qu'ils exsudent, comme la sueur, de la peau humaine, visqueux et opalins, puis durcissent, peu à peu, croissent et acquièrent différentes formes. On lit dans les Pourânas que toutes les races naquirent des pores de la peau de leurs ancêtres. On y voit aussi que Vîrabhadra, envoyé par Mahâdeva, pour interrompre le sacrifice de Daksha, produisit, à travers les pores de la peau, des myriades de formes étranges. On trouve beaucoup de traces de ce mode de reproduction dans les histoires pouraniques et [95] l'étude de l'évolution physique de l'homme aide à mieux les comprendre. À mesure que le temps s'écoule de légères indications de sexualité commencent à apparaitre dans ces "Nés-de-la-Sueur" de la seconde race ; ils montrent des rudiments des deux sexes et c'est pourquoi l'on dit que ce sont des androgynes latents.

17 Doctrine Secrète, vol. III, p. 22

Quand on étudie l'évolution actuelle des règnes inférieurs, on y retrouve ces différents modes, ce qui montre combien les esprits de la nature ont toujours suivi le même plan, infiniment varié dans ses détails, mais unique dans ses principes. Tous les mammifères sont nés des germes projetés par cette seconde race "humaine" ; les animaux inférieurs aux mammifères ont été formés par les esprits de la nature d'après les types élaborés dans la troisième Ronde, et quelquefois en s'aidant des émanations humaines.
Pendant ce temps la terre change lentement d'aspect.
"La grande Mère travaillait sous les eaux… Elle travailla plus encore pour la troisième (Race) et son contour et son centre apparurent au-dessus des eaux ; ce fut la ceinture, l'Himavat sacré qui s'étend autour du monde 18." [96]
La grande mer, au sud de Plaksha, couvrait le désert de Gobi, le Tibet et la Mongolie, et de ses eaux méridionales émergeait la grande chaine de l'Himalaya au sud de laquelle la terre se montrait lentement jusqu'à Ceylan, Sumatra, l'Australie, la Tasmanie et l'ile de Pâques ; à l'ouest, elle s'étendait jusqu'à Madagascar et une partie de l'Afrique. Tout cela ajouté à la Suède et la Norvège, à la Sibérie et au Kamtchatka, déjà existants, forma un vaste continent, l'énorme Lémurie, berceau de la race dans laquelle apparut l'intelligence humaine. L'histoire archaïque l'appelle Shâlmali. Dans la suite des siècles, ce grand continent souffrit de nombreuses ruptures et se transforma en grandes iles. De temps en temps d'énormes éruptions volcaniques, des tremblements de terre colossaux en détachaient des fragments. Un affaissement graduel fit disparaitre pour un temps la Norvège. 700 000 ans avant le commencement de l'époque tertiaire, de la période éocène, éclatèrent de grandes éruptions volcaniques ; des abimes s'ouvrirent au fond de l'océan et la Lémurie, en tant que continent, disparut, en ne laissant comme traces que l'Australie et Madagascar, plus l'ile de Pâques submergée puis soulevée de nouveau. [97]
Pendant l'existence de la Lémurie et à peu près au milieu du développement de ses races, survint le grand changement de climat qui détruisit le restant de la seconde race et sa progéniture, la troisième race primitive.
"L'axe de la roue fléchit. Le soleil et la lune ne brillèrent plus sur la tête de cette portion des "Nés-de-la-Sueur" ; les hommes apprirent à connaitre la neige, la glace, la gelée et comme les plantes et les animaux ils perdirent de leur stature 19."
Les splendides couleurs des tropiques pâlirent sous le souffle du roi des glaces ; les jours et les nuits polaires de six mois commencèrent et, pour un temps, on ne vit plus sur les restes de Plaksha qu'une population clairsemée. Au-delà, cependant, au milieu de la région polaire, la Terre sacrée Impérissable continuait de sourire.

18 Doctrine Secrète, vol. III, p. 496.


Quatrième Ronde — Troisième Race


Dans la troisième Race, comme l'analogie pouvait le faire supposer, on trouve trois types fortement accentués, que nous appellerons [98] le primitif, l'intermédiaire et le postérieur. De même que la première race (en relation avec Atma) manifestait l'unité, que la deuxième (en relation avec Atma Buddhi) manifestait la dualité, la troisième (en relation avec Atma Buddhi Manas) manifesta la triplicité.
Dans le type primitif, type I, le mode de reproduction est encore celui du dernier type de la seconde Race : exsudation de corps mous et visqueux, comme "la sueur". Ces corps durcirent pendant la seconde sous-race.
"Les gouttes devinrent rondes et dures. Le soleil les chauffa, la lune les rafraichit et les façonna ; le vent les nourrit jusqu'à leur maturité 20."

19 Doctrine Secrète, vol. III, p. 403.
20 Doctrine Secrète, vol. III, p. 23.


Peu à peu ces corps mous s'incrustèrent et prirent la forme d'oeufs, l'oeuf qui, aujourd'hui encore, est à l'origine de tout germe. Désormais c'est dans un oeuf que les formes parcourent les premiers stades de leur évolution, ces formes deviennent d'apparence plus humaine : androgynes latents. Ce type primitif de la troisième Race comprend deux sous-races : la première les "Nés-de-la-Sueur", montrant à peine un commencement [99] de sexes ; la deuxième, encore "née de la Sueur", mais définitivement androgyne, tout à fait humaine d'apparence, enveloppée d'une couche matérielle qui durcit. On les appelle fils du Yoga passif, tant ils sont inattentifs au monde extérieur.
Dans le type intermédiaire, type II, troisième sous-race, les petits se développaient dans une coquille, évoluaient de doubles organes sexuels, et aussitôt nés en brisant leur coquille, ils se montraient tout développés, comme les poussins d'aujourd'hui, capables de marcher et de courir. Ce furent les hermaphrodites dont il sera reparlé tout à l'heure parce qu'ils devinrent les tabernacles des Seigneurs de la Sagesse ; cette phase donne son nom au type II. Dans la quatrième sous-race, la reproduction se faisait toujours par des oeufs, mais dans l'embryon un sexe commençait à prédominer, si bien qu'en sortant de l'oeuf l'être naissait mâle ou femelle et, à mesure que le temps passait, les nouveau-nés devenaient de plus en plus faibles ; à la fin de la quatrième sous-race, ils ne pouvaient plus marcher dès leur éclosion.
L'embryon humain reproduit toujours ces divers degrés de développement : il prend la [100] forme amoeboïde de la première race, la forme filamenteuse de la seconde, l'état asexué des premiers degrés est remplacé par l'hermaphrodisme et, peu à peu, l'élément mâle ou l'élément femelle prédomine, déterminant le sexe comme dans la troisième race. Il est à remarquer que les traces de cet hermaphrodisme ne disparaissent jamais, même pas à la maturité, chaque sexe conservant toujours quelques rudiments d'organe du sexe opposé.
Il est intéressant de constater dans la littérature indoue, dans les mythes, plus vrais que l'histoire, les traces nombreuses des différents modes de reproduction des premiers âges. C'est ainsi que dans le récit du sacrifice de Daksha, ces modes variés sont ainsi énumérés : "nés de l'oeuf, de la vapeur, par végétation, des pores de la peau et à la fin seulement, de la matrice" 21.

21 Doctrine Secrète, vol. III, p. 225.

Dans le type III, le dernier de la troisième Race, la cinquième sous-race se reproduit encore par des oeufs dans lesquels se développe progressivement, le petit humain, mais peu à peu l'oeuf reste dans l'intérieur de la mère et l'enfant nait, comme à présent, faible et [101] impuissant. Dans la sixième et la septième sous-race, la reproduction sexuelle est devenue universelle. Ce dernier type de la troisième race est mûr pour recevoir les Mânasaputras. La séparation des sexes, dans la quatrième sous-race, du type intermédiaire de la troisième race, peut être fixée à la fin de l'époque secondaire, il y a 18 000 000 d'années ; la troisième Race ayant existé avant cela au moins 18 000 000 d'années ou peut-être même beaucoup plus, car elle commença dans la période jurassique de l'âge secondaire ou mésozoïque ou période des reptiles, comme on l'appelle parfois. Les premières sous-races disparurent rapidement, principalement dans la catastrophe précitée. Les Rois Divins, comme on le verra, vinrent sur la terre avant la séparation des sexes, en revêtant les formes supérieures du type intermédiaire de la troisième Race : on les appela les Androgynes ou les divins Hermaphrodites et ils donnèrent à ces formes une beauté céleste, une stature énorme, des traits et des formes superbes. À leur arrivée et à la séparation des sexes qui suivit, finit le Satya Yuga de la terre 22. [102]
Le premier type naquit sous la planète Vénus, Shûkra, et les hermaphrodites se développèrent sous son influence. La séparation des sexes se fit sous la planète Mars, Lohitanga, personnification de Kâma, la passion. Comme toutes les formes terrestres, l'homme était alors gigantesque, si on le compare à sa stature actuelle ; contemporain du ptérodactyle, du mégalosaure et d'autres animaux énormes, il avait à se défendre contre eux. Les organes de la vue se développèrent dans cette troisième race d'abord l'oeil unique au centre du front, plus tard nommé "troisième oeil", ensuite les deux yeux. Mais ceux-ci servaient peu aux hommes de la troisième race, avant la septième sous-race et ce n'est que dans la quatrième race (le troisième oeil ayant rétrogradé dans le cerveau pour devenir la glande pinéale) que les deux yeux devinrent les organes normaux de la vue.

22 Période cyclique, voir Doctrine Secrète, III, pp. 84-85.

Cette troisième race était d'une couleur rouge, aux teintes très variées. Les Androgynes divins étaient d'un brillant ton d'or rouge, d'un éclat et d'une splendeur indescriptibles et grandement rehaussé par les éclairs de l'oeil unique semblable à une escarboucle dans [103] son étincelante monture. C'est un contraste pénible de considérer ensuite les formes gauches et malvenues, d'un rouge terreux, des premiers hommes et femmes après la séparation des sexes : de taille gigantesque, avec une carrure en rapport, ils donnaient l'impression d'une force extraordinaire, dépassant d'aussi loin celle des hommes de notre temps, que la force des Anoplatherides et des Paléotherides qui les entouraient dépasse celle des boeufs, des cerfs, des porcs, des chevaux, des tapirs et des rhinocéros qui en descendent. La tête au front fuyant, l'oeil d'un éclat rouge sombre, au-dessus d'un nez épaté, les lourdes mâchoires proéminentes offrent un ensemble répugnant au gout moderne.
Le souvenir de ce troisième oeil a persisté dans la légende grecque des Cyclopes – nom donné plus tard aux hommes n'ayant qu'un oeil – et d'Ulysse, homme de la quatrième race, qui tua un Cyclope de la troisième, à l'oeil unique et central. Ce troisième oeil, développé sous l'influence de la monade, de l'Esprit dans l'homme, avait un bien plus grand pouvoir visuel que les deux yeux subséquents, ou, pour parler plus exactement, il offrait moins d'obstacles au pouvoir perceptif [104] de la monade. Quand celle-ci se retira devant l'intelligence, la nature physique l'emporta et les deux faibles organes de vision que nous appelons nos yeux se développèrent graduellement ; quoiqu'ils opposassent de plus grands obstacles au pouvoir de perception de la monade, ils donnaient cependant une image plus nette des objets et étaient susceptibles d'une vision de plus en plus claire. Le troisième oeil donnait plutôt l'impression de la matière dans son ensemble que dans ses détails et son occlusion temporaire permit à la vue de devenir plus nette. Ces sauvages apparents, sauvages de forme seulement, étaient pleins d'intuitions et vibraient aisément sous l'impulsion des Rois divins qui les gouvernaient ; ils construisirent sous leur direction des villes puissantes, des temples cyclopéens, si solides que des fragments s'en retrouvent encore et que Shamballah, la ville sainte, la demeure sacrée, reste l'inébranlable témoin de la force qui l'a construite et du génie qui l'a conçue. On s'étendra un peu plus sur cette civilisation dans le chapitre de l'évolution intellectuelle. [105]


Rôle joué par les Pitris Barishads dans l'évolution des Races


Avant de quitter l'évolution physique dans laquelle les Pitris Barishads ont joué un si grand rôle, jetons un coup d'oeil sur la part qu'ils ont prise ensuite à l'évolution des races. Après avoir donné leurs Chhâyas à la première Race, ils quittent la terre et remontent pour un temps au Mahâloka.
"Ayant projeté leurs ombres et fait des hommes d'un seul élément, les Progéniteurs remontent au Mahâloka, d'où ils redescendent périodiquement pour donner naissance à des hommes nouveaux, quand le monde se renouvèle 23."
C'est-à-dire qu'ils descendent à la naissance de chaque nouvelle Race, et s'y incarnent pour en aider le Manou. Ils renaissent comme enfants de quelques-uns des fils nés du Mental de Brahmâ, le Logos Planétaire, fils qu'on appelle les Sept Rishis, et ils reprennent leurs fonctions, élaborant les formes de la [106] troisième Race, et préparent les Androgynes à devenir les tabernacles des Fils de la Sagesse. Après la séparation des sexes, les fils d'Atri, à qui appartient le nom spécifique de Barhishads (appelés aussi dans quelques Pourânas les fils de Marichi), président à l'évolution subséquente de la troisième Race, que la littérature indoue appelle la Race des Dânavas. On peut lire l'histoire de la dégénération morale des Dânavas racontée dans le Mahâbhârata, quand Ahamkara – le principe intellectuel – s'empara d'eux ; on y voit comment le Devi Shrî demeurait avec eux à leurs débuts quand ils étaient pieux et purs et les abandonna quand ils devinrent âpres et égoïstes. Les Pitris furent les Rois divins de ces Lémuriens des derniers temps, sous l'autorité des Androgynes divins, et ils leur enseignèrent les arts et les sciences. C'est pourquoi on les appelle "Pitris des Dânavas" ; ce furent aussi les "Pitris des Daityas" chez les Atlantes, parmi lesquels ils reparurent au début comme Rois divins.
Quand la cinquième Race commence, des membres des quatre grandes classes de Pitris apparaissent pour aider le Manou Vaivasvâta à préparer l'organisation de la première famille [107] de cette race. Les fils de Bhrigu qui ont pour instrument d'activité le corps causal sont les Somapâs, les Kavyas et les Saumyas ; ce sont leurs chhâyas qui fournissent le Sûkshma sharîra typique des Égos les plus avancés qui sont prêts à se réincarner : ils forment la caste des Brâhmanes de ces temps primitifs. Les fils d'Angiras, les Havishmats, dont l'instrument d'activité est le corps mental, donnent leurs chhâyas comme type du Sûkshma Sharîra de la caste des guerriers, les Kshattriyas. Les fils de Pulastya, les Ajapâs dont l'instrument d'activité est le corps astral, donnent leurs chhâyas comme type du Sûkshma sharîra des Vaishyas. Les fils de Vashishta – aussi appelés fils de Daksha – les Sukâlins, dont l'instrument d'activité est le double éthérique, donnent leurs chhâyas comme type pour le Sûkshma Sharîra des Shûdras. Comme chacun de ces types présentait une couleur dominante, les quatre castes furent appelées les quatre Varnas ou les quatre couleurs et, à l'oeil du clairvoyant, le Sûkshma Sharîra de chaque caste était aussitôt reconnaissable à sa couleur, due à la densité relative de ses matériaux.

23 Doctrine Secrète, vol. III, p. 113.

Tel est le secret de la difficulté des changements [108] de caste, en dehors de toute qualification morale. Pour changer de caste, il faut que le Sûkshma Sharîra formé par le Karma pour cette incarnation soit refait. Cela ne dépend pas d'un décret législatif ni de la décision d'une assemblée d'hommes. Cependant cela peut se faire, cela s'est fait dans le passé et se refera dans le présent, mais seulement avec l'aide des Pitris. C'est cette aide que Vishvâmitra sollicitait par des prières et des méditations ; il obtint ainsi que les Pitris lui donnassent un nouveau chhâya, un chhâya de brahmane. Il n'est donc pas vrai qu'il soit impossible de changer de caste, et les Indous ne le penseraient pas, s'ils croyaient vraiment à leurs livres saints. Mais c'est difficile, très difficile et, je le répète, cela ne peut se faire qu'avec l'aide des Pitris et non des hommes. Telle est la vérité entre les deux opinions extrêmes, celle qui dit que la caste est dans la naissance et celle qui dit que la caste est dans le mérite. Ni l'une ni l'autre ne sont la vérité tout entière : la naissance pourtant y est pour beaucoup, parce que le corps physique et le Sûkshma Sharira sont bâtis sur le même modèle et parce que l'Égo, qui arrive avec un type déterminé de Sûkshma [109] Sharira, reçoit un corps physique autant que possible du même type.
Nous avons ainsi esquissé la généalogie spirituelle et la généalogie physique. Nous allons maintenant parler du lien qui les unit, de la filiation intellectuelle de l'homme.

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