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LES ENSEIGNEMENTS DES MAITRES DE LA HIERARCHIE

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CHAPITRE IX — CONSCIENCE ET SOI-CONSCIENCE 1 — LA CONSCIENCE

CHAPITRE IX

CONSCIENCE ET SOI-CONSCIENCE

1

LA CONSCIENCE


Pendant une immense période de temps – pendant toute la fin de l'évolution végétale, l'évolution animale et l'évolution de l'humanité normale, jusqu'à nos jours – l'enveloppe astrale ou enveloppe des désirs est, comme nous l'avons vu, sous la dépendance directe de l'enveloppe physique en ce qui concerne les activités de la conscience. Nous allons chercher maintenant à montrer le développement de la conscience, de la vie qui reconnait la présence d'un monde extérieur. Bien qu'en réalité on puisse dire que le système nerveux est la création de l'astral, il n'en est pas moins vrai qu'il est créé pour permettre à la conscience de l'exprimer sur le plan physique et lui permettre d'agir effectivement pur ce plan. C'est premièrement sur ce plan que la conscience devient la Soi-Conscience.
Lorsque les vibrations du monde extérieur viennent frapper l'enveloppe physique du jeune Soi, le Jivâtmâ ou rayon émané de la Monade, elles donnent tout d'abord naissance dans ce Soi à des tressaillements, à une lueur de conscience intérieure, une sensation – que le Soi [164] n'attribue pas à quelque chose d'extérieur à lui-même, bien qu'ils soient causés par des impacts venus de l'extérieur. C'est un changement qui se produit en dehors de la pellicule, enveloppe immédiate du Soi, emprisonné lui-même dans des gaines de matière dense, et ce changement extérieur donne naissance à un changement intérieur, au sein de cette enveloppe, provoquant ainsi une activité de la conscience – perception d'un changement, d'un état d'être différent. Ceci peut être une attraction exercée par un objet extérieur sur les enveloppes, attraction qui, atteignant l'enveloppe immédiate du Soi, provoque dans celle-ci une légère expansion, laquelle se transmet dans les enveloppes. C'est donc une attraction pour cet objet qui produit cette expansion, et il en résulte un changement de condition qui provoque une sensation, un acte de conscience. Ou bien ceci peut être une répulsion qu'exerce encore un objet extérieur sur les enveloppes et laquelle arrivant jusqu'à l'enveloppe immédiate du Soi, provoque dans celle-ci une légère contraction répondant à un recul des enveloppes qui s'écartent de l'objet répulsif ; cette contraction est encore une fois un changement d'état qui provoque un changement correspondant dans la conscience.
Si nous examinons les conditions auxquelles sont soumises les enveloppes, respectivement dans l'attraction et la répulsion, nous verrons qu'elles diffèrent entièrement d'un cas à l'autre. Lorsque l'impact, émanant d'un objet extérieur, donne naissance, dans ces enveloppes, à des vibrations rythmiques – c'est-à-dire lorsqu'il agit sur les matériaux constituant ces enveloppes de telle façon que ceux-ci se disposent en lignes [165] ondulatoires régulières, des plus denses aux plus subtiles – cette disposition de la matière environnante permet un échange réciproque de vie entre les deux objets qui sont entrés en contact, et l'importance de cet échange dépend de la correspondance plus ou moins parfaite des couches denses et subtiles dans les objets. Cet échange, cette union partielle de deux vies distinctes à travers les enveloppes de matière qui les séparent, constitue le plaisir et cet acheminement des deux vies l'une vers l'autre est l'attraction. Si complexe que puisse être la forme du plaisir, c'est en cela que réside son essence même. C'est la sensation d'une augmentation, d'un accroissement, d'une amplification de la vie. Plus la vie est développée, plus le plaisir est grand dans la réalisation de cette amplification, de cette expansion en une autre Vie, et chacune des vies acquiert ainsi, en s'unissant à l'autre ; cette augmentation. Comme ce sont les vibrations rythmiques et les correspondances des états subtils et denses qui rendent possible cet échange réciproque de vie, on peut dire en vérité que les vibrations harmonieuses sont agréables.
Si, au contraire, l'impact émanant d'un objet extérieur provoque dans les enveloppes une lutte mutuelle entre les vibrations, c'est-à-dire lorsqu'il agit sur les matériaux constituant ces enveloppes de telle manière qu'ils s'arrangent d'une façon irrégulière, qu'ils se meuvent dans des directions opposées, en se heurtant les uns les autres, la vie enfermée dans ces enveloppes se trouve isolée, délaissée ; les rayons qu'elle émet normalement sont arrêtés, interceptés et retournent sur eux-mêmes. Cet arrêt de l'activité normale constitue la douleur qui va en [166] augmentant avec la violence de cette contraction, dont le résultat est la répulsion. Ici encore, plus la vie est évoluée, plus grande est la douleur occasionnée par ce bouleversement violent de son activité normale, et plus grand est le sentiment de désappointement qui l'accompagne. C'est pourquoi les vibrations inharmonieuses sont pénibles. Remarquons ici que cela est vrai pour toutes les enveloppes, bien que l'enveloppe astrale soit plus spécialement affectée à la réception de ce genre de sensation qui, plus tard, prendront le nom de sensations agréables et de sensations désagréables. Il arrive souvent qu'au cours de l'évolution une fonction vitale se trouve ainsi spécialisée, et normalement un organe particulier lui permet de se manifester. Comme le corps astral est le véhicule des désirs, l'utilité de sa susceptibilité à ressentir le plaisir et la douleur devient évidente.
Mais après ce bref examen de l'état des enveloppes, revenons au germe de la conscience lui-même. Il faut remarquer ici qu'il n'y a dans tout ceci aucune perception d'un objet extérieur, aucune perception dans le genre de celle qu'implique ordinairement ce mot. Jusqu'ici la conscience n'a aucune notion encore d'un extérieur et d'un intérieur, d'un objet ou d'un sujet ; le germe divin est en train de devenir conscient. Il n'acquiert la conscience que grâce à ces CHANGEMENTS de condition dans les enveloppes, à ce mouvement qui se produit en elles : cette expansion et cette contraction, car la conscience n'existe que dans et par ces changements. C'est donc alors que la conscience apparait, naissant du changement, du mouvement ; c'est à l'endroit et au moment où ce changement se produit en [167] premier lieu que la conscience nait dans le germe divin, distinct de l'extérieur.
Le simple enveloppement du germe divin dans des gaines successives de matière, en descendant de plan en plan, donne naissance à ses premiers vagues changements de condition et ces changements donnent naissance à la conscience. Personne ne saurait dire combien d'âges se sont écoulés pendant que ces changements s'accentuaient sous l'action des impacts incessants de l'extérieur et des tressaillements responsifs non moins incessants à l'intérieur. Tout ce qu'on peut dire de la conscience à ce degré évolutif, c'est qu'elle est dans un état de sensation ; cette sensation devient graduellement de plus en plus définie et se montre sous deux aspects distincts : le plaisir et la douleur – le plaisir, avec l'expansion, et la douleur avec la contraction. Il faut remarquer que cet état primordial de la conscience ne manifeste pas les trois aspects familiers –Volonté, Sagesse, Activité – même à l'état de germination le plus avancé. La sensation précède la manifestation de ces aspects et appartient à la conscience dans sa totalité, bien qu'aux degrés antérieurs de l'évolution elle semble si souvent alliée à l'aspect Volonté-Désir qu'on est porté à les identifier ; elle appartient en effet à cet aspect qui est le premier à paraitre en tant que différenciation dans la conscience. À mesure que ces états de plaisir et de douleur deviennent plus définis, ils donnent naissance aux trois aspects ; lorsque le plaisir disparait, il reste dans la conscience une attraction, un souvenir qui devient une tendance confuse à répéter ce plaisir, une vague poursuite après la sensation qui s'évanouit, un [168] mouvement – trop peu défini pour qu'on puisse l'appeler un effort – pour la retenir, la conserver ; de même, lorsque la douleur s'efface, il reste dans la conscience un souvenir qui devient également un vague mouvement de répulsion. Ces états donnent naissance à la mémoire du plaisir passé, de la douleur effacée et provoquent la manifestation de l'aspect Pensée ; le désir de ressentir à nouveau le plaisir, ou d'éviter la douleur, provoque la manifestation embryonnaire de l'aspect Désir, et l'excitation au mouvement donne naissance à la manifestation de l'aspect Activité. De sorte que la conscience, qui tout d'abord ne se montrait que sous l'unique aspect de sensation, présente maintenant trois aspects différents reproduisant, en petit, le processus cosmique par lequel la triple Divinité sort de l'Existence unique. L'axiome hermétique : "En bas comme en haut" se trouve encore une fois confirmé.


2 — LA SOI-CONSCIENCE


Le désir, en voie de germination, recherche en tâtonnant le plaisir, mais ne s'occulte pas de l'objet qui provoque ce plaisir, car la conscience est encore limitée à son propre plan, elle n'est conscience qu'à l'intérieur et ne perçoit que les changements ayant lieu dans ce royaume intérieur. Elle n'a pas encore tourné son attention vers l'extérieur et n'est même pas consciente de l'existence de ce monde extérieur dont, cependant, émanent constamment des impacts qui viennent frapper violemment ses véhicules, particulièrement le véhicule physique, plus à la merci des influences extérieures [169] que de celles qui viennent de l'intérieur. Ces chocs continuels et violents attirent peu à peu l'attention de la conscience ; leur irrégularité, leur apparition imprévue, leur différence complète avec ses mouvements à elle, lents et tâtonnants, leur apparition et leur disparition inexpliquées, sont en opposition complète avec son vague sens de la régularité, de la continuité, de la présence ininterrompue des lentes ondulations provoquées par le flux et le reflux des changements qui ont lieu dans ce qu'elle n'identifie pas encore avec elle ; elle perçoit une DIFFÉRENCE, et cette perception devient peu à peu la sensation d'un quelque chose qui reste, dans ce chaos incessant, la sensation d'un intérieur et d'un extérieur ou plus exactement d'un extérieur et d'un intérieur, puisque ce sont ces impacts continuels du dehors qui font naitre, en elle, cette sensation d'un extérieur et d'un intérieur.
La sensation d'extérieur vient en premier, même si ce n'est que pour une fraction de temps limitée, car ce n'est que lorsque la conscience a reconnu l'existence de l'extérieur qu'elle devient consciente de l'intérieur. Tant qu'il n'y a qu'une seule chose, il est impossible de parler d'un intérieur, car tout est compris dans cette chose. Mais lorsque l'extérieur s'impose à la conscience, son opposé inévitable, l'intérieur apparait aussitôt. Cette sensation d'un extérieur apparait nécessairement aux points de contact entre la conscience continue et ce monde changeant chaotique extérieur ; et ceci a lieu dans le véhicule physique, dans le corps physique. C'est dans ce corps que s'élabore peu à peu la perception d'autrui et avec cette perception d'autrui apparait aussi le sentiment du Je opposé [170] à autrui. Ce Je devient conscient des objets extérieurs, au lieu d'être simplement conscient des changements ; puis il arrive peu à peu reconnaitre que ces changements sont en lui-même et que les objets, eux, sont en dehors de lui. C'est la naissance de la SOI-CONSCIENCE.
Ce processus amenant la perception des objets extérieurs est très complexe. Il faut se rappeler que les objets extérieurs entrent en contact avec le corps de différentes manières et le corps reçoit un certain nombre de leurs vibrations par l'intermédiaire des parties affectées à cet usage. Les yeux, les oreilles, l'épiderme, la langue, le nez, reçoivent des ondes vibratoires variées, et certaines cellules des organes influencés vibrent en sympathie avec elles. Les vibrations ainsi engendrées sont transmises aux centres sensoriels du cerveau, et de là passent aux centres de la connaissance dans l'enveloppe astrale ; là, prennent place, ainsi que nous l'avons expliqué au chapitre II des changements correspondant à ces ondes vibratoires. Ces ondes, sous forme de "changements" sont transmises comme sensations de couleur, de contour, de son, de forme, de gout, d'odeur, etc… – toujours comme sensations distinctes – à la conscience agissant dans l'enveloppe mentale, et là sont combinées en une image unique, unifiées en une seule perception. Cette fusion de courants variés en un courant unique, cette synthèse des sensations différentes, est une fonction de l'intelligence. C'est pourquoi la psychologie indoue donne souvent à l'intelligence le nom de sixième sens 56, le sens, dont [171] l'intelligence est le sixième. Si maintenant nous considérons les cinq organes de l'action lorsqu'ils servent d'instruments à l'intelligence, nous trouvons que ce processus est renversé. L'intelligence forme une image d'un acte quelconque dans son ensemble, et donne naissance à un groupe de vibrations correspondantes dans l'enveloppe mentale ; ces vibrations sont reproduites dans les sens moteurs dans l'enveloppe astrale ; elles brisent cette enveloppe, la séparent en ses différentes parties constituantes et donnent ainsi naissance à des vibrations dans la matière des centres moteurs ; ces vibrations, à leur tour, se répètent dans les centres moteurs du cerveau sous forme d'ondes séparées ; les centres moteurs distribuent ces vibrations par l'intermédiaire du système nerveux dans tous les organes qui doivent coopérer à la manifestation de l'acte. Au point de vue de cette double relation, l'intelligence devient le onzième sens, les dix sens, plus un 57.

56 Bhagavad Gitâ, XV, 7.

57 Bhagavad Gîta, XIII, 5.


3 — LE RÉEL ET L'IRRÉEL


Avec cette transformation de la conscience en soi-conscience apparait la perception d'une différence qui, plus tard, lorsque la soi-conscience aura évolué, devient la distinction entre le réel – dans le sens qu'on lui donne ordinairement en Occident – et le subjectif, ou irréel, ce qui est imaginaire. Ainsi, pour la méduse, pour l'anémone de mer et pour l'hydre, les vagues et les courants marins, la lumière du [172] soleil, l'ouragan, la nourriture, le sable, etc., toutes choses avec lesquelles elles entrent en contact, par l'intermédiaire de leurs tentacules – rien n'est réel, tout est enregistré comme de simples changements dans la conscience – il en est de, même chez les enfants en bas âge. J'ai dit : enregistré et non perçu, car à ce degré inférieur de l'évolution, toute observation intelligente, toute analyse, tout jugement est impossible ; ces créatures ne sont pas encore suffisamment conscientes d'autrui pour être conscientes d'elles-mêmes. Quant à ces changements, elles se rendent simplement compte qu'ils se produisent au-dedans du cercle de leur propre conscience mal définie. Le monde extérieur nait à la réalité à mesure que la conscience, se séparant de lui, réalise la séparation, et d'un vague Je suis passe à un Je suis bien défini.
À mesure que ce Je soi-conscient s'identifie de plus en plus avec lui-même, perçoit de plus en plus clairement son état de séparation et apprend à faire une distinction entre les changements qui se produisent en lui-même et les impacts qui lui viennent de l'extérieur ; il arrive, peu à peu, au moment où il percevra qu'il y a une relation entre ces changements, en lui-même, et les impacts du dehors. Le désir du plaisir se développera alors en un désir bien défini pour les objets qui procurent ce plaisir, et ce désir sera accompagné de réflexions sur la manière d'entrer en possession de ces objets ; ceci le mènera à des efforts pour poursuivre ces objets lorsqu'ils passent à sa portée, et pour les chercher lorsqu'ils sont absents ; ceci provoque la lente évolution du véhicule extérieur en un corps parfaitement organisé pour le [173] mouvement, la poursuite, la capture. Ce désir pour les choses absentes, la recherche suivie de succès ou d'insuccès, tout cela imprime dans la conscience qui évolue, le sentiment d'une différence entre les désirs et les pensées dont elle est ou peut être toujours consciente, et les objets extérieurs qui vont et viennent sans faire le moins du monde attention à elle et professent un mépris déconcertant pour ses sentiments intimes. Elle distingue les objets comme étant réels, comme ayant une existence qu'elle ne peut contrôler et qui l'affecte, sans aucun égard pour ses préférences ou pour les objections qu'elle pourrait faire. Ce sentiment de la réalité prend naissance sur le plan physique d'abord, car c'est sur ce plan que la conscience perçoit en premier les contacts entre autrui et le moi. C'est dans le corps physique que la soi-conscience commence son évolution, et son centre initial est dans le cerveau physique.
L'homme ordinaire, au stade actuel de l'évolution, s'identifie encore lui-même avec ce centre de soi-conscience dans le cerveau ; c'est pourquoi il est limité à la seule conscience de veille, la conscience qui agit dans le système cérébrospinal, et c'est pourquoi il ne se reconnait lui-même comme "Je" d'une façon nette et continue que sur le plan physique, c'est-à-dire à l'état de veille. Sur ce plan il est définitivement soi-conscient, et fait sans hésitation une distinction précise entre lui-même et le monde extérieur ; entre ses pensées et les apparences qui les entourent : voilà pourquoi c'est sur le plan physique et sur celui-là seul, que les choses sont pour lui réelles, objectives, en-dehors de lui-même. [174]
Sur les autres plans, le plan astral ou le plan mental, il est conscient, mais pas encore soi conscient ; il reconnait la présence des changements en lui-même, mais il ne fait pas encore de distinction entre les changements qu'il provoque lui-même et ceux qui prennent naissance sous l'influence des impacts de l'extérieur qui viennent frapper ses enveloppes astrale et mentale. Pour lui, tous ces changements se produisent également en lui-même. C'est pourquoi, pour la majorité des hommes ordinaires, tous les phénomènes de conscience sur les plans hyperphysiques – plans sur lesquels la soi-conscience n'est pas encore définitivement établie – sont irréels, subjectifs, en-dedans d'eux-mêmes ; c'est ce que penserait la méduse de tous les phénomènes du plan physique, si elle était philosophe.
L'homme ordinaire considère les phénomènes des plans astral et mental comme le résultat de son imagination, c'est à-dire comme des formes de sa propre création, et non comme le résultat d'impacts qui viennent frapper ses véhicules astral et mental – impacts provenant de mondes intérieurs, plus subtils, en vérités mais aussi réels que le monde extérieur physique. C'est-à-dire qu'il n'est pas encore suffisamment développé pour se sentir consciemment sur ces plans, et par conséquent pour être capable d'y objectiver des mondes qui lui sont extérieurs. Il ne se rend compte que des changements qui se produisent en lui-même, des changements produits dans sa conscience et pour lui, le monde extérieur n'est que la réalisation de ses désirs et de ses pensées. Sur les plans astral et mental il est, par le fait, un enfant nouveau-né.

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