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LES ENSEIGNEMENTS DES MAITRES DE LA HIERARCHIE

LES BASES DU MONDE NOUVEAU Une compilation de textes d'Annie BESANT - 1944

LES BASES DU MONDE NOUVEAU 10 — LES RELATIONS INTERNATIONALES

LES BASES DU MONDE NOUVEAU

 

10 — LES RELATIONS INTERNATIONALES


10. L'effondrement de la Société des Nations et le mépris des traités tel qu'on l'a vu se manifester en 1939, donnent à penser que le monde a fait peu de progrès sur le chemin de la Fraternité. La Société des Nations expérimentale créée à Dumbarton Oaks (octobre 1944) a-t-elle des chances de réussir mieux que la précédente ?


LA SOCIÉTÉ DES NATIONS


Il ne faut pas railler l'idéal d'une Société des Nations, bien que celle-ci ne puisse, aujourd'hui, représenter que certaines classes et les gouvernements. Il ne faut en retenir que l'idéal qui l'inspire et travailler pour cet idéal afin qu'il devienne ce qu'il doit être, car c'est en lui que reposent les promesses de l'avenir et la possibilité d'éliminer la guerre (31).
Nous pouvons donner des forces à cette Société des Nations dont certains se moquent, je le sais. Elle a, en effet, de nombreuses faiblesses, mais ce sont les nations elles-mêmes qui en sont la cause, et non l'idéal en lui-même. L'idéal est juste ; le grand homme qui a donné naissance à cette idée, au milieu du brouillard de la guerre a été le prophète du jour à venir, où – de même que l'on a agi envers les anciens barons allemands [110] voués au brigandage qui assaillaient sur la route les caravanes de marchands et s'opposaient ensuite par la force à ce que justice soit faite –, les nations comprendront que la loi et la justice sont internationales et pas seulement nationales. Aussi longtemps que nous les considèrerons comme des affaires nationales, nous ressemblerons à ces villageois simplistes qui pensaient expier le meurtre d'un habitant du Village voisin en gardant dans leur temple une lampe allumée (21) !
On peut dire que, jusqu'à présent, la moralité internationale est inexistante. Il n'est pas de code moral reconnu par les nations dans leurs rapports mutuels. Les forts maltraitent les faibles, les pillent, les annexent, selon leur bon plaisir. Les nations n'interviennent pas lorsqu'une d'entre elles, puissante, en écrase une autre plus faible et lui impose sa volonté. Et ce que l'une fait aujourd'hui, une autre le fera demain. La "sécurité nationale", le besoin d'expansion et autres formules semblables couvrent des agressions injustifiables et des injustices sans excuses. Aucun pays n'a les mains propres.
… Toutes les nations ont déchiré des traités lorsque cela leur convenait. L'attitude de la Grande-Bretagne, se dressant pour défendre la Belgique (en 1914-1918), a donné un nouveau départ à l'internationalisme. Cela permet d'espérer qu'après la guerre les nations les plus civilisées se décideront peut-être à établir une loi internationale dont elles imposeront l'application par les moyens utilisés à l'heure actuelle pour faire respecter les lois ; c'est-à-dire en employant la force contre les criminels qui ne les observeraient pas. Une police internationale au service d'un Tribunal international marquerait un progrès certain en matière de moralité internationale. Nous pouvons espérer que les nations [111] reconnaitront un jour que le principe admis sur leur territoire et qui est qu'un bon citoyen ne peut rester neutre lorsque la force prime le droit, est également valable dans leurs rapports mutuels. Mais sans aller plus loin, le simple fait d'admettre qu'un traité doit être respecté constituera déjà un progrès tant que les nations ne se montreront pas spontanément prêtes à aider un pays faible alors même qu'elles ne se seront pas engagées à le protéger. Le simple fait de soutenir la parole donnée serait un progrès sur l'immoralité actuelle, un pas hors de l'état barbare de l'éthique internationale, en admettant qu'une telle éthique ne soit pas entièrement absente (51).


GUERRE OU ASSASSINAT


… Les torts qu'un homme peut causer à un autre homme sont, sous de nombreuses formes, interdits sur le territoire d'un pays parce qu'ils affaiblissent la vie nationale. Mais toutes ces lois morales cessent d'exister et disparaissent dès qu'elles dépassent les limites des frontières. Le vol cesse d'être du vol lorsqu'il s'agit d'une nation qui s'approprie le territoire d'un pays plus faible et qui l'assujettit. L'assassinat cesse d'être assassinat lorsqu'il revêt la forme de la guerre, fait des veuves et des orphelins par dizaines de milliers au lieu de ne toucher que des individus isolés, et répand la misère universelle. Dans ce cas, cela ne s'appelle plus assassinat, cela s'appelle gloire (27).
N'est-il pas évident que l'assassinat ne peut devenir juste et glorieux lorsqu'il est multiplié à des milliers et à des millions ? Il est certain que ce que nous appelons assassinat et vol, lorsque ces actes sont commis à l'intérieur de notre pays, et guerre et annexion [112] lorsqu'ils sont commis envers d'autres peuples, sont des crimes plus grands aux yeux de la Justice divine que l'action démente d'un criminel isolé, poussé par la passion ou la haine à tuer l'un de ses semblables.
Chaque nation a son rôle à jouer dans l'évolution, a son mot à dire au monde, son message à adresser à l'espèce humaine. Tant que ce message n'a pas été entièrement délivré, la nation continue à vivre, à exister, malgré tous les chagrins et les humiliations qui peuvent jalonner son chemin (21).
Car qu'est-ce qu'une nation ? C'est une étincelle du Feu divin, un fragment de la vie divine exhalé sur le monde et qui a rassemblé autour de lui une masse d'individus, hommes, femmes, enfants, dont elle ne fait qu'un. Ses qualités, ses pouvoirs, son type personnel en un mot, dépend du fragment de Vie divine qu'elle incarne, de la Vie qui lui donne sa forme, qui la développe, qui la colore et qui la fait Une. Ce que la Nationalité a de magique, c'est le sentiment d'unité qu'elle donne et son rôle est de servir le monde de la façon la mieux adaptée à son type en tant que nation (55).
On parle beaucoup aujourd'hui d'internationalisme, de cosmopolitisme, etc. Mais nous ne pouvons être vraiment et utilement cosmopolites que lorsque nous aurons appris toutes les leçons que nous enseignent les nations du monde. Ce sont les particularités nationales et raciales qui renseignent les âmes et qui évoluent au fur et à mesure que le temps passe. Nous ne pouvons ni les ignorer, ni nous en passer. Nous devons nous débarrasser de cette notion qu'une sous-race doit nécessairement être supérieure à une autre, du seul fait qu'elle est apparue ultérieurement. [113]


UNE FÉDÉRATION MONDIALE


Le monde n'est pas encore mûr pour grouper toutes les races en une Fédération parfaite. Il y a entre elles de trop grandes différences. Mais la Grande-Bretagne se trouve actuellement et se trouvera dans les années qui vont suivre, devant la possibilité de créer ce qui peut être le modèle de la future Fédération mondiale en utilisant les liens qui ont été ceux de l'Empire et qui deviendront ceux du Commonwealth, mais à condition que puisse être réalisée l'union entre la Grande-Bretagne et l'Inde, entre l'Orient et l'Occident, entre l'Asie et l'Europe. Si l'Inde et la Grande-Bretagne s'associaient, elles pourraient grouper les races anciennes et nouvelles dans un Commonwealth des Nations libres dans lequel ces dernières se soutiendraient mutuellement, seraient liées par l'amitié, le respect et l'entraide, dans lequel elles seraient également libres et jouiraient de statuts égaux. Ce serait là la première agglomération de peuples non dans un Empire créé par la force mais dans un Commonwealth créé par l'entente et la bonne volonté mutuelles (20).
Les empires mondiaux construits par l'épée ont vécu. Ils ont péri par l'épée. L'épée n'est pas un bon outil de construction bien qu'elle puisse servir à rassembler les matériaux de l'édifice. L'Empire mondial qui se dessine actuellement devra être composé de nations libres et se gouvernant elles-mêmes, unies par les liens de l'Amour et basées sur la justice et le respect mutuel (88). [115]

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