HELENA ROERICH UNION Voici un site dédié aux enseignements des Maitres de la HIERARCHIE Vous trouverez une multitude d'auteurs inspirés par la hiérarchie pour le bien de l’humanité. La Hiérarchie est le résultat de l'activité et de l'aspiration humaine. Elle a été créée par l'humanité. Ses membres sont des êtres humains qui ont vécu, souffert, réussi, échoué, atteint le succès, subi la mort et passé par l'expérience de la résurrection. Ils sont de la même nature que ceux qui luttent aujourd'hui avec les processus de désintégration, mais qui – néanmoins – portent en leur sein la semence de la résurrection. Ils connaissent tous les états de conscience et les ont tous maîtrisés. Ils les ont maîtrisés en tant qu'hommes, ce qui garantit à l'humanité la même réussite ultime. Nous avons tendance à considérer les membres de la Hiérarchie comme radicalement différents de l'humanité, en oubliant que la Hiérarchie est une communauté d'hommes ayant réussi, qui, antérieurement se sont soumis aux feux purificateurs de la vie quotidienne, et ont fait leur propre salut en tant qu'hommes et femmes plongés dans les choses de ce monde, en tant qu'hommes d'affaires, maris, femmes, fermiers, gouvernants, et qu'ils connaissent donc la vie dans toutes ses phases, et tous ses degrés. Ils ont surmonté les expériences de la vie ; leur grand Maître est le Christ ; ils sont passés par les initiations de la nouvelle naissance, du baptême de la transfiguration, de la crucifixion et de la résurrection. Mais ce sont toujours des hommes, et Ils ne diffèrent du Christ que par le fait que lui, le premier de notre humanité à atteindre la divinité, l'Aîné d'une grande famille de frères (comme l'a exprimé l'apôtre Paul), le Maître des Maîtres et l'Instructeur des anges et des hommes, fut jugé si pur, tellement saint et éclairé, qu'on lui permit d'incarner, à notre intention, le grand principe cosmique d'amour ; Il nous a donc révélé, pour la première fois, la nature du cœur de Dieu. Ces hommes parfaits existent donc ; ils sont plus que des hommes car l'esprit divin en eux enregistre tous les stades de la conscience – subhumaine, humaine et suprahumaine. Ce développement inclusif leur permet de travailler avec les hommes, d'entrer en contact avec l'humanité lorsque c'est nécessaire, et de savoir comment guider son progrès jusqu'aux phases de résurrection. http://hierarchie.eu/helena-roerich/10-accueil 2024-04-28T02:25:21+00:00 UNION bon.christo@free.fr Joomla! - Open Source Content Management LES ENSEIGNEMENTS DU MAITRE DJWAL KHUL 2013-04-19T14:40:25+00:00 2013-04-19T14:40:25+00:00 http://hierarchie.eu/helena-roerich/10-accueil/76-les-enseignements-du-tibetain Super User bon.christo@free.fr <p align="center"><span style="font-size: xx-large;"><strong>LES ENSEIGNEMENTS DU TIBETAIN </strong></span></p> <p align="center"><span style="font-size: large;"> <img src="http://hierarchie.eu/images/DK 85.jpg" border="0" alt="" width="156" height="240" /></span></p> <p align="center"><span style="font-size: large;">Un Site dédié aux Enseignements du Maître Djwal Khul</span></p> <p align="center">Vous trouverez quelques éléments sur sa vie ainsi que la majorité de ces enseignements à travers Alice BAILEY et une compilation d’auteur.</p> <p align="center"><a href="http://www.le-tibetain.com/component/users/?view=registration"><span style="font-size: medium;"><strong>Pour avoir la totalité des articles et pour télécharger les ouvrages inscrivez vous cela est gratuit.</strong></span></a></p> <p align="center"> Vous avez pour l’instant différents ouvrages d’Alice Bailey  en lignes ou vous pouvez choisir directement des chapitres de ses différents ouvrages, vous pouvez filtrer votre demande grâce à l’outil de recherche ou avec le filtre en haut du tableau à gauche.</p> <p align="center"> <a href="http://www.le-tibetain.com/education-dans-un-nouvel-age-alice-bailey">EDUCATION DANS UN NOUVEL AGE (ALICE BAILEY)</a></p> <p align="center"><a href="http://www.le-tibetain.com/les-sept-rayons-et-la-vie-alice-bailey">LES SEPT RAYONS ET LA VIE (COMPILATION DE DISCIPLE )</a></p> <p align="center"><a href="http://www.le-tibetain.com/traite-les-sept-rayons-psychologie-esotherique-v1">TRAITE LES SEPT RAYONS Psychologie Esotérique V1  ( ALICE BAILEY)</a></p> <p align="center"><a href="http://www.le-tibetain.com/traite-les-sept-rayons-psychologie-esoterique-v2">TRAITE LES SEPT RAYONS Psychologie Esotérique V2  ( ALICE BAILEY)</a></p> <p align="center"><a href="http://www.le-tibetain.com/traite-les-sept-rayons-astrologie-esoterique-v3">TRAITE LES SEPT RAYONS Astrologie Esotérique V3  ( ALICE BAILEY)</a></p> <p align="center"><a href="http://www.le-tibetain.com/traite-les-sept-rayons-guerison-esoterique-4">TRAITE LES SEPT RAYONS Guérison Esotérique V4  ( ALICE BAILEY)</a></p> <p align="center"><a href="http://www.le-tibetain.com/traite-les-sept-rayons-rayons-et-initiations-v5">TRAITE LES SEPT RAYONS Rayons et Initiations V5  ( ALICE BAILEY)</a></p> <p class="item-1200112" style="text-align: center;"><a href="http://www.le-tibetain.com/l-etat-de-disciple-dans-le-nouvel-age">L'ETAT DE DISCIPLE DANS LE NOUVEL AGE  ( ALICE BAILEY)</a></p> <p class="item-1200113 current active" style="text-align: center;"><a href="http://www.le-tibetain.com/8-le-retour-du-christ">LE RETOUR DU CHRIST ( ALICE BAILEY)</a></p> <p class="item-1200113 current active" style="text-align: center;"><a href="http://www.le-tibetain.com/exteriorisation-de-la-hierarchie-alice-bailey">EXTERIORISATION DE LA HIERARCHIE ( ALICE BAILEY)</a></p> <p class="item-1200113 current active" style="text-align: center;"><a href="http://www.le-tibetain.com/11-la-telepathie-et-le-corps-etherique">LA TELEPATHIE ET LE CORPS ETHERIQUE </a><a href="http://hierarchie.eu/HIERARCHIE/DK/exteriorisation-de-la-hierarchie-alice-bailey">( ALICE BAILEY)</a></p> <p> </p> <p class="item-1200113 current active" style="text-align: center;"> </p> <p class="item-1200113 current active" style="text-align: center;"> </p> <p align="center"><span style="font-size: xx-large;"><strong>LES ENSEIGNEMENTS DU TIBETAIN </strong></span></p> <p align="center"><span style="font-size: large;"> <img src="http://hierarchie.eu/images/DK 85.jpg" border="0" alt="" width="156" height="240" /></span></p> <p align="center"><span style="font-size: large;">Un Site dédié aux Enseignements du Maître Djwal Khul</span></p> <p align="center">Vous trouverez quelques éléments sur sa vie ainsi que la majorité de ces enseignements à travers Alice BAILEY et une compilation d’auteur.</p> <p align="center"><a href="http://www.le-tibetain.com/component/users/?view=registration"><span style="font-size: medium;"><strong>Pour avoir la totalité des articles et pour télécharger les ouvrages inscrivez vous cela est gratuit.</strong></span></a></p> <p align="center"> Vous avez pour l’instant différents ouvrages d’Alice Bailey  en lignes ou vous pouvez choisir directement des chapitres de ses différents ouvrages, vous pouvez filtrer votre demande grâce à l’outil de recherche ou avec le filtre en haut du tableau à gauche.</p> <p align="center"> <a href="http://www.le-tibetain.com/education-dans-un-nouvel-age-alice-bailey">EDUCATION DANS UN NOUVEL AGE (ALICE BAILEY)</a></p> <p align="center"><a href="http://www.le-tibetain.com/les-sept-rayons-et-la-vie-alice-bailey">LES SEPT RAYONS ET LA VIE (COMPILATION DE DISCIPLE )</a></p> <p align="center"><a href="http://www.le-tibetain.com/traite-les-sept-rayons-psychologie-esotherique-v1">TRAITE LES SEPT RAYONS Psychologie Esotérique V1  ( ALICE BAILEY)</a></p> <p align="center"><a href="http://www.le-tibetain.com/traite-les-sept-rayons-psychologie-esoterique-v2">TRAITE LES SEPT RAYONS Psychologie Esotérique V2  ( ALICE BAILEY)</a></p> <p align="center"><a href="http://www.le-tibetain.com/traite-les-sept-rayons-astrologie-esoterique-v3">TRAITE LES SEPT RAYONS Astrologie Esotérique V3  ( ALICE BAILEY)</a></p> <p align="center"><a href="http://www.le-tibetain.com/traite-les-sept-rayons-guerison-esoterique-4">TRAITE LES SEPT RAYONS Guérison Esotérique V4  ( ALICE BAILEY)</a></p> <p align="center"><a href="http://www.le-tibetain.com/traite-les-sept-rayons-rayons-et-initiations-v5">TRAITE LES SEPT RAYONS Rayons et Initiations V5  ( ALICE BAILEY)</a></p> <p class="item-1200112" style="text-align: center;"><a href="http://www.le-tibetain.com/l-etat-de-disciple-dans-le-nouvel-age">L'ETAT DE DISCIPLE DANS LE NOUVEL AGE  ( ALICE BAILEY)</a></p> <p class="item-1200113 current active" style="text-align: center;"><a href="http://www.le-tibetain.com/8-le-retour-du-christ">LE RETOUR DU CHRIST ( ALICE BAILEY)</a></p> <p class="item-1200113 current active" style="text-align: center;"><a href="http://www.le-tibetain.com/exteriorisation-de-la-hierarchie-alice-bailey">EXTERIORISATION DE LA HIERARCHIE ( ALICE BAILEY)</a></p> <p class="item-1200113 current active" style="text-align: center;"><a href="http://www.le-tibetain.com/11-la-telepathie-et-le-corps-etherique">LA TELEPATHIE ET LE CORPS ETHERIQUE </a><a href="http://hierarchie.eu/HIERARCHIE/DK/exteriorisation-de-la-hierarchie-alice-bailey">( ALICE BAILEY)</a></p> <p> </p> <p class="item-1200113 current active" style="text-align: center;"> </p> <p class="item-1200113 current active" style="text-align: center;"> </p> UNION 2013-04-26T13:20:45+00:00 2013-04-26T13:20:45+00:00 http://hierarchie.eu/helena-roerich/10-accueil/120-union Super User bon.christo@free.fr <p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: xx-large;">UNION</span></strong></p> <h2 style="text-align: center;"><span style="font-size: large;"><strong>Voici un site dédié aux enseignements</strong></span></h2> <h2 style="text-align: center;"><span style="font-size: large;"><strong>des Maitres de la HIERARCHIE</strong></span></h2> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt;"><strong>Vous trouverez une multitude d'auteurs inspirés par la hiérarchie pour le bien de l’humanité.</strong></span></p> <p style="text-align: center;">La Hiérarchie est le résultat de l'activité et de l'aspiration humaines. Elle a été créée par l'humanité. Ses membres sont des êtres humains qui ont vécu, souffert, réussi, échoué, atteint le succès, subi la mort et passé par l'expérience de la résurrection. Ils sont de la même nature que ceux qui luttent aujourd'hui avec les processus de désintégration, mais qui – néanmoins – portent en leur sein la semence de la résurrection. Ils connaissent tous les états de conscience et les ont tous maîtrisés. Ils les ont maîtrisés en tant qu'hommes, ce qui garantit à l'humanité la même réussite ultime. Nous avons tendance à considérer les membres de la Hiérarchie comme radicalement différents de l'humanité, en oubliant que la Hiérarchie est une communauté d'hommes ayant réussi, qui, antérieurement se sont soumis aux feux purificateurs de la vie quotidienne, et ont fait leur propre salut en tant qu'hommes et femmes plongés dans les choses de ce monde, en tant qu'hommes d'affaires, maris, femmes, fermiers, gouvernants, et qu'ils connaissent donc la vie dans toutes ses phases, et tous ses degrés. Ils ont surmonté les expériences de la vie ; leur grand Maître est le Christ ; ils sont passés par les initiations de la nouvelle naissance, du baptême de la transfiguration, de la crucifixion et de la résurrection. Mais ce sont toujours des hommes, et Ils ne diffèrent du Christ que par le fait que lui, le premier de notre humanité à atteindre la divinité, l'Aîné d'une grande famille de frères (comme l'a exprimé l'apôtre Paul), le Maître des Maîtres et l'Instructeur des anges et des hommes, fut jugé si pur, tellement saint et éclairé, qu'on lui permit d'incarner, à notre intention, le grand principe cosmique d'amour ; Il nous a donc révélé, pour la première fois, la nature du coeur de Dieu. <br />Ces hommes parfaits existent donc ; ils sont plus que des hommes car l'esprit divin en eux enregistre tous les stades de la conscience – subhumaine, humaine et suprahumaine. Ce développement inclusif leur permet de travailler avec les hommes, d'entrer en contact avec l'humanité lorsque c'est nécessaire, et de savoir comment guider son progrès jusqu'aux phases de résurrection.</p> <p style="text-align: center;"><strong>EXTERIORISATION DE LA HIERARCHIE ( ALICE BAILEY)</strong></p> <p style="text-align: center;"><strong>Maître Djwal Khul (LE TIBETAIN)</strong></p> <p style="text-align: left;" align="center"><span style="color: #f7f7f2; font-size: xx-small;"><strong>ONDA REFORMA CREA UNIRA</strong></span></p> <p style="text-align: left;" align="center"><span style="color: #f7f7f2; font-size: xx-small;"><strong>ONDA REFORMA CREA UNIRA</strong></span></p> <p style="text-align: left;" align="center"><span style="color: #f7f7f2; font-size: xx-small;"><strong>ONDA REFORMA CREA UNIRA</strong></span></p> <p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: xx-large;">UNION</span></strong></p> <h2 style="text-align: center;"><span style="font-size: large;"><strong>Voici un site dédié aux enseignements</strong></span></h2> <h2 style="text-align: center;"><span style="font-size: large;"><strong>des Maitres de la HIERARCHIE</strong></span></h2> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: 14pt;"><strong>Vous trouverez une multitude d'auteurs inspirés par la hiérarchie pour le bien de l’humanité.</strong></span></p> <p style="text-align: center;">La Hiérarchie est le résultat de l'activité et de l'aspiration humaines. Elle a été créée par l'humanité. Ses membres sont des êtres humains qui ont vécu, souffert, réussi, échoué, atteint le succès, subi la mort et passé par l'expérience de la résurrection. Ils sont de la même nature que ceux qui luttent aujourd'hui avec les processus de désintégration, mais qui – néanmoins – portent en leur sein la semence de la résurrection. Ils connaissent tous les états de conscience et les ont tous maîtrisés. Ils les ont maîtrisés en tant qu'hommes, ce qui garantit à l'humanité la même réussite ultime. Nous avons tendance à considérer les membres de la Hiérarchie comme radicalement différents de l'humanité, en oubliant que la Hiérarchie est une communauté d'hommes ayant réussi, qui, antérieurement se sont soumis aux feux purificateurs de la vie quotidienne, et ont fait leur propre salut en tant qu'hommes et femmes plongés dans les choses de ce monde, en tant qu'hommes d'affaires, maris, femmes, fermiers, gouvernants, et qu'ils connaissent donc la vie dans toutes ses phases, et tous ses degrés. Ils ont surmonté les expériences de la vie ; leur grand Maître est le Christ ; ils sont passés par les initiations de la nouvelle naissance, du baptême de la transfiguration, de la crucifixion et de la résurrection. Mais ce sont toujours des hommes, et Ils ne diffèrent du Christ que par le fait que lui, le premier de notre humanité à atteindre la divinité, l'Aîné d'une grande famille de frères (comme l'a exprimé l'apôtre Paul), le Maître des Maîtres et l'Instructeur des anges et des hommes, fut jugé si pur, tellement saint et éclairé, qu'on lui permit d'incarner, à notre intention, le grand principe cosmique d'amour ; Il nous a donc révélé, pour la première fois, la nature du coeur de Dieu. <br />Ces hommes parfaits existent donc ; ils sont plus que des hommes car l'esprit divin en eux enregistre tous les stades de la conscience – subhumaine, humaine et suprahumaine. Ce développement inclusif leur permet de travailler avec les hommes, d'entrer en contact avec l'humanité lorsque c'est nécessaire, et de savoir comment guider son progrès jusqu'aux phases de résurrection.</p> <p style="text-align: center;"><strong>EXTERIORISATION DE LA HIERARCHIE ( ALICE BAILEY)</strong></p> <p style="text-align: center;"><strong>Maître Djwal Khul (LE TIBETAIN)</strong></p> <p style="text-align: left;" align="center"><span style="color: #f7f7f2; font-size: xx-small;"><strong>ONDA REFORMA CREA UNIRA</strong></span></p> <p style="text-align: left;" align="center"><span style="color: #f7f7f2; font-size: xx-small;"><strong>ONDA REFORMA CREA UNIRA</strong></span></p> <p style="text-align: left;" align="center"><span style="color: #f7f7f2; font-size: xx-small;"><strong>ONDA REFORMA CREA UNIRA</strong></span></p> NGSM.EU 2014-02-24T15:07:13+00:00 2014-02-24T15:07:13+00:00 http://hierarchie.eu/helena-roerich/10-accueil/924-ngsm-eu Super User bon.christo@free.fr <p style="text-align: center;"><a href="http://ngsm.eu/" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><strong><span style="font-size: xx-large;">NGSM.EU</span></strong></a></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: medium;"> Un nouveau </span><span style="font-size: medium;">site dédié aux êtres de bonne volonté sur le chemin, afin de les rassembler sous forme de groupes pour  cette nouvelle ère du verseau.</span></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: medium;">Je vous ai sélectionné sur ce nouveau site une multitude d'informations et de liens vers des ouvrages incontournables pour notre évolution et celle de notre planète.</span></p> <p style="text-align: center;"> </p> <p style="text-align: center;"><a href="http://ngsm.eu/" target="_blank" rel="noopener noreferrer"><strong><span style="font-size: xx-large;">NGSM.EU</span></strong></a></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: medium;"> Un nouveau </span><span style="font-size: medium;">site dédié aux êtres de bonne volonté sur le chemin, afin de les rassembler sous forme de groupes pour  cette nouvelle ère du verseau.</span></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: medium;">Je vous ai sélectionné sur ce nouveau site une multitude d'informations et de liens vers des ouvrages incontournables pour notre évolution et celle de notre planète.</span></p> <p style="text-align: center;"> </p> COURS AUDIO A.BAILEY et H.P. BLAVATSKY 2014-12-18T12:49:28+00:00 2014-12-18T12:49:28+00:00 http://hierarchie.eu/helena-roerich/10-accueil/947-dans-votre-region-des-cours-et-des-conferences-sur-alice-bailey-et-h-p-blavatsky Super User bon.christo@free.fr <p style="text-align: center;"><span style="font-size: xx-large;"><strong><strong><strong><strong>COURS AUDIO </strong></strong></strong></strong></span></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: xx-large;"> <strong>A.BAILEY et H.P. BLAVATSKY</strong></span></p> <p style="text-align: center;"> </p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: large;"><strong>Voici les cours de Bernard COULOMBEZ.</strong></span></p> <p style="text-align: center;"> <strong>Après de nombreuses années de travail, il a extrait  les thèmes essentiels des ouvrages d’A.Bailey et H.P Blavatsky regroupé dans plus de 70 dossiers et les explique pour une plus simple compréhension.</strong></p> <p style="text-align: center;"> <strong>Vous avez la possibilité d’écouter la présentation générale. </strong></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: large;"> <a href="http://www.ngsm.eu/cours-a-bailey-et-h-p-blavatsky/825-cours-0-presentation-generale" target="_blank" title="COURS-B.COULOMBEZ"><strong>Cours 0 : Présentation générale</strong></a></span></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><strong>  Pour avoir accès aux autres cours, vous devez vous inscrire dans <span style="font-size: large;">un groupe régional.</span></strong></span></p> <p style="text-align: center;">  <strong>Pour ceux qui le souhaitent, nous voudrions organiser dans le courant de l’année des conférences et des cours dans les différentes régions. </strong></p> <p style="text-align: center;"> <strong> Voici les différents thèmes abordés dans ses cours.</strong></p> <p style="text-align: center;"> - Cours 0 : Présentation générale<br />- Cours 1 : L'Absolu<br />- Cours 2 : Les plans de manifestation<br />- Cours 3 : Les âges d'évolution<br />- Cours 4 : Champs d'évolution<br />- Cours 5 : Le parcours humain<br />- Cours 6 : Les 12 observances<br />- Cours 7 : l'Être du 5è Règne fontaine de vie<br />- Cours 8 : La science de la méditation<br />- Cours 9 : Les prises de consciences liées aux différents plans et leur intégration<br />- Cours 10 : Le corps éthérique<br />- Cours 11 : Le livre de la Destinée<br />- Cours 12 : L'état de disciple dans le nouvel âge<br />- Cours 13 : La dualité sur le chemin du disciple<br />- Cours 14 : Le Nouveau Groupe des Serviteurs du Monde (NGSM)<br />- Cours 15 : L'antahkarana<br />- Cours 16 : La Lumière de l'Âme - les yogas<br />- Cours 17 : Le lotus Égoïque : l'Âme<br />- Cours 18 : Le mirage problème mondial<br />- Cours 19 : Les pétales et les centres éthériques<br />- Cours 20 : Les règles pour amener le contrôle de l'Âme<br />- Cours 21 : Le sexe dans sa dimension supérieure, spirituelle et divine<br />- Cours 22 : L'intégration des qualités divines<br />- Cours 23 : Les sept rayons -suite<br />- Cours 24 : Les sept rayons - fin<br />- Cours 25 : La Lumière de l'Âme et les 12 observances<br />- Cours 26 : Le mirage problème mondial<br />- Cours 27 : Les règles pour l'initiation de groupe : règles 1 et 2<br />- Cours 28 : Les règles pour l'initiation de groupe : règles 1 et 2 suite<br />- Cours 29 : Les règles pour l'initiation de groupe : règles 2 suite, et 3<br />- Cours 30 : Les règles pour l'initiation de groupe : règles 3 suite et 4<br />- Cours 31 : Les règles pour l'initiation de groupe : règles 5 et 6. + la Volonté et les Rayons<br />- Cours 32 : Les règles pour l'initiation de groupe : règles 7 et 8<br />- Cours 33 : Les règles pour l'initiation de groupe : règles 9 et 10<br />- Cours 34 : Les règles pour l'initiation de groupe : règles 11 et 12</p> <p style="text-align: center;"><strong> <span style="font-size: medium;"><strong>Enregistrez vous dans un groupe régionale</strong></span></strong></p> <p style="text-align: center;"> </p> <p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: x-large;"><a href="http://ngsm.eu/component/acctexp/subscribe" target="_blank">INSCRIVEZ VOUS ICI</a></span></strong></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: xx-large;"><strong><strong><strong><strong>COURS AUDIO </strong></strong></strong></strong></span></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: xx-large;"> <strong>A.BAILEY et H.P. BLAVATSKY</strong></span></p> <p style="text-align: center;"> </p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: large;"><strong>Voici les cours de Bernard COULOMBEZ.</strong></span></p> <p style="text-align: center;"> <strong>Après de nombreuses années de travail, il a extrait  les thèmes essentiels des ouvrages d’A.Bailey et H.P Blavatsky regroupé dans plus de 70 dossiers et les explique pour une plus simple compréhension.</strong></p> <p style="text-align: center;"> <strong>Vous avez la possibilité d’écouter la présentation générale. </strong></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: large;"> <a href="http://www.ngsm.eu/cours-a-bailey-et-h-p-blavatsky/825-cours-0-presentation-generale" target="_blank" title="COURS-B.COULOMBEZ"><strong>Cours 0 : Présentation générale</strong></a></span></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><strong>  Pour avoir accès aux autres cours, vous devez vous inscrire dans <span style="font-size: large;">un groupe régional.</span></strong></span></p> <p style="text-align: center;">  <strong>Pour ceux qui le souhaitent, nous voudrions organiser dans le courant de l’année des conférences et des cours dans les différentes régions. </strong></p> <p style="text-align: center;"> <strong> Voici les différents thèmes abordés dans ses cours.</strong></p> <p style="text-align: center;"> - Cours 0 : Présentation générale<br />- Cours 1 : L'Absolu<br />- Cours 2 : Les plans de manifestation<br />- Cours 3 : Les âges d'évolution<br />- Cours 4 : Champs d'évolution<br />- Cours 5 : Le parcours humain<br />- Cours 6 : Les 12 observances<br />- Cours 7 : l'Être du 5è Règne fontaine de vie<br />- Cours 8 : La science de la méditation<br />- Cours 9 : Les prises de consciences liées aux différents plans et leur intégration<br />- Cours 10 : Le corps éthérique<br />- Cours 11 : Le livre de la Destinée<br />- Cours 12 : L'état de disciple dans le nouvel âge<br />- Cours 13 : La dualité sur le chemin du disciple<br />- Cours 14 : Le Nouveau Groupe des Serviteurs du Monde (NGSM)<br />- Cours 15 : L'antahkarana<br />- Cours 16 : La Lumière de l'Âme - les yogas<br />- Cours 17 : Le lotus Égoïque : l'Âme<br />- Cours 18 : Le mirage problème mondial<br />- Cours 19 : Les pétales et les centres éthériques<br />- Cours 20 : Les règles pour amener le contrôle de l'Âme<br />- Cours 21 : Le sexe dans sa dimension supérieure, spirituelle et divine<br />- Cours 22 : L'intégration des qualités divines<br />- Cours 23 : Les sept rayons -suite<br />- Cours 24 : Les sept rayons - fin<br />- Cours 25 : La Lumière de l'Âme et les 12 observances<br />- Cours 26 : Le mirage problème mondial<br />- Cours 27 : Les règles pour l'initiation de groupe : règles 1 et 2<br />- Cours 28 : Les règles pour l'initiation de groupe : règles 1 et 2 suite<br />- Cours 29 : Les règles pour l'initiation de groupe : règles 2 suite, et 3<br />- Cours 30 : Les règles pour l'initiation de groupe : règles 3 suite et 4<br />- Cours 31 : Les règles pour l'initiation de groupe : règles 5 et 6. + la Volonté et les Rayons<br />- Cours 32 : Les règles pour l'initiation de groupe : règles 7 et 8<br />- Cours 33 : Les règles pour l'initiation de groupe : règles 9 et 10<br />- Cours 34 : Les règles pour l'initiation de groupe : règles 11 et 12</p> <p style="text-align: center;"><strong> <span style="font-size: medium;"><strong>Enregistrez vous dans un groupe régionale</strong></span></strong></p> <p style="text-align: center;"> </p> <p style="text-align: center;"><strong><span style="font-size: x-large;"><a href="http://ngsm.eu/component/acctexp/subscribe" target="_blank">INSCRIVEZ VOUS ICI</a></span></strong></p> INVITATIONS 2019 ouvertes aux êtres en recherche spirituelle 2016-02-20T18:35:09+00:00 2016-02-20T18:35:09+00:00 http://hierarchie.eu/helena-roerich/10-accueil/1029-auto-generate-from-title Super User bon.christo@free.fr <div class="grid_14" style="text-align: center;"><span style="font-size: xx-large;"><strong><span style="color: #000000;">INVITATIONS 2019</span></strong></span></div> <div class="grid_14" style="text-align: center;"><span style="font-size: xx-large;"><strong><span style="color: #000000;">ouvertes aux êtres en recherche spirituelle</span></strong></span></div> <div class="grid_14"> </div> <p style="text-align: center;"> <span style="text-align: center;"><a class="fancybox image" href="http://shelvene.com/wp-content/uploads/2015/04/messages-pour-la-terre-Gustave-Moreau-Inspiration-e1431443374971.jpg" target="_blank" rel="gallery noopener noreferrer"><img class="alignleft wp-image-6587" src="http://shelvene.com/wp-content/uploads/2015/04/messages-pour-la-terre-Gustave-Moreau-Inspiration.jpg" alt="messages pour la terre Gustave Moreau - Inspiration" width="164" height="250" border="0" /></a></span></p> <p style="text-align: center;"> <span style="text-align: center; font-size: large;"><strong><span style="color: #ff6600;">Invitations </span></strong><strong><span style="color: #ff6600;">2019<br />ouvertes à tous les êtres en recherche spirituelle</span></strong><br /></span></p> <p style="text-align: center;"> <br /><span style="font-size: large;"><span style="color: #008000;"><strong>12  déc.</strong></span><span id="more-8172"></span></span></p> <div id="page-content"> <div id="content-container" class="container_24"> <div id="main-content" class="grid_16"> <div class="main-content-padding"> <div> <div id="post-8172" class="post-8172 post type-post status-publish format-standard has-post-thumbnail hentry category-come-shelvene"> <div> <div> <div class="entry"> <h3 style="text-align: center;"><strong><span style="color: #ff6600;">*</span></strong></h3> <h3 style="text-align: center;"><strong><span style="color: #ff6600;">EN BRETAGNE, AUX ABORDS DU MONT SAINT MICHEL</span></strong></h3> <p style="text-align: center;"><strong>Nous avons le plaisir de vous convier gracieusement à <span style="color: #ff6600;">des réunions-conférences ouvertes à tous lors des 5 rendez-vous du ciel.</span> Nous proposons des passerelles pour les êtres qui ont acquis une connaissance suffisante ou qui ont déjà progressé par eux-mêmes dans le cadre du Service à la Vie. Ils pourront être placés sur le niveau qui leur conviendra le mieux dans leur évolution, car tout est lié à la capacité de chacun à supporter l’intensité énergétique de chaque cercle.</strong></p> <p style="text-align: center;"><strong><span style="color: #ff6600;">ÉVOLUTION DES ÊTRES</span></strong><br />Nous faisons suite aux travaux d’Alice Bailey. Le groupe est appelé d’une façon générale le nouveau groupe des serviteurs du monde (NGSM) qui constitue l’étoile planétaire (EP). L’étoile planétaire est constituée de tous les êtres du 5ème règne qui rayonnent l’amour. Plus l’être est avancé dans les cercles d’évolution, plus il est un canal au service à la Vie.</p> <p style="text-align: center;"><span style="color: #008000;">Cercle d’accueil :</span> 3 ans d’étude afin <strong>d’engranger une connaissance suffisante à leur évolution spirituelle.</strong> Vous êtes libre d’y assister ou de partir, il n’y a aucune obligation. La compréhension des livres d’Alice Bailey est un des outils qui permet d’évoluer. C’est une base de la connaissance de la Vie.</p> <p style="text-align: center;"><span style="color: #008000;">Cercle médian : </span>On y parvient dès que la 1<sup>ère</sup> année est franchie ou que l’être a progressé par lui-même. C’est un suivi approfondi des livres de la Connaissance, de la Sagesse et de la Vie. C’est une porte qui amène l’être à <strong>servir</strong> <strong>l’Humanité pour le bien de l’ensemble.</strong></p> <p style="text-align: center;"><span style="color: #008000;">Table planétaire :</span> Ensemble des êtres qui ont déjà de l’ancienneté présente ou antérieure et qui se sont avancés en tenant compte de leur réalité de canal. À ce niveau, l’être doit se tenir à une <strong>exigence de pureté et de perfection.<br /></strong><span style="color: #008000;">N’oublions pas que l’évolution est sans fin.</span></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt;"><a href="http://ngsm.eu/accueil-3/1720-invitations-2016-ouvertes-aux-etres-en-recherche-spirituelle" target="_blank" rel="alternate noopener noreferrer"><span style="color: #0000ff;"><strong><span style="text-decoration: underline;">LIRE LA SUITE</span></strong></span></a></span></p> </div> </div> </div> </div> </div> </div> </div> </div> </div> <div class="grid_14" style="text-align: center;"><span style="font-size: xx-large;"><strong><span style="color: #000000;">INVITATIONS 2019</span></strong></span></div> <div class="grid_14" style="text-align: center;"><span style="font-size: xx-large;"><strong><span style="color: #000000;">ouvertes aux êtres en recherche spirituelle</span></strong></span></div> <div class="grid_14"> </div> <p style="text-align: center;"> <span style="text-align: center;"><a class="fancybox image" href="http://shelvene.com/wp-content/uploads/2015/04/messages-pour-la-terre-Gustave-Moreau-Inspiration-e1431443374971.jpg" target="_blank" rel="gallery noopener noreferrer"><img class="alignleft wp-image-6587" src="http://shelvene.com/wp-content/uploads/2015/04/messages-pour-la-terre-Gustave-Moreau-Inspiration.jpg" alt="messages pour la terre Gustave Moreau - Inspiration" width="164" height="250" border="0" /></a></span></p> <p style="text-align: center;"> <span style="text-align: center; font-size: large;"><strong><span style="color: #ff6600;">Invitations </span></strong><strong><span style="color: #ff6600;">2019<br />ouvertes à tous les êtres en recherche spirituelle</span></strong><br /></span></p> <p style="text-align: center;"> <br /><span style="font-size: large;"><span style="color: #008000;"><strong>12  déc.</strong></span><span id="more-8172"></span></span></p> <div id="page-content"> <div id="content-container" class="container_24"> <div id="main-content" class="grid_16"> <div class="main-content-padding"> <div> <div id="post-8172" class="post-8172 post type-post status-publish format-standard has-post-thumbnail hentry category-come-shelvene"> <div> <div> <div class="entry"> <h3 style="text-align: center;"><strong><span style="color: #ff6600;">*</span></strong></h3> <h3 style="text-align: center;"><strong><span style="color: #ff6600;">EN BRETAGNE, AUX ABORDS DU MONT SAINT MICHEL</span></strong></h3> <p style="text-align: center;"><strong>Nous avons le plaisir de vous convier gracieusement à <span style="color: #ff6600;">des réunions-conférences ouvertes à tous lors des 5 rendez-vous du ciel.</span> Nous proposons des passerelles pour les êtres qui ont acquis une connaissance suffisante ou qui ont déjà progressé par eux-mêmes dans le cadre du Service à la Vie. Ils pourront être placés sur le niveau qui leur conviendra le mieux dans leur évolution, car tout est lié à la capacité de chacun à supporter l’intensité énergétique de chaque cercle.</strong></p> <p style="text-align: center;"><strong><span style="color: #ff6600;">ÉVOLUTION DES ÊTRES</span></strong><br />Nous faisons suite aux travaux d’Alice Bailey. Le groupe est appelé d’une façon générale le nouveau groupe des serviteurs du monde (NGSM) qui constitue l’étoile planétaire (EP). L’étoile planétaire est constituée de tous les êtres du 5ème règne qui rayonnent l’amour. Plus l’être est avancé dans les cercles d’évolution, plus il est un canal au service à la Vie.</p> <p style="text-align: center;"><span style="color: #008000;">Cercle d’accueil :</span> 3 ans d’étude afin <strong>d’engranger une connaissance suffisante à leur évolution spirituelle.</strong> Vous êtes libre d’y assister ou de partir, il n’y a aucune obligation. La compréhension des livres d’Alice Bailey est un des outils qui permet d’évoluer. C’est une base de la connaissance de la Vie.</p> <p style="text-align: center;"><span style="color: #008000;">Cercle médian : </span>On y parvient dès que la 1<sup>ère</sup> année est franchie ou que l’être a progressé par lui-même. C’est un suivi approfondi des livres de la Connaissance, de la Sagesse et de la Vie. C’est une porte qui amène l’être à <strong>servir</strong> <strong>l’Humanité pour le bien de l’ensemble.</strong></p> <p style="text-align: center;"><span style="color: #008000;">Table planétaire :</span> Ensemble des êtres qui ont déjà de l’ancienneté présente ou antérieure et qui se sont avancés en tenant compte de leur réalité de canal. À ce niveau, l’être doit se tenir à une <strong>exigence de pureté et de perfection.<br /></strong><span style="color: #008000;">N’oublions pas que l’évolution est sans fin.</span></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt;"><a href="http://ngsm.eu/accueil-3/1720-invitations-2016-ouvertes-aux-etres-en-recherche-spirituelle" target="_blank" rel="alternate noopener noreferrer"><span style="color: #0000ff;"><strong><span style="text-decoration: underline;">LIRE LA SUITE</span></strong></span></a></span></p> </div> </div> </div> </div> </div> </div> </div> </div> </div> CHAPITRE XI — LE PARDON DES PÉCHÉS 2019-06-24T12:05:42+00:00 2019-06-24T12:05:42+00:00 http://hierarchie.eu/helena-roerich/10-accueil/1115-chapitre-xi-le-pardon-des-peches Super User bon.christo@free.fr <p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt;"><strong>CHAPITRE XI</strong></span></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt;"><strong>—</strong></span></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt;"><strong> LE PARDON DES PÉCHÉS</strong></span></p> <p style="text-align: center;"><br />"Je crois… le pardon des péchés." "Je reconnais un seul baptême pour la rémission des péchés." Ces mots tombent sans peine des lèvres des fidèles, dans toutes les églises de la Chrétienté, pendant la récitation des Crédos familiers, celui des Apôtres et celui de Nicée. Tes péchés te sont pardonnés. Ces mots reviennent fréquemment dans les propos prêtés à Jésus, et il est à remarquer que cette expression accompagne constamment l'exercice de Ses facultés curatives, la délivrance de la maladie physique et celle de la maladie morale étant par conséquent simultanées. Un jour même, Jésus voulut démontrer par la guérison d'un paralytique qu'Il avait le droit de déclarer à un homme : Tes péchés te sont pardonnés 310. Ailleurs, il dit d'une femme : Ses péchés, qui sont nombreux, lui sont pardonnés, car elle a beaucoup aimé 311. Dans le célèbre traité Gnostique, la Pistis Sophia, nous trouvons l'affirmation que la rémission des péchés est le but même des Mystères<br />"Auraient-ils été pécheurs, auraient-ils vécu dans tous les péchés et toutes les iniquités dont Je vous [229] ai parlé, néanmoins, s'ils se convertissent et se repentent et font acte de renoncement, comme Je viens de vous le décrire, accordez-leur les mystères du royaume de lumière ; ne les leur cachez en aucune façon. C'est à cause du péché que J'ai apporté ces mystères dans le monde, pour la rémission de tous les péchés commis depuis le commencement. Voilà pourquoi Je vous ai dit autrefois. – Je ne viens pas appeler les justes. J'ai donc apporté les mystères afin de remettre à tous les hommes leurs péchés et les faire entrer dans le royaume de lumière. Car ces mystères, sont le don du premier mystère, celui de l'effacement des fautes et des iniquités de tous les pécheurs 312."</p> <p style="text-align: center;"><em>310 Saint Luc, VII, 47, 48.</em><br /><em>311 Ibid., VII, 47.</em><br /><em>312 Trad. angl. de G. R. S. MEAD, loc. cit., liv. II, §§ 260-261.</em></p> <p style="text-align: center;">Dans ces mystères, c'est le baptême qui remet les péchés, comme le reconnait d'ailleurs le Crédo de Nicée. – Jésus dit : "Écoutez encore et Je vous dirai, en vérité, à quel type se rattache le mystère du baptême qui remet les péchés… Lorsqu'un homme reçoit les mystères des baptêmes, ces mystères deviennent un feu puissant, d'une violence et d'une sagesse extrêmes, qui consume tous les péchés ; ils pénètrent dans l'âme d'une manière occulte et dévorent tous les péchés que l'imposteur spirituel y a implantés." Jésus complète la description de ce processus purificateur, puis il ajoute : "Telle est la manière dont les mystères des baptêmes remettent les péchés et toute iniquité 313." [230]<br />Sous une forme ou sous une autre, le "pardon des péchés" se retrouve dans la plupart des religions, sinon dans chacune. Or, toutes les fois que se présente une semblable unanimité, nous pouvons conclure sans crainte, en vertu d'un principe dont j'ai parlé plus haut, qu'elle a pour base un fait naturel. Cette idée du pardon des péchés réveille, d'ailleurs, un écho dans l'âme humaine. Nous constatons que, pour certaines personnes, le sentiment de leurs fautes est une souffrance ; mais qu'elles rejettent le poids du passé, qu'elles se dégagent des liens du remords qui les enserre, et elles s'avancent, le coeur joyeux ; leur regard, naguère perdu dans les ténèbres, voit briller la lumière, il leur semble qu'un fardeau soit enlevé de leurs épaules, qu'une entrave leur soit ôtée. Le "sentiment du péché" a disparu et, avec lui, la souffrance qui les rongeait. Dès lors elles connaissent le printemps de l'âme, la parole souveraine qui renouvèle toutes choses ; un hymne de reconnaissance jaillit de leur âme ; le temps où chantent les oiseaux est arrivé ; il y a de la joie parmi les Anges. Cette transformation, assez fréquente du reste, ne laisse pas d'être difficile à expliquer, lorsque la personne qui l'éprouve en elle-même ou qui la constate chez autrui se demande : Que s'est-il donc passé ? D'où vient cette modification de conscience dont les effets sont aussi manifestes ?</p> <p style="text-align: center;"><em>313 Loc. cit., §§ 299, 300.</em></p> <p style="text-align: center;">Les penseurs contemporains sont pénétrés de l'idée que tous les phénomènes reposent sur des lois invariables ; ils ont étudié le mécanisme de ces lois et sont, par suite, disposés à rejeter toute théorie du pardon des péchés, la déclarant en contradiction avec [231] cette vérité fondamentale. Les savants, persuadés que la loi est inviolable, rejettent de même toute notion qui s'en écarte. Les uns et les autres ont raison de s'appuyer sur l'action infaillible de la loi, car la loi n'est que l'expression de la Nature divine qui ne présente ni variation, ni ombre de changement. Quelle que soit notre manière d'envisager le pardon des péchés, elle doit s'accorder avec cette idée fondamentale, aussi nécessaire dans le domaine moral que dans celui des sciences physiques. Plus de stabilité possible, si nous ne pouvions nous reposer en toute sureté dans les bras éternels de la Bonne Loi.<br />Mais poussons notre examen plus loin ; nous serons frappés par ce fait que les Instructeurs qui ont le plus insisté sur le caractère invariable de la loi proclament en même temps avec énergie le pardon des péchés. Jésus dit : Au jour du Jugement, les hommes rendront compte de toute parole mauvaise qu'ils auront dite 314. Et pourtant il dit ailleurs : Prends courage, mon enfant, tes péchés te sont pardonnés 315. De même, la Bhagavad Gîtâ nous dit constamment que l'action nous lie. "Le monde est lié par l'action 316." "L'homme retrouve un corps offrant les mêmes caractères que celui qu'il avait précédemment 317." Et cependant il dit dans un autre passage : "Si le plus pécheur des hommes m'adore de tout son coeur, lui aussi devra être considéré comme juste 318." Quel que soit le sens attaché à [232] l'expression "pardon des péchés" dans les différentes Écritures il semble donc que cette idée ne soit pas, pour Ceux qui connaissent le mieux la loi, en contradiction avec la séquence infaillible de cause à effet.<br />D'ailleurs, si nous examinons, même sous sa forme la plus élémentaire, l'idée qu'on se fait du pardon des péchés, nous constatons que les croyants n'entendent point par-là que le pécheur pardonné doive, ici-bas, échapper aux conséquences de son péché. L'ivrogne repenti, dont les péchés sont pardonnés, souffre évidemment encore d'ébranlement nerveux, de ses fonctions digestives affaiblies et, au moral, de la méfiance que lui témoignent les hommes qui l'entourent. On trouve, en dernière analyse, que les déclarations concernant le pardon s'appliquent aux rapports entre le pécheur et Dieu et aux châtiments posthumes que le Crédo de celui qui parle attache au péché non pardonné ; elles n'impliquent point la possibilité d'échapper, sur la terre, aux conséquences du péché. Les Chrétiens ont perdu la foi dans la réincarnation et, avec elle, toute manière raisonnable d'envisager la continuité de l'existence, soit dans ce monde, soit dans les deux mondes qui lui succèdent. De là sont nés certains écarts d'imagination et certaines affirmations insoutenables, par exemple l'idée blasphématoire et terrible que l'âme humaine souffre de tortures éternelles pour des péchés commis pendant une courte vie terrestre. Pour échapper à ce cauchemar, les théologiens ont conçu l'idée d'un pardon qui délivre le pécheur de son affreux emprisonnement dans un enfer perpétuel. Ce pardon ne lui épargne pas ici-bas les conséquences de sa mauvaise conduite ; [233] jamais cette thèse n'a été soutenue ; il n'est pas supposé non plus, sauf dans les Églises Protestantes modernes, lui épargner, dans le Purgatoire, après la mort physique, les souffrances prolongées qui sont l'effet direct de son péché. La loi suit son cours, sur la terre comme dans le Purgatoire, et, dans ces deux mondes, l'affliction suit le péché comme les roues suivent les boeufs d'un attelage. Le pardon des péchés permet d'échapper uniquement aux tortures éternelles, cauchemar n'existant que dans l'obscure imagination des croyants. Nous nous demandons même si les théologiens, après avoir déclaré que l'enfer perpétuel était le monstrueux résultat d'erreurs passagères, n'ont pas dû trouver un moyen d'échapper à un sort incroyable et injuste et déclaré pour cela l'existence d'un pardon tout aussi incroyable et tout aussi injuste. Les systèmes élaborés par la pensée humaine, sans tenir compte des faits sur lesquels repose la vie, font souvent tomber le penseur dans des fondrières intellectuelles dont il ne peut se tirer sans gagner péniblement, à travers la fange, une direction opposée. Un pardon inutile est venu faire contrepoids à un enfer éternel et inutile et remettre en équilibre les balances de la justice. Mais laissons là les aberrations des esprits encore ignorants et rentrons dans le domaine des faits et du bon sens.</p> <p style="text-align: center;"><em>314 S. Matth., XII, 36.</em><br /><em>315 Ibid., IX, 2.</em><br /><em>316 Loc. cit., III, 9.</em><br /><em>317 Ibid., VI, 43.</em><br /><em>318 Ibid., IX, 30.</em></p> <p style="text-align: center;">Un homme commet-il une mauvaise action, il s'impose, par là, un chagrin, car le chagrin est toujours la plante qui nait de la semence du péché. On pourrait dire, plus exactement, que le péché et le chagrin sont simplement les deux faces d'un même acte, et non deux faits indépendants. Tout objet présente deux [234] faces, dont l'une est postérieure et invisible et l'autre antérieure et visible. De même, tout acte a deux faces qui, dans notre monde physique, ne peuvent être vues en même temps. Dans d'autres mondes, le bien et le bonheur, le mal et le chagrin, sont visiblement les deux faces d'un même principe. C'est ce qu'on nomme le karma. Ce terme commode et aujourd'hui fréquemment employé est emprunté au sanscrit ; il exprime cette connexion ou identité et signifie littéralement "action" ; de là le nom, donné à la souffrance, de conséquence karmique du mal. Le résultat, "l'autre face", peut ne point s'affirmer immédiatement au cours de l'incarnation présente, mais tôt ou tard il fera son apparition, et le pécheur sentira douloureusement sa griffe s'appesantir sur lui. Un résultat se produisant dans le monde matériel, un effet éprouvé par notre conscience physique, sont l'aboutissement final d'une cause mise en jeu dans le passé ; c'est le fruit devenu mûr ; c'est à la fois la manifestation et l'épuisement d'une force déterminée. Cette force se dirige du centre vers la périphérie, et ses effets sont déjà épuisés dans le mental quand ils apparaissent dans le corps. La manifestation physique, son apparition dans le monde matériel, prouvent qu'elle a fait son temps 319. Si à ce moment le pécheur, ayant épuisé le karma de sa faute, rencontre un Sage capable de voir le passé et le présent, l'invisible et le visible, ce Sage pourra constater la terminaison du [235] karma en question et, la loi étant satisfaite, il déclarera libre le captif. L'épisode du paralytique, dont nous avons déjà fait mention, semble offrir un exemple de ce genre. Une maladie physique est l'expression ultime d'une mauvaise action commise dans le passé ; le processus mental et moral touche à son terme, et l'homme qui souffre est amené, par l'intermédiaire d'un Ange serviteur de la loi, dans la présence d'un Être susceptible de soulager la maladie physique en mettant en jeu une énergie supérieure. Tout d'abord, l'Initié déclare que les péchés du malade sont pardonnés ; puis il justifie sa clairvoyance par ces mots pleins d'autorité : Lève-toi, prends ton lit et va-t'en dans ta maison 320. Dans le cas où aucun Initié n'eût été présent, la maladie se fût dissipée sous l'action réparatrice de la nature, sous l'influence d'une force mise en jeu par les Intelligences Angéliques invisibles, qui sont, dans ce monde, les agents de la loi karmique. Quand un Être plus exalté se charge de ce rôle, la force est plus rapide et plus irrésistible, et les vibrations physiques sont immédiatement remises à l'unisson avec l'harmonie qui constitue la santé. On peut dire que tout pardon des péchés accordé dans ces conditions présente un caractère déclaratoire. Le karma étant épuisé, "celui qui connait le karma" déclare le fait. Cette assurance produit un soulagement mental comparable au soulagement éprouvé par un prisonnier, quand l'ordre d'élargissement est donné, ordre qui fait partie de la loi au même titre que la sentence jadis prononcée. L'homme qui apprend ainsi [236] l'épuisement d'un mauvais karma éprouve cependant un soulagement plus profond, car il eût été incapable, par lui-même, d'en prévoir le terme.</p> <p style="text-align: center;">314 S. Matth., XII, 36.<br />315 Ibid., IX, 2.<br />316 Loc. cit., III, 9.<br />317 Ibid., VI, 43.<br />318 Ibid., IX, 30.<br />319 D'où la douceur et la patience dont souvent font preuve les malades d'une nature très pure. Ils ont appris la leçon de la souffrance et ne font pas naitre de mauvais karma nouveau, en s'irritant contre les effets du mauvais karma qui s'épuise actuellement.<br />320 Saint Luc, V, 24.</p> <p style="text-align: center;">Ces déclarations de pardon – remarquez-le bien – sont constamment suivies de l'observation que le malade a fait preuve de "foi" ; en d'autres termes, le véritable agent déterminant l'épuisement du karma est le pécheur lui-même. Dans le passage relatif à la femme qui menait une vie déréglée, nous trouvons réunies les deux déclarations : Tes péchés te sont pardonnés… Ta foi t'a sauvée ; va en paix 321. – La foi – c'est le jaillissement, dans l'âme humaine, de sa propre essence divine cherchant à retrouver l'océan divin qui lui est semblable. Fait-elle irruption à travers la nature inférieure qui l'emprisonne comme la source jaillit à travers les mottes de terre qui la recouvrent, la force ainsi libérée agit sur la nature humaine toute entière et en accorde les vibrations avec les siennes. L'homme ne devient conscient de ce travail qu'à l'heure où la croute karmique du mal est ainsi brisée. La certitude joyeuse de l'existence, en lui-même, d'une puissance naguère ignorée, dont la naissance coïncide avec l'épuisement du karma mauvais, entre pour une large part dans le bonheur, le soulagement et la force nouvelle dus au sentiment que le péché est "pardonné" et que ses conséquences ont pris fin.<br />Cela nous amène au coeur de notre sujet : je veux parler de cette transformation qui s'opère dans la nature intérieure de l'homme, à l'insu de cette partie [237] de la conscience qui agit dans les limites cérébrales, jusqu'au moment où elle se manifeste soudainement dans ces limites, venant on ne sait d'où, éclatant "comme un coup de tonnerre dans le ciel bleu", jaillissant d'une source inconnue. Comment s'étonner que l'homme, stupéfait de cette invasion, ignorant tout des mystères de sa propre nature et de l'existence du "Dieu intérieur" qui est véritablement lui-même, croie recevoir de l'extérieur ce qui vient en réalité du dedans et, inconscient de sa propre Divinité, ne puisse concevoir dans le monde que des Divinités extérieures à lui-même. Or, cette erreur est d'autant plus facile à commettre que l'impact final, la vibration qui brise les murs de sa prison, est souvent la réponse de la Divinité qui est dans l'âme d'un autre homme ou de quelque Être surhumain, la réponse aux appels pressants de la Divinité enfermée en lui-même. Souvent l'homme est conscient de cette aide fraternelle, sans comprendre qu'il l'a provoquée lui-même par le cri de sa nature intérieure. Une explication, donnée par une personne plus instruite que nous, peut élucider une difficulté intellectuelle, et cependant c'est notre propre intelligence qui, ainsi aidée, arrive à la solution ; une parole d'encouragement prononcée par une personne plus pure que nous peut nous donner la force d'accomplir un effort mental dont nous nous supposions incapables et cependant l'effort est nôtre. Un Esprit plus élevé que nous et plus conscient de sa Divinité peut, de même, nous aider à déployer notre propre énergie divine, bien que ce soit ce déploiement d'énergie qui nous élève à un plan supérieur. Tous, nous sommes unis, par les [238] liens d'un service fraternel, à ceux qui sont au-dessus comme à ceux qui sont au-dessous de nous. Et nous hésiterions à admettre que nous, si souvent à même d'aider, dans leur développement, des âmes moins avancées que la nôtre, nous puissions recevoir une assistance analogue de Ceux qui nous dominent de si haut, et que leur aide puisse accélérer considérablement nos progrès !</p> <p style="text-align: center;"><em>321 Saint Luc, VII, 48, 50.</em></p> <p style="text-align: center;">Parmi les transformations qui s'opèrent dans les profondeurs de la nature humaine à l'insu de la conscience inférieure, il en est qui affectent l'exercice de la volonté. L'Égo jette un regard en arrière sur son passé, en résume les résultats et, souffrant des fautes commises, décide qu'il changera d'attitude, décide qu'il changera le mode de son activité. Le véhicule inférieur continue, sous l'influence des impulsions anciennes, à s'emporter dans des directions qui l'amènent à se heurter violemment contre la loi. L'Égo n'en décide pas moins qu'il suivra une ligne de conduite différente. Jusqu'alors il a cédé à l'attrait du principe animal ; les plaisirs du monde inférieur l'ont tenu enchainé. Maintenant il se tourne vers le but véritable de l'évolution et prend la résolution de travailler pour des joies plus hautes. Il voit le monde entier en voie d'évolution et comprend qu'en se mettant en travers de ce courant formidable, il sera jeté de côté, cruellement meurtri ; il réalise, par contre, qu'en suivant le flot, il sera emporté sur son sein et amené jusque dans le port qu'il désire atteindre.<br />L'Égo se décide donc à transformer sa vie, revient délibérément sur ses pas, fait face en arrière. Cet effort qu'il tente pour amener sa nature inférieure dans la direction nouvelle a pour conséquence immédiate beaucoup de souffrances et de troubles. Les habitudes contractées sous l'influence des idées anciennes résistent obstinément à l'action des idées nouvelles, et un conflit cruel s'élève. Petit à petit la conscience qui se manifeste à travers le cerveau accepte la décision prise sur les plans supérieurs ; alors nait en elle, par le fait même qu'elle s'incline devant la loi, le "sentiment du péché". La conviction qu'on a fait fausse route devient plus profonde ; le remords s'empare du mental ; des efforts mal réglés sont faits pour devenir meilleur, mais se brisent contre les vieilles habitudes, jusqu'à ce que l'homme, accablé de douleur, songeant au passé, désespéré en voyant le présent, reste plongé dans des ténèbres sans issue. Enfin, la souffrance toujours croissante arrache à l'Égo un cri suppliant, et une réponse lui est renvoyée des profondeurs intimes de sa propre nature, par le Dieu qui vit en lui, comme dans tout ce qui l'entoure, par la Vie de sa Vie. Il abandonne donc la nature inférieure, qui lui fait obstacle, et se tourne vers la nature supérieure, qui est essentiellement lui-même, laisse le moi séparé qui le torture, pour le MOI unique qui est le Coeur de tous.<br />Or, changer ainsi d'objectif, c'est se détourner de l'obscurité pour faire face à la lumière. La lumière n'avait jamais cessé de briller, mais l'homme lui tournait le dos. Maintenant il voit le soleil, dont l'éclat réjouit son regard et inonde de joie tout son être. Son coeur était fermé, mais s'ouvre maintenant sans réserve, et l'océan de la vie, semblable à une marée puissante, y pénètre et l'inonde de bonheur. [240] Les vagues d'une vie nouvelle se succèdent et le soulagent. La joie de l'aube rayonne. Il comprend que son passé ne se répètera plus, car le chemin qu'il est décidé à suivre le mène dans des régions plus hautes ; il ne se soucie point de la souffrance que le passé peut lui léguer encore, sachant que le présent ne transmettra plus à l'avenir d'amertumes semblables.<br />Le sentiment de paix, de joie, de liberté, voilà ce qui a été appelé le résultat du pardon des péchés. Les obstacles opposés par la nature inférieure au Dieu du dedans et au Dieu du dehors sont renversés, et cette nature a peine à comprendre que la transformation se soit opérée en elle-même et non dans l'Âme Suprême 322. Un enfant repousse la main maternelle qui voudrait le guider ; il tourne son visage vers la muraille, se croit peut-être seul et oublié, jusqu'à ce qu'il se retourne en poussant un cri et se retrouve entouré des bras protecteurs qui étaient restés là, tout près de lui. Tel l'homme, dans sa présomption, repousse les bras protecteurs de la Mère divine des mondes, mais s'aperçoit, en regardant en arrière, qu'il n'a jamais quitté ce sûr abri ; quels que soient ses écarts, il n'échappe pas à cet amour vigilant.<br />Le passage de la Bhagavad Gîtâ, déjà cité en partie, nous donne l'explication de cette transformation qui amène "le pardon". – "Le plus grand des pécheurs m'adore-t-il sans réserve, lui aussi doit être regardé comme un juste, car la résolution qu'il a prise est [241] bonne." – Cette bonne résolution amène un résultat inévitable : "Bientôt il devient soumis et trouve la paix 323."</p> <p style="text-align: center;"><em>322 OVERSOUL… "Cette unité, cette âme suprême dans laquelle chaque être est contenu et unifié, uni aux autres…" (Emerson, trad. Maeterlink. (NDT))</em><br /><em>323 Loc. cit., IX, 31.</em></p> <p style="text-align: center;">Le péché consiste essentiellement à opposer la volonté de la partie à la volonté du tout, le principe humain au principe Divin. Quand le changement s'est opéré, quand l'Égo unit sa volonté séparée à la volonté qui agit dans le sens évolutif, alors, dans la région où vouloir et agir ne font qu'un, où les effets se montrent inséparables des causes, l'homme est "regardé comme un juste". Or, des effets correspondants se manifestant invariablement dans les plans inférieurs, "bientôt il devient soumis" en action, après l'être devenu en volonté. Ici-bas, nous jugeons d'après les actions, feuilles mortes du passé ; là-haut le jugement porte sur les volontés, semences en germination d'où sortira l'avenir. Voilà pourquoi, dans le monde inférieur, le Christ exhorte toujours les hommes à ne point juger 324.<br />Des défaillances sont possibles, après même que l'homme se soit franchement engagé dans la nouvelle direction et que celle-ci est devenue pour lui une habitude. Pistis Sophia y fait allusion, dans un passage où les disciples demandent à Jésus si un homme peut, en se repentant, être admis de nouveau dans les Mystères après une défaillance. La réponse de Jésus est affirmative, mais Il déclare qu'à un certain moment la réadmission devient impossible, sauf pour le Mystère suprême, qui pardonne toujours. – "Amen, amen, vous dis-je ; quiconque, après avoir reçu les mystères du premier mystère, retombera et commettra [243] (jusqu'à) douze transgressions, mais se repentira ensuite douze fois, en invoquant le mystère du premier mystère, sera pardonné. Mais s'il commet plus de douze transgressions, s'il retombe et pèche encore, il n'obtiendra pas indéfiniment la rémission de sa faute de manière à pouvoir rentrer dans son mystère, quel qu'il soit. Il ne lui appartient plus de se repentir, à moins qu'il n'ait reçu les mystères de cet ineffable qui toujours a compassion et remet les péchés aux siècles des siècles 325."<br />Ces relèvements après les défaillances, avec leur "rémission des péchés", nous les constatons dans la vie humaine, surtout dans les phases avancées de l'évolution. Tel homme voit une occasion mise à sa portée ; il s'assurerait, en la saisissant, des possibilités de développement nouvelles ; mais il n'y parvient pas et ne peut se maintenir au niveau qu'il avait atteint et qui lui avait valu cette occasion de s'élever encore. Pour le moment, tout progrès lui est interdit ; il est obligé de réunir ses forces et de parcourir de nouveau, avec lassitude, le terrain déjà gagné, pour remonter enfin et reprendre pied dans la position d'où il avait glissé. Alors seulement se fait entendre une douce Voix ; elle lui annonce que le passé n'est plus, que sa faiblesse s'est changée en force, que le portail s'ouvre de nouveau devant lui.</p> <p style="text-align: center;"><em>324 Saint Matth., VII, 1.</em><br /><em>325 Loc. cit., 1. II, § 305.</em></p> <p style="text-align: center;">Ici encore le "pardon" n'est que la déclaration, faite par une autorité compétente, de la situation réelle, la permission d'entrer accordée à ceux qui en sont dignes, refusée aux autres. Supposez qu'un homme ait failli ; cette déclaration lui donnera l'impression d'être "un baptême pour la rémission des péchés" et lui rendra le privilège perdu par sa propre faute. Il en résultera certainement pour lui de la joie et de la paix, la disparition d'une accablante tristesse, le sentiment que les entraves du passé ont enfin été détachées de ses pieds.<br />Reste une vérité qu'il ne faut jamais oublier : nous vivons dans un océan de lumière, d'amour et de béatitude qui nous entoure sans cesse – la Vie de Dieu. Semblable au soleil inondant la terre de sa clarté, cette Vie éclaire toutes choses. Seulement, ce Soleil-là ne se couche jamais. Par notre égoïsme, notre sècheresse de coeur, notre intolérance et notre impureté, nous empêchons la lumière de pénétrer notre conscience ; elle n'en brille pas moins sur nous, nous baigne de toutes parts et exerce sur les murailles élevées par nous-mêmes une pression douce, mais, en même temps, forte et persistante. L'âme renverse-t-elle ces remparts, la lumière y pénètre, l'âme se trouve inondée de Soleil et respire avec bonheur l'atmosphère céleste car le Fils de l'Homme est dans le ciel, bien qu'il ne le sache point, et les brises d'en haut viendront caresser son front s'il l'expose à leur souffle. Toujours Dieu respecte l'individualité humaine ; Il ne pénètre notre conscience que le jour où cette conscience s'ouvre pour Le recevoir. Voici, je me tiens à la porte et je frappe 326 : telle est l'attitude de toutes les Intelligences du monde spirituel vis-à-vis de l'âme qui se développe. Si Elles attendent que la porte s'ouvre, ce n'est pas faute de sympathie, mais un effet de Leur profonde sagesse. [244]<br />L'homme n'est soumis à aucune contrainte ; il est libre ; il n'est pas esclave, mais potentiellement un Dieu ; sa croissance ne saurait être forcée ; elle doit procéder d'une volonté intérieure. Comme l'enseignait Giordano Bruno, Dieu n'influence l'homme que lorsque sa volonté s'y prête. Et pourtant Dieu est "partout, et prêt à secourir tous ceux qui font appel à Lui par un acte de leur intelligence et se donnent à Lui sans réserve, avec amour et spontanément 327". – "La puissance divine qui est tout en tous ne s'offre ni ne se refuse ; c'est nous qui l'assimilons ou la rejetons 328." – "Elle s'absorbe rapidement, comme la lumière solaire, sans hésitation, et se manifeste pour quiconque se tourne vers elle et s'ouvre à son influence… Quand les fenêtres sont ouvertes, le soleil entre instantanément ; il en est de même dans les cas dont je parle 329."<br />C'est donc au sentiment du "pardon" qu'est due la joie qui remplit le coeur, au moment où la volonté s'harmonise avec le Divin, où, l'âme ayant ouvert ses fenêtres, le soleil d'amour et de lumière se répand en elle, où la partie sent qu'elle appartient à l'ensemble, où la Vie Unique fait tressaillir toutes les veines. Telle est la vérité sublime qui donne de la valeur aux expositions les plus naïves du "pardon des péchés" et leur permet souvent, malgré leur insuffisance au point de vue intellectuel, d'amener les hommes à une vie pure et spirituelle. Telle est la vérité montrée dans les Mystères Mineurs.</p> <p style="text-align: center;"><em>326 Apoc., III, 20.</em><br /><em>327 G. BRUNO, trad. L. Williams, The Heroic Enthusiasts, vol. I, p. 133.</em><br /><em>328 Ibid., vol. II, pp 27, 28.</em><br /><em>329 Ibid., pp. 102, 103.</em></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt;"><strong>CHAPITRE XI</strong></span></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt;"><strong>—</strong></span></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt;"><strong> LE PARDON DES PÉCHÉS</strong></span></p> <p style="text-align: center;"><br />"Je crois… le pardon des péchés." "Je reconnais un seul baptême pour la rémission des péchés." Ces mots tombent sans peine des lèvres des fidèles, dans toutes les églises de la Chrétienté, pendant la récitation des Crédos familiers, celui des Apôtres et celui de Nicée. Tes péchés te sont pardonnés. Ces mots reviennent fréquemment dans les propos prêtés à Jésus, et il est à remarquer que cette expression accompagne constamment l'exercice de Ses facultés curatives, la délivrance de la maladie physique et celle de la maladie morale étant par conséquent simultanées. Un jour même, Jésus voulut démontrer par la guérison d'un paralytique qu'Il avait le droit de déclarer à un homme : Tes péchés te sont pardonnés 310. Ailleurs, il dit d'une femme : Ses péchés, qui sont nombreux, lui sont pardonnés, car elle a beaucoup aimé 311. Dans le célèbre traité Gnostique, la Pistis Sophia, nous trouvons l'affirmation que la rémission des péchés est le but même des Mystères<br />"Auraient-ils été pécheurs, auraient-ils vécu dans tous les péchés et toutes les iniquités dont Je vous [229] ai parlé, néanmoins, s'ils se convertissent et se repentent et font acte de renoncement, comme Je viens de vous le décrire, accordez-leur les mystères du royaume de lumière ; ne les leur cachez en aucune façon. C'est à cause du péché que J'ai apporté ces mystères dans le monde, pour la rémission de tous les péchés commis depuis le commencement. Voilà pourquoi Je vous ai dit autrefois. – Je ne viens pas appeler les justes. J'ai donc apporté les mystères afin de remettre à tous les hommes leurs péchés et les faire entrer dans le royaume de lumière. Car ces mystères, sont le don du premier mystère, celui de l'effacement des fautes et des iniquités de tous les pécheurs 312."</p> <p style="text-align: center;"><em>310 Saint Luc, VII, 47, 48.</em><br /><em>311 Ibid., VII, 47.</em><br /><em>312 Trad. angl. de G. R. S. MEAD, loc. cit., liv. II, §§ 260-261.</em></p> <p style="text-align: center;">Dans ces mystères, c'est le baptême qui remet les péchés, comme le reconnait d'ailleurs le Crédo de Nicée. – Jésus dit : "Écoutez encore et Je vous dirai, en vérité, à quel type se rattache le mystère du baptême qui remet les péchés… Lorsqu'un homme reçoit les mystères des baptêmes, ces mystères deviennent un feu puissant, d'une violence et d'une sagesse extrêmes, qui consume tous les péchés ; ils pénètrent dans l'âme d'une manière occulte et dévorent tous les péchés que l'imposteur spirituel y a implantés." Jésus complète la description de ce processus purificateur, puis il ajoute : "Telle est la manière dont les mystères des baptêmes remettent les péchés et toute iniquité 313." [230]<br />Sous une forme ou sous une autre, le "pardon des péchés" se retrouve dans la plupart des religions, sinon dans chacune. Or, toutes les fois que se présente une semblable unanimité, nous pouvons conclure sans crainte, en vertu d'un principe dont j'ai parlé plus haut, qu'elle a pour base un fait naturel. Cette idée du pardon des péchés réveille, d'ailleurs, un écho dans l'âme humaine. Nous constatons que, pour certaines personnes, le sentiment de leurs fautes est une souffrance ; mais qu'elles rejettent le poids du passé, qu'elles se dégagent des liens du remords qui les enserre, et elles s'avancent, le coeur joyeux ; leur regard, naguère perdu dans les ténèbres, voit briller la lumière, il leur semble qu'un fardeau soit enlevé de leurs épaules, qu'une entrave leur soit ôtée. Le "sentiment du péché" a disparu et, avec lui, la souffrance qui les rongeait. Dès lors elles connaissent le printemps de l'âme, la parole souveraine qui renouvèle toutes choses ; un hymne de reconnaissance jaillit de leur âme ; le temps où chantent les oiseaux est arrivé ; il y a de la joie parmi les Anges. Cette transformation, assez fréquente du reste, ne laisse pas d'être difficile à expliquer, lorsque la personne qui l'éprouve en elle-même ou qui la constate chez autrui se demande : Que s'est-il donc passé ? D'où vient cette modification de conscience dont les effets sont aussi manifestes ?</p> <p style="text-align: center;"><em>313 Loc. cit., §§ 299, 300.</em></p> <p style="text-align: center;">Les penseurs contemporains sont pénétrés de l'idée que tous les phénomènes reposent sur des lois invariables ; ils ont étudié le mécanisme de ces lois et sont, par suite, disposés à rejeter toute théorie du pardon des péchés, la déclarant en contradiction avec [231] cette vérité fondamentale. Les savants, persuadés que la loi est inviolable, rejettent de même toute notion qui s'en écarte. Les uns et les autres ont raison de s'appuyer sur l'action infaillible de la loi, car la loi n'est que l'expression de la Nature divine qui ne présente ni variation, ni ombre de changement. Quelle que soit notre manière d'envisager le pardon des péchés, elle doit s'accorder avec cette idée fondamentale, aussi nécessaire dans le domaine moral que dans celui des sciences physiques. Plus de stabilité possible, si nous ne pouvions nous reposer en toute sureté dans les bras éternels de la Bonne Loi.<br />Mais poussons notre examen plus loin ; nous serons frappés par ce fait que les Instructeurs qui ont le plus insisté sur le caractère invariable de la loi proclament en même temps avec énergie le pardon des péchés. Jésus dit : Au jour du Jugement, les hommes rendront compte de toute parole mauvaise qu'ils auront dite 314. Et pourtant il dit ailleurs : Prends courage, mon enfant, tes péchés te sont pardonnés 315. De même, la Bhagavad Gîtâ nous dit constamment que l'action nous lie. "Le monde est lié par l'action 316." "L'homme retrouve un corps offrant les mêmes caractères que celui qu'il avait précédemment 317." Et cependant il dit dans un autre passage : "Si le plus pécheur des hommes m'adore de tout son coeur, lui aussi devra être considéré comme juste 318." Quel que soit le sens attaché à [232] l'expression "pardon des péchés" dans les différentes Écritures il semble donc que cette idée ne soit pas, pour Ceux qui connaissent le mieux la loi, en contradiction avec la séquence infaillible de cause à effet.<br />D'ailleurs, si nous examinons, même sous sa forme la plus élémentaire, l'idée qu'on se fait du pardon des péchés, nous constatons que les croyants n'entendent point par-là que le pécheur pardonné doive, ici-bas, échapper aux conséquences de son péché. L'ivrogne repenti, dont les péchés sont pardonnés, souffre évidemment encore d'ébranlement nerveux, de ses fonctions digestives affaiblies et, au moral, de la méfiance que lui témoignent les hommes qui l'entourent. On trouve, en dernière analyse, que les déclarations concernant le pardon s'appliquent aux rapports entre le pécheur et Dieu et aux châtiments posthumes que le Crédo de celui qui parle attache au péché non pardonné ; elles n'impliquent point la possibilité d'échapper, sur la terre, aux conséquences du péché. Les Chrétiens ont perdu la foi dans la réincarnation et, avec elle, toute manière raisonnable d'envisager la continuité de l'existence, soit dans ce monde, soit dans les deux mondes qui lui succèdent. De là sont nés certains écarts d'imagination et certaines affirmations insoutenables, par exemple l'idée blasphématoire et terrible que l'âme humaine souffre de tortures éternelles pour des péchés commis pendant une courte vie terrestre. Pour échapper à ce cauchemar, les théologiens ont conçu l'idée d'un pardon qui délivre le pécheur de son affreux emprisonnement dans un enfer perpétuel. Ce pardon ne lui épargne pas ici-bas les conséquences de sa mauvaise conduite ; [233] jamais cette thèse n'a été soutenue ; il n'est pas supposé non plus, sauf dans les Églises Protestantes modernes, lui épargner, dans le Purgatoire, après la mort physique, les souffrances prolongées qui sont l'effet direct de son péché. La loi suit son cours, sur la terre comme dans le Purgatoire, et, dans ces deux mondes, l'affliction suit le péché comme les roues suivent les boeufs d'un attelage. Le pardon des péchés permet d'échapper uniquement aux tortures éternelles, cauchemar n'existant que dans l'obscure imagination des croyants. Nous nous demandons même si les théologiens, après avoir déclaré que l'enfer perpétuel était le monstrueux résultat d'erreurs passagères, n'ont pas dû trouver un moyen d'échapper à un sort incroyable et injuste et déclaré pour cela l'existence d'un pardon tout aussi incroyable et tout aussi injuste. Les systèmes élaborés par la pensée humaine, sans tenir compte des faits sur lesquels repose la vie, font souvent tomber le penseur dans des fondrières intellectuelles dont il ne peut se tirer sans gagner péniblement, à travers la fange, une direction opposée. Un pardon inutile est venu faire contrepoids à un enfer éternel et inutile et remettre en équilibre les balances de la justice. Mais laissons là les aberrations des esprits encore ignorants et rentrons dans le domaine des faits et du bon sens.</p> <p style="text-align: center;"><em>314 S. Matth., XII, 36.</em><br /><em>315 Ibid., IX, 2.</em><br /><em>316 Loc. cit., III, 9.</em><br /><em>317 Ibid., VI, 43.</em><br /><em>318 Ibid., IX, 30.</em></p> <p style="text-align: center;">Un homme commet-il une mauvaise action, il s'impose, par là, un chagrin, car le chagrin est toujours la plante qui nait de la semence du péché. On pourrait dire, plus exactement, que le péché et le chagrin sont simplement les deux faces d'un même acte, et non deux faits indépendants. Tout objet présente deux [234] faces, dont l'une est postérieure et invisible et l'autre antérieure et visible. De même, tout acte a deux faces qui, dans notre monde physique, ne peuvent être vues en même temps. Dans d'autres mondes, le bien et le bonheur, le mal et le chagrin, sont visiblement les deux faces d'un même principe. C'est ce qu'on nomme le karma. Ce terme commode et aujourd'hui fréquemment employé est emprunté au sanscrit ; il exprime cette connexion ou identité et signifie littéralement "action" ; de là le nom, donné à la souffrance, de conséquence karmique du mal. Le résultat, "l'autre face", peut ne point s'affirmer immédiatement au cours de l'incarnation présente, mais tôt ou tard il fera son apparition, et le pécheur sentira douloureusement sa griffe s'appesantir sur lui. Un résultat se produisant dans le monde matériel, un effet éprouvé par notre conscience physique, sont l'aboutissement final d'une cause mise en jeu dans le passé ; c'est le fruit devenu mûr ; c'est à la fois la manifestation et l'épuisement d'une force déterminée. Cette force se dirige du centre vers la périphérie, et ses effets sont déjà épuisés dans le mental quand ils apparaissent dans le corps. La manifestation physique, son apparition dans le monde matériel, prouvent qu'elle a fait son temps 319. Si à ce moment le pécheur, ayant épuisé le karma de sa faute, rencontre un Sage capable de voir le passé et le présent, l'invisible et le visible, ce Sage pourra constater la terminaison du [235] karma en question et, la loi étant satisfaite, il déclarera libre le captif. L'épisode du paralytique, dont nous avons déjà fait mention, semble offrir un exemple de ce genre. Une maladie physique est l'expression ultime d'une mauvaise action commise dans le passé ; le processus mental et moral touche à son terme, et l'homme qui souffre est amené, par l'intermédiaire d'un Ange serviteur de la loi, dans la présence d'un Être susceptible de soulager la maladie physique en mettant en jeu une énergie supérieure. Tout d'abord, l'Initié déclare que les péchés du malade sont pardonnés ; puis il justifie sa clairvoyance par ces mots pleins d'autorité : Lève-toi, prends ton lit et va-t'en dans ta maison 320. Dans le cas où aucun Initié n'eût été présent, la maladie se fût dissipée sous l'action réparatrice de la nature, sous l'influence d'une force mise en jeu par les Intelligences Angéliques invisibles, qui sont, dans ce monde, les agents de la loi karmique. Quand un Être plus exalté se charge de ce rôle, la force est plus rapide et plus irrésistible, et les vibrations physiques sont immédiatement remises à l'unisson avec l'harmonie qui constitue la santé. On peut dire que tout pardon des péchés accordé dans ces conditions présente un caractère déclaratoire. Le karma étant épuisé, "celui qui connait le karma" déclare le fait. Cette assurance produit un soulagement mental comparable au soulagement éprouvé par un prisonnier, quand l'ordre d'élargissement est donné, ordre qui fait partie de la loi au même titre que la sentence jadis prononcée. L'homme qui apprend ainsi [236] l'épuisement d'un mauvais karma éprouve cependant un soulagement plus profond, car il eût été incapable, par lui-même, d'en prévoir le terme.</p> <p style="text-align: center;">314 S. Matth., XII, 36.<br />315 Ibid., IX, 2.<br />316 Loc. cit., III, 9.<br />317 Ibid., VI, 43.<br />318 Ibid., IX, 30.<br />319 D'où la douceur et la patience dont souvent font preuve les malades d'une nature très pure. Ils ont appris la leçon de la souffrance et ne font pas naitre de mauvais karma nouveau, en s'irritant contre les effets du mauvais karma qui s'épuise actuellement.<br />320 Saint Luc, V, 24.</p> <p style="text-align: center;">Ces déclarations de pardon – remarquez-le bien – sont constamment suivies de l'observation que le malade a fait preuve de "foi" ; en d'autres termes, le véritable agent déterminant l'épuisement du karma est le pécheur lui-même. Dans le passage relatif à la femme qui menait une vie déréglée, nous trouvons réunies les deux déclarations : Tes péchés te sont pardonnés… Ta foi t'a sauvée ; va en paix 321. – La foi – c'est le jaillissement, dans l'âme humaine, de sa propre essence divine cherchant à retrouver l'océan divin qui lui est semblable. Fait-elle irruption à travers la nature inférieure qui l'emprisonne comme la source jaillit à travers les mottes de terre qui la recouvrent, la force ainsi libérée agit sur la nature humaine toute entière et en accorde les vibrations avec les siennes. L'homme ne devient conscient de ce travail qu'à l'heure où la croute karmique du mal est ainsi brisée. La certitude joyeuse de l'existence, en lui-même, d'une puissance naguère ignorée, dont la naissance coïncide avec l'épuisement du karma mauvais, entre pour une large part dans le bonheur, le soulagement et la force nouvelle dus au sentiment que le péché est "pardonné" et que ses conséquences ont pris fin.<br />Cela nous amène au coeur de notre sujet : je veux parler de cette transformation qui s'opère dans la nature intérieure de l'homme, à l'insu de cette partie [237] de la conscience qui agit dans les limites cérébrales, jusqu'au moment où elle se manifeste soudainement dans ces limites, venant on ne sait d'où, éclatant "comme un coup de tonnerre dans le ciel bleu", jaillissant d'une source inconnue. Comment s'étonner que l'homme, stupéfait de cette invasion, ignorant tout des mystères de sa propre nature et de l'existence du "Dieu intérieur" qui est véritablement lui-même, croie recevoir de l'extérieur ce qui vient en réalité du dedans et, inconscient de sa propre Divinité, ne puisse concevoir dans le monde que des Divinités extérieures à lui-même. Or, cette erreur est d'autant plus facile à commettre que l'impact final, la vibration qui brise les murs de sa prison, est souvent la réponse de la Divinité qui est dans l'âme d'un autre homme ou de quelque Être surhumain, la réponse aux appels pressants de la Divinité enfermée en lui-même. Souvent l'homme est conscient de cette aide fraternelle, sans comprendre qu'il l'a provoquée lui-même par le cri de sa nature intérieure. Une explication, donnée par une personne plus instruite que nous, peut élucider une difficulté intellectuelle, et cependant c'est notre propre intelligence qui, ainsi aidée, arrive à la solution ; une parole d'encouragement prononcée par une personne plus pure que nous peut nous donner la force d'accomplir un effort mental dont nous nous supposions incapables et cependant l'effort est nôtre. Un Esprit plus élevé que nous et plus conscient de sa Divinité peut, de même, nous aider à déployer notre propre énergie divine, bien que ce soit ce déploiement d'énergie qui nous élève à un plan supérieur. Tous, nous sommes unis, par les [238] liens d'un service fraternel, à ceux qui sont au-dessus comme à ceux qui sont au-dessous de nous. Et nous hésiterions à admettre que nous, si souvent à même d'aider, dans leur développement, des âmes moins avancées que la nôtre, nous puissions recevoir une assistance analogue de Ceux qui nous dominent de si haut, et que leur aide puisse accélérer considérablement nos progrès !</p> <p style="text-align: center;"><em>321 Saint Luc, VII, 48, 50.</em></p> <p style="text-align: center;">Parmi les transformations qui s'opèrent dans les profondeurs de la nature humaine à l'insu de la conscience inférieure, il en est qui affectent l'exercice de la volonté. L'Égo jette un regard en arrière sur son passé, en résume les résultats et, souffrant des fautes commises, décide qu'il changera d'attitude, décide qu'il changera le mode de son activité. Le véhicule inférieur continue, sous l'influence des impulsions anciennes, à s'emporter dans des directions qui l'amènent à se heurter violemment contre la loi. L'Égo n'en décide pas moins qu'il suivra une ligne de conduite différente. Jusqu'alors il a cédé à l'attrait du principe animal ; les plaisirs du monde inférieur l'ont tenu enchainé. Maintenant il se tourne vers le but véritable de l'évolution et prend la résolution de travailler pour des joies plus hautes. Il voit le monde entier en voie d'évolution et comprend qu'en se mettant en travers de ce courant formidable, il sera jeté de côté, cruellement meurtri ; il réalise, par contre, qu'en suivant le flot, il sera emporté sur son sein et amené jusque dans le port qu'il désire atteindre.<br />L'Égo se décide donc à transformer sa vie, revient délibérément sur ses pas, fait face en arrière. Cet effort qu'il tente pour amener sa nature inférieure dans la direction nouvelle a pour conséquence immédiate beaucoup de souffrances et de troubles. Les habitudes contractées sous l'influence des idées anciennes résistent obstinément à l'action des idées nouvelles, et un conflit cruel s'élève. Petit à petit la conscience qui se manifeste à travers le cerveau accepte la décision prise sur les plans supérieurs ; alors nait en elle, par le fait même qu'elle s'incline devant la loi, le "sentiment du péché". La conviction qu'on a fait fausse route devient plus profonde ; le remords s'empare du mental ; des efforts mal réglés sont faits pour devenir meilleur, mais se brisent contre les vieilles habitudes, jusqu'à ce que l'homme, accablé de douleur, songeant au passé, désespéré en voyant le présent, reste plongé dans des ténèbres sans issue. Enfin, la souffrance toujours croissante arrache à l'Égo un cri suppliant, et une réponse lui est renvoyée des profondeurs intimes de sa propre nature, par le Dieu qui vit en lui, comme dans tout ce qui l'entoure, par la Vie de sa Vie. Il abandonne donc la nature inférieure, qui lui fait obstacle, et se tourne vers la nature supérieure, qui est essentiellement lui-même, laisse le moi séparé qui le torture, pour le MOI unique qui est le Coeur de tous.<br />Or, changer ainsi d'objectif, c'est se détourner de l'obscurité pour faire face à la lumière. La lumière n'avait jamais cessé de briller, mais l'homme lui tournait le dos. Maintenant il voit le soleil, dont l'éclat réjouit son regard et inonde de joie tout son être. Son coeur était fermé, mais s'ouvre maintenant sans réserve, et l'océan de la vie, semblable à une marée puissante, y pénètre et l'inonde de bonheur. [240] Les vagues d'une vie nouvelle se succèdent et le soulagent. La joie de l'aube rayonne. Il comprend que son passé ne se répètera plus, car le chemin qu'il est décidé à suivre le mène dans des régions plus hautes ; il ne se soucie point de la souffrance que le passé peut lui léguer encore, sachant que le présent ne transmettra plus à l'avenir d'amertumes semblables.<br />Le sentiment de paix, de joie, de liberté, voilà ce qui a été appelé le résultat du pardon des péchés. Les obstacles opposés par la nature inférieure au Dieu du dedans et au Dieu du dehors sont renversés, et cette nature a peine à comprendre que la transformation se soit opérée en elle-même et non dans l'Âme Suprême 322. Un enfant repousse la main maternelle qui voudrait le guider ; il tourne son visage vers la muraille, se croit peut-être seul et oublié, jusqu'à ce qu'il se retourne en poussant un cri et se retrouve entouré des bras protecteurs qui étaient restés là, tout près de lui. Tel l'homme, dans sa présomption, repousse les bras protecteurs de la Mère divine des mondes, mais s'aperçoit, en regardant en arrière, qu'il n'a jamais quitté ce sûr abri ; quels que soient ses écarts, il n'échappe pas à cet amour vigilant.<br />Le passage de la Bhagavad Gîtâ, déjà cité en partie, nous donne l'explication de cette transformation qui amène "le pardon". – "Le plus grand des pécheurs m'adore-t-il sans réserve, lui aussi doit être regardé comme un juste, car la résolution qu'il a prise est [241] bonne." – Cette bonne résolution amène un résultat inévitable : "Bientôt il devient soumis et trouve la paix 323."</p> <p style="text-align: center;"><em>322 OVERSOUL… "Cette unité, cette âme suprême dans laquelle chaque être est contenu et unifié, uni aux autres…" (Emerson, trad. Maeterlink. (NDT))</em><br /><em>323 Loc. cit., IX, 31.</em></p> <p style="text-align: center;">Le péché consiste essentiellement à opposer la volonté de la partie à la volonté du tout, le principe humain au principe Divin. Quand le changement s'est opéré, quand l'Égo unit sa volonté séparée à la volonté qui agit dans le sens évolutif, alors, dans la région où vouloir et agir ne font qu'un, où les effets se montrent inséparables des causes, l'homme est "regardé comme un juste". Or, des effets correspondants se manifestant invariablement dans les plans inférieurs, "bientôt il devient soumis" en action, après l'être devenu en volonté. Ici-bas, nous jugeons d'après les actions, feuilles mortes du passé ; là-haut le jugement porte sur les volontés, semences en germination d'où sortira l'avenir. Voilà pourquoi, dans le monde inférieur, le Christ exhorte toujours les hommes à ne point juger 324.<br />Des défaillances sont possibles, après même que l'homme se soit franchement engagé dans la nouvelle direction et que celle-ci est devenue pour lui une habitude. Pistis Sophia y fait allusion, dans un passage où les disciples demandent à Jésus si un homme peut, en se repentant, être admis de nouveau dans les Mystères après une défaillance. La réponse de Jésus est affirmative, mais Il déclare qu'à un certain moment la réadmission devient impossible, sauf pour le Mystère suprême, qui pardonne toujours. – "Amen, amen, vous dis-je ; quiconque, après avoir reçu les mystères du premier mystère, retombera et commettra [243] (jusqu'à) douze transgressions, mais se repentira ensuite douze fois, en invoquant le mystère du premier mystère, sera pardonné. Mais s'il commet plus de douze transgressions, s'il retombe et pèche encore, il n'obtiendra pas indéfiniment la rémission de sa faute de manière à pouvoir rentrer dans son mystère, quel qu'il soit. Il ne lui appartient plus de se repentir, à moins qu'il n'ait reçu les mystères de cet ineffable qui toujours a compassion et remet les péchés aux siècles des siècles 325."<br />Ces relèvements après les défaillances, avec leur "rémission des péchés", nous les constatons dans la vie humaine, surtout dans les phases avancées de l'évolution. Tel homme voit une occasion mise à sa portée ; il s'assurerait, en la saisissant, des possibilités de développement nouvelles ; mais il n'y parvient pas et ne peut se maintenir au niveau qu'il avait atteint et qui lui avait valu cette occasion de s'élever encore. Pour le moment, tout progrès lui est interdit ; il est obligé de réunir ses forces et de parcourir de nouveau, avec lassitude, le terrain déjà gagné, pour remonter enfin et reprendre pied dans la position d'où il avait glissé. Alors seulement se fait entendre une douce Voix ; elle lui annonce que le passé n'est plus, que sa faiblesse s'est changée en force, que le portail s'ouvre de nouveau devant lui.</p> <p style="text-align: center;"><em>324 Saint Matth., VII, 1.</em><br /><em>325 Loc. cit., 1. II, § 305.</em></p> <p style="text-align: center;">Ici encore le "pardon" n'est que la déclaration, faite par une autorité compétente, de la situation réelle, la permission d'entrer accordée à ceux qui en sont dignes, refusée aux autres. Supposez qu'un homme ait failli ; cette déclaration lui donnera l'impression d'être "un baptême pour la rémission des péchés" et lui rendra le privilège perdu par sa propre faute. Il en résultera certainement pour lui de la joie et de la paix, la disparition d'une accablante tristesse, le sentiment que les entraves du passé ont enfin été détachées de ses pieds.<br />Reste une vérité qu'il ne faut jamais oublier : nous vivons dans un océan de lumière, d'amour et de béatitude qui nous entoure sans cesse – la Vie de Dieu. Semblable au soleil inondant la terre de sa clarté, cette Vie éclaire toutes choses. Seulement, ce Soleil-là ne se couche jamais. Par notre égoïsme, notre sècheresse de coeur, notre intolérance et notre impureté, nous empêchons la lumière de pénétrer notre conscience ; elle n'en brille pas moins sur nous, nous baigne de toutes parts et exerce sur les murailles élevées par nous-mêmes une pression douce, mais, en même temps, forte et persistante. L'âme renverse-t-elle ces remparts, la lumière y pénètre, l'âme se trouve inondée de Soleil et respire avec bonheur l'atmosphère céleste car le Fils de l'Homme est dans le ciel, bien qu'il ne le sache point, et les brises d'en haut viendront caresser son front s'il l'expose à leur souffle. Toujours Dieu respecte l'individualité humaine ; Il ne pénètre notre conscience que le jour où cette conscience s'ouvre pour Le recevoir. Voici, je me tiens à la porte et je frappe 326 : telle est l'attitude de toutes les Intelligences du monde spirituel vis-à-vis de l'âme qui se développe. Si Elles attendent que la porte s'ouvre, ce n'est pas faute de sympathie, mais un effet de Leur profonde sagesse. [244]<br />L'homme n'est soumis à aucune contrainte ; il est libre ; il n'est pas esclave, mais potentiellement un Dieu ; sa croissance ne saurait être forcée ; elle doit procéder d'une volonté intérieure. Comme l'enseignait Giordano Bruno, Dieu n'influence l'homme que lorsque sa volonté s'y prête. Et pourtant Dieu est "partout, et prêt à secourir tous ceux qui font appel à Lui par un acte de leur intelligence et se donnent à Lui sans réserve, avec amour et spontanément 327". – "La puissance divine qui est tout en tous ne s'offre ni ne se refuse ; c'est nous qui l'assimilons ou la rejetons 328." – "Elle s'absorbe rapidement, comme la lumière solaire, sans hésitation, et se manifeste pour quiconque se tourne vers elle et s'ouvre à son influence… Quand les fenêtres sont ouvertes, le soleil entre instantanément ; il en est de même dans les cas dont je parle 329."<br />C'est donc au sentiment du "pardon" qu'est due la joie qui remplit le coeur, au moment où la volonté s'harmonise avec le Divin, où, l'âme ayant ouvert ses fenêtres, le soleil d'amour et de lumière se répand en elle, où la partie sent qu'elle appartient à l'ensemble, où la Vie Unique fait tressaillir toutes les veines. Telle est la vérité sublime qui donne de la valeur aux expositions les plus naïves du "pardon des péchés" et leur permet souvent, malgré leur insuffisance au point de vue intellectuel, d'amener les hommes à une vie pure et spirituelle. Telle est la vérité montrée dans les Mystères Mineurs.</p> <p style="text-align: center;"><em>326 Apoc., III, 20.</em><br /><em>327 G. BRUNO, trad. L. Williams, The Heroic Enthusiasts, vol. I, p. 133.</em><br /><em>328 Ibid., vol. II, pp 27, 28.</em><br /><em>329 Ibid., pp. 102, 103.</em></p> CHAPITRE XII — LES SACREMENTS 2019-06-24T12:12:34+00:00 2019-06-24T12:12:34+00:00 http://hierarchie.eu/helena-roerich/10-accueil/1116-chapitre-xii-les-sacrements Super User bon.christo@free.fr <p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt;"><strong>CHAPITRE XII </strong></span></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt;"><strong>— </strong></span></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt;"><strong>LES SACREMENTS</strong></span></p> <p style="text-align: center;"><br />Toute religion offre certaines cérémonies, certains rites, auxquels les hommes qui pratiquent cette religion attachent une importance essentielle et auxquels ils attribuent le don de conférer aux participants des avantages déterminés. Le nom de Sacrement, ou une expression équivalente, a été donné à ces cérémonies, et toutes présentent le même caractère. Peu d'éclaircissements concernant leur nature et leur sens ont encore été donnés, mais ceci fait partie des autres sujets expliqués jadis dans les Mystères Mineurs.<br />Deux de ses propriétés constituent le caractère particulier d'un Sacrement : d'abord la cérémonie exotérique. C'est une allégorie pittoresque, une représentation au moyen d'actions et de substances, et non pas une allégorie verbale, ni un enseignement donné de vive voix et renfermant une vérité. C'est une représentation par un "acteur", l'emploi de certains objets matériels suivant des règles déterminées. Le choix de ces objets, les cérémonies qui accompagnent leur manipulation, ont pour but de représenter, [246] comme en un tableau, une vérité destinée à impressionner intellectuellement les assistants. Tel est le premier caractère, le caractère évident d'un Sacrement, le distinguant de toute autre forme de culte ou de méditation. Le Sacrement exerce une action sur les personnes qui seraient incapables de saisir sans images une vérité subtile et leur présente sous une forme frappante et impressionnante la vérité qui, autrement, leur échapperait. En étudiant un Sacrement, il faut toujours d'abord tenir compte de ce fait qu'il est une image allégorique. Les points essentiels à examiner seront donc : les objets matériels constituant l'allégorie, leur mode d'emploi, enfin la pensée que l'ensemble est destiné à faire comprendre.<br />La deuxième caractéristique d'un Sacrement se rattache à des faits du monde invisible ; elle est du domaine de la science occulte. L'officiant devrait posséder ces connaissances, car de son savoir dépend en grande partie, sinon complètement, l'efficacité du Sacrement. Le Sacrement établit un lien entre le monde matériel et les régions subtiles et invisibles dont il dépend, un lien entre le visible et l'invisible. Il ne se borne pas à relier ce monde aux autres mondes ; il constitue encore une méthode qui transmue les énergies du monde invisible en actions dans le monde physique, méthode réelle de changer des énergies d'un certain ordre en énergies d'un ordre différent, aussi littéralement que, dans une pile, l'énergie chimique se change en énergie électrique. Les énergies ont toutes une seule et même base, qu'elles appartiennent aux mondes visibles ou invisibles. Cependant les énergies diffèrent suivant le [247] degré de matérialité du milieu par lequel s'opère leur manifestation. Un Sacrement est une sorte de creuset dans lequel s'élabore l'alchimie spirituelle. Une énergie placée dans ce creuset et soumise à certaines manipulations en ressortira transformée. C'est ainsi qu'une énergie d'ordre subtil, appartenant aux régions élevées de l'univers, peut être mise en relation directe avec des personnes vivant dans le monde physique, si bien qu'elle les affecte dans le monde physique, comme elle le fait dans son propre domaine. Le Sacrement constitue le pont suprême entre l'invisible et le visible et permet de soumettre directement à ces énergies les personnes qui remplissent les conditions nécessaires et participent au Sacrement.<br />Les Sacrements de l'Église Chrétienne perdirent en dignité, et l'on oublia presque leurs propriétés occultes parmi les Chrétiens qui se séparèrent de l'Église Catholique Romaine à l'époque de la "Réformation". Le premier schisme qui sépara l'Orient de l'Occident, formant l'Église Grecque Orthodoxe, d'une part, l'Église Romaine, de l'autre, n'affaiblit en rien la foi dans les Sacrements, qui demeurent pour ces deux grandes communautés le lien avéré entre le visible et l'invisible et sanctifient la vie du croyant depuis le berceau jusqu'à la tombe. Les Sept Sacrements du Christianisme couvrent la vie tout entière, depuis le Baptême, qui accueille le fidèle en ce monde, jusqu'à l'Extrême-Onction, qui marque son départ ; ils ont été institués par des Occultistes, par des hommes connaissant les mondes invisibles. Les substances employées, les mots prononcés, les signes faits par l'officiant, ont tous été choisis en connaissance de [248] cause et combinés de manière à déterminer certains effets.<br />À l'époque de la Réformation, les Églises dissidentes qui secouèrent le joug de Rome étaient dirigées, non pas par des Occultistes, mais par des hommes ordinaires. Les uns étaient bons, les autres mauvais, mais tous ignoraient absolument les faits des mondes invisibles et ne voyaient du Christianisme que son enveloppe extérieure, son enseignement littéral et son culte exotérique. Par suite, les Sacrements perdirent la place prépondérante qu'ils occupaient dans le culte Chrétien ; dans la plupart des confessions Protestantes, ils se réduisirent à deux, le Baptême et l'Eucharistie. Les principales Églises dissidentes ne refusèrent pas absolument aux autres le caractère sacramentel, mais ces deux Sacrements furent mis à part et considérés comme obligatoires pour chacun, aucun fidèle ne pouvant, sans y participer, être regardé comme faisant partie de l'Église.<br />La définition générale d'un Sacrement est donnée d'une manière très exacte, sauf les mots superflus "institué par le Christ Lui-même", dans le Catéchisme de l'Église Anglicane. Encore ces mots pourraient-ils être maintenus, si le mot "Christ" était pris dans le sens mystique. Un Sacrement, nous est-il dit, est, "un signe extérieur et visible d'une grâce intérieure et spirituelle qui nous est accordée – institué par Christ Lui-même, comme un moyen de nous faire recevoir cette grâce et comme un gage de sa réception".<br />Cette définition marque les deux caractères distinctifs dont nous avons parlé plus haut. "Le signe extérieur [249] et visible" est l'image allégorique. Quant aux mots "un moyen de nous faire recevoir cette grâce… intérieure et spirituelle" – ils indiquent la deuxième propriété. Cette dernière phrase mérite d'arrêter les réflexions des membres des Églises Protestantes qui regardent les Sacrements comme de simples formes et comme des cérémonies extérieures, car elle déclare avec netteté que le Sacrement est réellement un canal de la grâce ; c'est-à-dire que sans lui la grâce ne saurait passer de la même façon du monde spirituel dans le monde physique. C'est reconnaitre, de la manière la plus claire, que le Sacrement envisagé sous son deuxième aspect est un moyen d'attirer sur la terre l'activité des pouvoirs spirituels.<br />Pour bien comprendre un Sacrement, il est nécessaire d'admettre, une fois pour toutes, l'existence dans la Nature d'un côté occulte ou caché ; c'est ce qu'on a nommé le côté vie, le côté conscience, ou, plus exactement, l'intellect dans la Nature. Tout acte sacramentel a pour base la croyance que le monde invisible exerce une action puissante sur le monde visible, et, pour comprendre un Sacrement, il faut posséder quelques notions concernant les Intelligences invisibles qui administrent la Nature. Nous avons vu, en étudiant la doctrine de la trinité, que l'Esprit Se manifeste sous l'aspect d'un SOI triple et que le Champ de Sa manifestation active est la Matière, le côté forme de la Nature, souvent considéré, avec raison d'ailleurs, comme la Nature elle-même. Il faut étudier ces deux aspects, celui de la vie et celui de la forme, pour arriver à comprendre un Sacrement. [250]<br />Entre la Trinité et l'humanité s'échelonnent des degrés et des hiérarchies nombreuses d'êtres invisibles. Les plus élevés sont les Sept Esprits de Dieu, les Sept Feux ou Flammes, qui se tiennent devant le trône de Dieu 330. Chacun d'eux est le Chef d'une armée d'Intelligences qui, toutes, partagent Sa nature et agissent sous Sa direction. Ces Intelligences forment, Elles aussi, une hiérarchie : ce sont les Trônes, les Vertus, les Puissances, les Princes, les Dominations, les Archanges, les Anges mentionnés dans les écrits des Pères de l'Église initiés aux Mystères. Il existe donc sept grandes armées d'Êtres dont l'Intelligence représente, dans la Nature, l'Intelligence divine ; ces Êtres sont présents dans toutes les régions de la Nature ; Ils sont l'âme de ces énergies. Au point de vue de l'occultisme, ni la force, ni la matière ne peuvent mourir ; elles sont l'une et l'autre vivantes et actives. Une énergie, ou groupe d'énergies, est le voile d'une Intelligence ou Conscience, dont cette énergie est l'expression extérieure. La matière qui sert de milieu à cette énergie lui fournit une forme qu'elle dirige ou anime. Tout enseignement ésotérique restera un livre fermé pour quiconque n'envisage point la Nature de cette manière. Sans ces Vies angéliques, ces innombrables Intelligences invisibles, ces Consciences servant d'âme à la force et à la matière 331 qui constituent la Nature, la Nature elle-même demeurerait inintelligible et, de plus, ne se rattacherait ni à la [251] Vie Divine qui se meut en elle et autour d'elle, ni aux vies humaines qui évoluent dans son sein. Ces Anges innombrables servent de lien entre les mondes. Le fait que les catégories humaines font partie de ces hiérarchies intelligentes jette une lumière nouvelle sur le problème de l'Évolution. Ces Anges sont les enfants de Dieu, nos ainés qui chantaient en triomphe lorsque les Etoiles du Matin poussaient ensemble des cris de joie 332.<br />D'autres êtres – les vies animales, minérales, élémentales – sont aussi inférieurs à nous, en évolution, que nous sommes inférieurs aux Anges ; si bien qu'en poursuivant notre étude nous arrivons à concevoir l'Existence comme une Roue immense, constituée par des existences innombrables, solidaires, nécessaires les unes aux autres, et l'homme comme une Intelligence vivante, comme un être conscient de lui-même, occupant dans cette Roue sa place particulière. La Volonté divine ne cesse de faire tourner la Roue, et les Intelligences vivantes qui la forment apprennent à coopérer avec cette Volonté ; sont-elles cause, par leur négligence ou leur opposition, de brisures ou de lacunes, la Roue patine, tourne avec lenteur, et le char de l'évolution n'avance que péniblement.</p> <p style="text-align: center;"><em>330 Apoc., IV, 5.</em><br /><em>331 Les termes "force et matière" sont ici employés, car ils font partie du langage scientifique ; mais la force est une des propriétés de la matière, celle qu'on appelle le mouvement. V. Ante, p. 270.</em><br /><em>332 Job, XXXVIII, 7.</em></p> <p style="text-align: center;"><br />Ces innombrables Vies, supérieures et inférieures à l'homme, entrent en rapport avec la conscience humaine par des moyens parfaitement déterminés, entre autres par les sons et les couleurs. Tout son est représenté dans les mondes invisibles par une forme, et des combinaisons de sons y créent des formes [252] compliquées 333. Dans la matière subtile de ces mondes, les couleurs accompagnent toujours le son, ce qui donne lieu à des formes multicolores, souvent d'une extrême beauté. Les vibrations qui se produisent dans le monde visible, quand une note résonne, éveillent, dans les mondes invisibles, d'autres vibrations dont chacune a un caractère propre, dont chacune est susceptible de produire certains effets. Pour communiquer avec les Intelligences sub-humaines appartenant au niveau inférieur des mondes invisibles, exercer notre autorité sur elles et les diriger, il faut employer des sons ayant la propriété d'amener les résultats cherchés ; de même, ici-bas, le langage se compose de sons déterminés. Pour communiquer avec les Intelligences supérieures, il est bon d'employer certains sons, afin de créer une atmosphère harmonieuse qui se prête à leur action et rende en même temps nos propres corps subtils réceptifs à leur influence.<br />L'effet produit sur les corps subtils joue un grand rôle dans l'emploi occulte des sons. Ces corps, comme le corps physique, sont dans un état de vibration perpétuel ; toute pensée, tout désir modifie leurs vibrations qui, par leur caractère changeant et irrégulier, s'opposent à toute vibration nouvelle venant du dehors. C'est précisément pour amener les corps subtils à se prêter aux influences d'en haut que l'on emploie des sons ramenant les vibrations irrégulières à un rythme soutenu, d'une nature semblable au rythme de l'intelligence à atteindre. Tel est l'objet de toute phrase [253] souvent répétée. Un musicien donne, lui aussi, une même note, jusqu'à ce que tous les instruments soient au même ton. Pour que l'influence de l'Être cherché puisse pénétrer, sans trouver de résistance, la nature de l'adorateur, il faut que les corps subtils soient mis au même ton que le Sien. De tout temps, ce résultat fut obtenu par l'emploi des sons. Voilà pourquoi la musique a toujours fait partie du culte et que certaines cadences déterminées ont été soigneusement conservées et transmises de siècle en siècle.</p> <p style="text-align: center;"><em>333 Consultez au sujet des formes crées par les notes musicales, un traité quelconque d'acoustique et l'ouvrage illustré de Mme WATTS HUGHES : Voice Figures.</em></p> <p style="text-align: center;">Dans toute religion il existe des sons d'un caractère spécial, appelés "Formules d'Autorité", phrases appartenant à une langue particulière et chantées d'une manière particulière. Toute religion possède un certain nombre de ces phrases, de ces successions particulières de sons, souvent appelées aujourd'hui "mantras" – nom qu'elles reçoivent en Orient, où la science des mantras a été portée fort loin. Il n'est pas nécessaire qu'un mantra, composé de sons successifs combinés d'une certaine façon pour obtenir un résultat défini, appartienne exclusivement à une seule langue. Toute langue peut servir à cet usage ; certaines s'y prêtent pourtant mieux que d'autres, à la condition que la personne composant le mantra possède les connaissances occultes nécessaires. Il existe en Sanscrit des centaines de mantras composés, dans le passé, par des Occultistes familiarisés avec les lois des mondes invisibles. Ces mantras ont été transmis de génération en génération et se composent de mots particuliers, se succédant dans un certain ordre et chantés d'une certaine manière. Leur chant a pour effet d'éveiller des vibrations, par suite des formes, [254] dans les mondes physique et hyperphysique. Plus la science et la pureté de l'officiant sont grandes, plus seront élevés les mondes qu'il affectera par son chant ; ses connaissances sont-elles vastes, sa volonté forte et son coeur pur, il pourra disposer, par la récitation de ces antiques mantras, d'une puissance presque illimitée.<br />Encore une fois, il est inutile d'employer exclusivement une seule langue. Les mantras peuvent être rédigés en Sanscrit ou dans toute autre langue choisie par des hommes d'expérience.<br />Voilà pourquoi, dans l'Église Catholique Romaine, le Latin est toujours employé pour les actes d'adoration importants ; il ne joue pas ici le rôle d'une langue morte "que le peuple n'entend point" ; il représente dans les mondes invisibles une force vivante ; son emploi n'a pas pour objet de maintenir le peuple dans l'ignorance, mais bien d'éveiller dans les mondes invisibles certaines vibrations impossibles à obtenir au moyen des langues Européennes ordinaires, à moins qu'un grand Occultiste ne leur emprunte les successions de sons nécessaires. Traduire un mantra, c'est changer la "Formule d'Autorité" en une phrase quelconque ; les sons n'étant plus les mêmes, d'autres formes en résulteront.<br />Certaines combinaisons de mots Latins, avec la musique qui en est inséparable dans le culte Chrétien, produisent dans les mondes hyperphysiques les effets les plus marqués. Toute personne un peu impressionnable est à même de constater les effets particuliers causés par plusieurs des phrases les plus sacrées, spécialement dans la Messe. Toute personne assise [255] dans une attitude mentale de calme passif éprouve des effets vibratoires quand certaines de ces phrases sont prononcées par le prêtre ou par les chantres. D'autres effets, produits simultanément dans les mondes supérieurs, affectent d'une manière directe, et comme il a été dit, les corps subtils des fidèles ; ils constituent, d'autre part, pour les Intelligences de ces mondes, un appel aussi clair que le seraient des paroles adressées par une personne à une autre sur le plan physique – que cet appel soit une prière ou, dans certains cas, un ordre. Les sons, produisant des formes actives et étincelantes, s'élèvent de monde en monde, affectent la conscience des Intelligences qui les peuplent et déterminent certaines de ces entités à prêter leur assistance aux personnes qui prennent part aux offices.<br />Des mantras semblables forment une des parties essentielles de tout Sacrement.<br />Celui-ci offre encore, au point de vue extérieur et sensible, un caractère fort important : l'emploi de certains gestes nommés "Signes", "Sceaux" ou "Marques" – ces trois mots ayant, dans un Sacrement, une signification identique. Chaque signe présente un sens spécial ; il indique la direction imposée aux forces employées par l'officiant, que ces forces soient les siennes ou qu'il se borne à les transmettre. Quoi qu'il en soit, les signes sont nécessaires pour amener le résultat voulu et constituent une partie essentielle du rite sacramentel. Tout signe semblable est appelé "Signe d'Autorité", comme le mantra est une "Formule d'Autorité".<br />Il est intéressant de trouver, dans les ouvrages occultes anciens, des allusions à ces faits, aussi réels alors qu'ils le sont aujourd'hui. Le Livre des Morts des Égyptiens décrit le voyage posthume accompli par l'Âme et la manière dont elle est arrêtée et interpelée aux différents stades de ce voyage par les Gardes veillant à la porte qui donne accès à chacune des régions successives. Or l'Âme ne peut franchir aucune de ces portes sans connaitre deux choses : elle doit savoir prononcer certaine Parole, la "Formule d'autorité" ; elle doit savoir faire certain Signe, le "Signe d'autorité" ; quand cette Parole est prononcée, quand ce Signe est fait, les barres qui ferment la Porte tombent, et les Gardes s'effacent pour laisser entrer l'Âme. L'Évangile mystique Chrétien Pistis Sophia, déjà cité plus haut, renferme un récit semblable 334. Ici, le passage à travers les mondes n'est pas celui d'une Âme libérée de son enveloppe corporelle par la mort, mais celui d'une Âme qui l'a volontairement abandonnée au cours de son Initiation. De grandes Puissances, les Puissances de la Nature, lui barrent le chemin et, tant que l'Initié n'a pas donné le Mot et le Signe, lui refusent l'entrée de leurs royaumes. Cette double connaissance était donc requise : prononcer la "Formule d'Autorité" et faire le "Signe d'Autorité" ; sans elle, impossible d'avancer ; sans elle, un Sacrement n'est point un Sacrement.</p> <p style="text-align: center;"><em>334 V. Ante, pp. 142 et 307.</em></p> <p style="text-align: center;">Il y a plus. Dans tout sacrement, une substance physique est, ou devrait être, employée 335. Cette [257] substance est un Symbole de ce que le Sacrement doit conférer ; elle marque la "grâce intérieure et spirituelle" qu'il sert à transmettre ; elle constitue encore le canal matériel de la grâce, non plus symboliquement, mais en réalité, car une imperceptible modification dans la substance permet de l'appliquer une fin élevée.<br />Un objet physique se compose des molécules solides, liquides et gazeuses auxquelles le ramène l'analyse chimique, puis d'éther, qui pénètre les éléments les plus grossiers. Dans cet éther agissent les énergies magnétiques ; de plus, il est en rapport avec certains doubles, de matière subtile, dans lesquels agissent des énergies plus subtiles elles-mêmes, que les énergies magnétiques, mais analogues et plus puissantes.<br />L'objet est-il magnétisé, sa partie éthérique se modifie, les mouvements ondulatoires se trouvent changés, cadencés et amenés à suivre les mouvements ondulatoires de l'éther du magnétiseur ; l'objet partageant dès lors la nature de ce dernier, les molécules les plus denses soumises à l'action de l'éther changent progressivement la vitesse de leurs vibrations. De même, s'il a la force d'influencer les doubles subtils, le magnétiseur les fait vibrer sympathiquement avec les siens.<br />C'est le secret des guérisons magnétiques. Les vibrations irrégulières du malade sont forcées de s'accorder avec les vibrations régulières de l'opérateur bien portant, d'une manière aussi réelle qu'un objet soumis à un balancement irrégulier peut être ramené, par des coups répétés et rythmiques, à un balancement régulier. Un médecin peut magnétiser de [258] l'eau et, avec cette eau, rendre la santé à son malade, magnétiser un linge et produire la guérison en le plaçant sur le siège de la douleur, employer un aimant puissant ou le courant galvanique et rendre à un nerf son activité. Dans tous ces cas, l'éther est mis en mouvement, et c'est par lui que sont affectées les molécules physiques.</p> <p style="text-align: center;"><em>335 Dans le Sacrement de la Pénitence, les cendres sont aujourd'hui généralement omises, sauf dans des cas spéciaux ; elles n'en font pas moins partie du rite.</em></p> <p style="text-align: center;">Un résultat analogue se produit quand les substances employées dans un Sacrement sont soumises à la "Formule" ou au "Signe d'Autorité". Des modifications magnétiques se produisent dans l'éther de la substance physique ; en même temps les doubles subtils sont d'autant plus influencés que la science, la pureté et la dévotion de l'officiant qui magnétise ou, suivant le terme religieux, consacre l'objet, sont plus grandes. Enfin, la "Formule" et le "Signe d'autorité" assurent la présence des Anges que concernent spécialement les substances employées et la nature de l'acte ; ces Anges prêtent leur aide puissante, déversent leur propre énergie magnétique dans les doubles subtils et, par-là même, dans l'éther physique et renforcent les énergies de l'officiant. Il est impossible, lorsque l'on sait ce dont le magnétisme est capable, de mettre en doute la possibilité des transformations opérées de la sorte dans des objets matériels. Un savant, qui peut-être n'admet pas l'existence du monde invisible, a la faculté d'imprégner l'eau de sa propre énergie vitale au point qu'elle guérisse une maladie physique. Pourquoi donc refuser une faculté supérieure, mais de même nature, à des hommes dont la vie est sainte, le caractère noble et élevé, familiarisés avec le monde invisible ? Comme le savent fort [259] bien les personnes à qui sont accessibles les formes supérieures du magnétisme, la vertu des objets consacrés est très variable, et ces différences magnétiques proviennent du degré variable de science, de pureté, de spiritualité, du prêtre qui les consacre. Certaines personnes nient l'existence de tout magnétisme vital et ne croient pas plus à l'eau bénite de nos églises qu'à l'eau magnétisée des médecins ; elles raisonnent avec suite, mais font preuve d'ignorance. Quant aux personnes qui admettent l'utilité de la seconde et se moquent de la première, elles font preuve, non de sagesse et d'instruction, mais de préjugés et d'étroitesse d'esprit et montrent que leur scepticisme religieux fausse leur jugement et les prédispose à rejeter, quand il leur est offert par la religion, le don qu'ils acceptent de la science. Nous ajouterons quelques mots, dans le chapitre XIV, à cette question des "objets sacrés" en général.<br />En résumé, nous constatons que la forme extérieure du Sacrement a une extrême importance. Les substances employées éprouvent des changements véritables ; elles deviennent les véhicules d'énergies supérieures à celles qui leur appartiennent naturellement ; les personnes qui s'en approchent ou qui les touchent sentiront leurs propres corps éthériques et subtils impressionnés par un puissant magnétisme, favorisant la réception des influences d'en haut,<br />et se trouveront mises au diapason des Êtres exaltés auxquels s'adressent plus spécialement la "Formule" et le "Signe d'autorité" employés dans la consécration. Des Êtres appartenant au monde invisible assisteront au rite sacramentel et répandront sur les assistants [260] leur influence apaisante et miséricordieuse. Toute personne digne de participer à la cérémonie, dont la dévotion et la pureté sont assez grandes pour lui permettre de répondre sympathiquement aux vibrations produites, sentira son âme calmée, en touchant de si près aux réalités invisibles.</p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt;"><strong>CHAPITRE XII </strong></span></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt;"><strong>— </strong></span></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt;"><strong>LES SACREMENTS</strong></span></p> <p style="text-align: center;"><br />Toute religion offre certaines cérémonies, certains rites, auxquels les hommes qui pratiquent cette religion attachent une importance essentielle et auxquels ils attribuent le don de conférer aux participants des avantages déterminés. Le nom de Sacrement, ou une expression équivalente, a été donné à ces cérémonies, et toutes présentent le même caractère. Peu d'éclaircissements concernant leur nature et leur sens ont encore été donnés, mais ceci fait partie des autres sujets expliqués jadis dans les Mystères Mineurs.<br />Deux de ses propriétés constituent le caractère particulier d'un Sacrement : d'abord la cérémonie exotérique. C'est une allégorie pittoresque, une représentation au moyen d'actions et de substances, et non pas une allégorie verbale, ni un enseignement donné de vive voix et renfermant une vérité. C'est une représentation par un "acteur", l'emploi de certains objets matériels suivant des règles déterminées. Le choix de ces objets, les cérémonies qui accompagnent leur manipulation, ont pour but de représenter, [246] comme en un tableau, une vérité destinée à impressionner intellectuellement les assistants. Tel est le premier caractère, le caractère évident d'un Sacrement, le distinguant de toute autre forme de culte ou de méditation. Le Sacrement exerce une action sur les personnes qui seraient incapables de saisir sans images une vérité subtile et leur présente sous une forme frappante et impressionnante la vérité qui, autrement, leur échapperait. En étudiant un Sacrement, il faut toujours d'abord tenir compte de ce fait qu'il est une image allégorique. Les points essentiels à examiner seront donc : les objets matériels constituant l'allégorie, leur mode d'emploi, enfin la pensée que l'ensemble est destiné à faire comprendre.<br />La deuxième caractéristique d'un Sacrement se rattache à des faits du monde invisible ; elle est du domaine de la science occulte. L'officiant devrait posséder ces connaissances, car de son savoir dépend en grande partie, sinon complètement, l'efficacité du Sacrement. Le Sacrement établit un lien entre le monde matériel et les régions subtiles et invisibles dont il dépend, un lien entre le visible et l'invisible. Il ne se borne pas à relier ce monde aux autres mondes ; il constitue encore une méthode qui transmue les énergies du monde invisible en actions dans le monde physique, méthode réelle de changer des énergies d'un certain ordre en énergies d'un ordre différent, aussi littéralement que, dans une pile, l'énergie chimique se change en énergie électrique. Les énergies ont toutes une seule et même base, qu'elles appartiennent aux mondes visibles ou invisibles. Cependant les énergies diffèrent suivant le [247] degré de matérialité du milieu par lequel s'opère leur manifestation. Un Sacrement est une sorte de creuset dans lequel s'élabore l'alchimie spirituelle. Une énergie placée dans ce creuset et soumise à certaines manipulations en ressortira transformée. C'est ainsi qu'une énergie d'ordre subtil, appartenant aux régions élevées de l'univers, peut être mise en relation directe avec des personnes vivant dans le monde physique, si bien qu'elle les affecte dans le monde physique, comme elle le fait dans son propre domaine. Le Sacrement constitue le pont suprême entre l'invisible et le visible et permet de soumettre directement à ces énergies les personnes qui remplissent les conditions nécessaires et participent au Sacrement.<br />Les Sacrements de l'Église Chrétienne perdirent en dignité, et l'on oublia presque leurs propriétés occultes parmi les Chrétiens qui se séparèrent de l'Église Catholique Romaine à l'époque de la "Réformation". Le premier schisme qui sépara l'Orient de l'Occident, formant l'Église Grecque Orthodoxe, d'une part, l'Église Romaine, de l'autre, n'affaiblit en rien la foi dans les Sacrements, qui demeurent pour ces deux grandes communautés le lien avéré entre le visible et l'invisible et sanctifient la vie du croyant depuis le berceau jusqu'à la tombe. Les Sept Sacrements du Christianisme couvrent la vie tout entière, depuis le Baptême, qui accueille le fidèle en ce monde, jusqu'à l'Extrême-Onction, qui marque son départ ; ils ont été institués par des Occultistes, par des hommes connaissant les mondes invisibles. Les substances employées, les mots prononcés, les signes faits par l'officiant, ont tous été choisis en connaissance de [248] cause et combinés de manière à déterminer certains effets.<br />À l'époque de la Réformation, les Églises dissidentes qui secouèrent le joug de Rome étaient dirigées, non pas par des Occultistes, mais par des hommes ordinaires. Les uns étaient bons, les autres mauvais, mais tous ignoraient absolument les faits des mondes invisibles et ne voyaient du Christianisme que son enveloppe extérieure, son enseignement littéral et son culte exotérique. Par suite, les Sacrements perdirent la place prépondérante qu'ils occupaient dans le culte Chrétien ; dans la plupart des confessions Protestantes, ils se réduisirent à deux, le Baptême et l'Eucharistie. Les principales Églises dissidentes ne refusèrent pas absolument aux autres le caractère sacramentel, mais ces deux Sacrements furent mis à part et considérés comme obligatoires pour chacun, aucun fidèle ne pouvant, sans y participer, être regardé comme faisant partie de l'Église.<br />La définition générale d'un Sacrement est donnée d'une manière très exacte, sauf les mots superflus "institué par le Christ Lui-même", dans le Catéchisme de l'Église Anglicane. Encore ces mots pourraient-ils être maintenus, si le mot "Christ" était pris dans le sens mystique. Un Sacrement, nous est-il dit, est, "un signe extérieur et visible d'une grâce intérieure et spirituelle qui nous est accordée – institué par Christ Lui-même, comme un moyen de nous faire recevoir cette grâce et comme un gage de sa réception".<br />Cette définition marque les deux caractères distinctifs dont nous avons parlé plus haut. "Le signe extérieur [249] et visible" est l'image allégorique. Quant aux mots "un moyen de nous faire recevoir cette grâce… intérieure et spirituelle" – ils indiquent la deuxième propriété. Cette dernière phrase mérite d'arrêter les réflexions des membres des Églises Protestantes qui regardent les Sacrements comme de simples formes et comme des cérémonies extérieures, car elle déclare avec netteté que le Sacrement est réellement un canal de la grâce ; c'est-à-dire que sans lui la grâce ne saurait passer de la même façon du monde spirituel dans le monde physique. C'est reconnaitre, de la manière la plus claire, que le Sacrement envisagé sous son deuxième aspect est un moyen d'attirer sur la terre l'activité des pouvoirs spirituels.<br />Pour bien comprendre un Sacrement, il est nécessaire d'admettre, une fois pour toutes, l'existence dans la Nature d'un côté occulte ou caché ; c'est ce qu'on a nommé le côté vie, le côté conscience, ou, plus exactement, l'intellect dans la Nature. Tout acte sacramentel a pour base la croyance que le monde invisible exerce une action puissante sur le monde visible, et, pour comprendre un Sacrement, il faut posséder quelques notions concernant les Intelligences invisibles qui administrent la Nature. Nous avons vu, en étudiant la doctrine de la trinité, que l'Esprit Se manifeste sous l'aspect d'un SOI triple et que le Champ de Sa manifestation active est la Matière, le côté forme de la Nature, souvent considéré, avec raison d'ailleurs, comme la Nature elle-même. Il faut étudier ces deux aspects, celui de la vie et celui de la forme, pour arriver à comprendre un Sacrement. [250]<br />Entre la Trinité et l'humanité s'échelonnent des degrés et des hiérarchies nombreuses d'êtres invisibles. Les plus élevés sont les Sept Esprits de Dieu, les Sept Feux ou Flammes, qui se tiennent devant le trône de Dieu 330. Chacun d'eux est le Chef d'une armée d'Intelligences qui, toutes, partagent Sa nature et agissent sous Sa direction. Ces Intelligences forment, Elles aussi, une hiérarchie : ce sont les Trônes, les Vertus, les Puissances, les Princes, les Dominations, les Archanges, les Anges mentionnés dans les écrits des Pères de l'Église initiés aux Mystères. Il existe donc sept grandes armées d'Êtres dont l'Intelligence représente, dans la Nature, l'Intelligence divine ; ces Êtres sont présents dans toutes les régions de la Nature ; Ils sont l'âme de ces énergies. Au point de vue de l'occultisme, ni la force, ni la matière ne peuvent mourir ; elles sont l'une et l'autre vivantes et actives. Une énergie, ou groupe d'énergies, est le voile d'une Intelligence ou Conscience, dont cette énergie est l'expression extérieure. La matière qui sert de milieu à cette énergie lui fournit une forme qu'elle dirige ou anime. Tout enseignement ésotérique restera un livre fermé pour quiconque n'envisage point la Nature de cette manière. Sans ces Vies angéliques, ces innombrables Intelligences invisibles, ces Consciences servant d'âme à la force et à la matière 331 qui constituent la Nature, la Nature elle-même demeurerait inintelligible et, de plus, ne se rattacherait ni à la [251] Vie Divine qui se meut en elle et autour d'elle, ni aux vies humaines qui évoluent dans son sein. Ces Anges innombrables servent de lien entre les mondes. Le fait que les catégories humaines font partie de ces hiérarchies intelligentes jette une lumière nouvelle sur le problème de l'Évolution. Ces Anges sont les enfants de Dieu, nos ainés qui chantaient en triomphe lorsque les Etoiles du Matin poussaient ensemble des cris de joie 332.<br />D'autres êtres – les vies animales, minérales, élémentales – sont aussi inférieurs à nous, en évolution, que nous sommes inférieurs aux Anges ; si bien qu'en poursuivant notre étude nous arrivons à concevoir l'Existence comme une Roue immense, constituée par des existences innombrables, solidaires, nécessaires les unes aux autres, et l'homme comme une Intelligence vivante, comme un être conscient de lui-même, occupant dans cette Roue sa place particulière. La Volonté divine ne cesse de faire tourner la Roue, et les Intelligences vivantes qui la forment apprennent à coopérer avec cette Volonté ; sont-elles cause, par leur négligence ou leur opposition, de brisures ou de lacunes, la Roue patine, tourne avec lenteur, et le char de l'évolution n'avance que péniblement.</p> <p style="text-align: center;"><em>330 Apoc., IV, 5.</em><br /><em>331 Les termes "force et matière" sont ici employés, car ils font partie du langage scientifique ; mais la force est une des propriétés de la matière, celle qu'on appelle le mouvement. V. Ante, p. 270.</em><br /><em>332 Job, XXXVIII, 7.</em></p> <p style="text-align: center;"><br />Ces innombrables Vies, supérieures et inférieures à l'homme, entrent en rapport avec la conscience humaine par des moyens parfaitement déterminés, entre autres par les sons et les couleurs. Tout son est représenté dans les mondes invisibles par une forme, et des combinaisons de sons y créent des formes [252] compliquées 333. Dans la matière subtile de ces mondes, les couleurs accompagnent toujours le son, ce qui donne lieu à des formes multicolores, souvent d'une extrême beauté. Les vibrations qui se produisent dans le monde visible, quand une note résonne, éveillent, dans les mondes invisibles, d'autres vibrations dont chacune a un caractère propre, dont chacune est susceptible de produire certains effets. Pour communiquer avec les Intelligences sub-humaines appartenant au niveau inférieur des mondes invisibles, exercer notre autorité sur elles et les diriger, il faut employer des sons ayant la propriété d'amener les résultats cherchés ; de même, ici-bas, le langage se compose de sons déterminés. Pour communiquer avec les Intelligences supérieures, il est bon d'employer certains sons, afin de créer une atmosphère harmonieuse qui se prête à leur action et rende en même temps nos propres corps subtils réceptifs à leur influence.<br />L'effet produit sur les corps subtils joue un grand rôle dans l'emploi occulte des sons. Ces corps, comme le corps physique, sont dans un état de vibration perpétuel ; toute pensée, tout désir modifie leurs vibrations qui, par leur caractère changeant et irrégulier, s'opposent à toute vibration nouvelle venant du dehors. C'est précisément pour amener les corps subtils à se prêter aux influences d'en haut que l'on emploie des sons ramenant les vibrations irrégulières à un rythme soutenu, d'une nature semblable au rythme de l'intelligence à atteindre. Tel est l'objet de toute phrase [253] souvent répétée. Un musicien donne, lui aussi, une même note, jusqu'à ce que tous les instruments soient au même ton. Pour que l'influence de l'Être cherché puisse pénétrer, sans trouver de résistance, la nature de l'adorateur, il faut que les corps subtils soient mis au même ton que le Sien. De tout temps, ce résultat fut obtenu par l'emploi des sons. Voilà pourquoi la musique a toujours fait partie du culte et que certaines cadences déterminées ont été soigneusement conservées et transmises de siècle en siècle.</p> <p style="text-align: center;"><em>333 Consultez au sujet des formes crées par les notes musicales, un traité quelconque d'acoustique et l'ouvrage illustré de Mme WATTS HUGHES : Voice Figures.</em></p> <p style="text-align: center;">Dans toute religion il existe des sons d'un caractère spécial, appelés "Formules d'Autorité", phrases appartenant à une langue particulière et chantées d'une manière particulière. Toute religion possède un certain nombre de ces phrases, de ces successions particulières de sons, souvent appelées aujourd'hui "mantras" – nom qu'elles reçoivent en Orient, où la science des mantras a été portée fort loin. Il n'est pas nécessaire qu'un mantra, composé de sons successifs combinés d'une certaine façon pour obtenir un résultat défini, appartienne exclusivement à une seule langue. Toute langue peut servir à cet usage ; certaines s'y prêtent pourtant mieux que d'autres, à la condition que la personne composant le mantra possède les connaissances occultes nécessaires. Il existe en Sanscrit des centaines de mantras composés, dans le passé, par des Occultistes familiarisés avec les lois des mondes invisibles. Ces mantras ont été transmis de génération en génération et se composent de mots particuliers, se succédant dans un certain ordre et chantés d'une certaine manière. Leur chant a pour effet d'éveiller des vibrations, par suite des formes, [254] dans les mondes physique et hyperphysique. Plus la science et la pureté de l'officiant sont grandes, plus seront élevés les mondes qu'il affectera par son chant ; ses connaissances sont-elles vastes, sa volonté forte et son coeur pur, il pourra disposer, par la récitation de ces antiques mantras, d'une puissance presque illimitée.<br />Encore une fois, il est inutile d'employer exclusivement une seule langue. Les mantras peuvent être rédigés en Sanscrit ou dans toute autre langue choisie par des hommes d'expérience.<br />Voilà pourquoi, dans l'Église Catholique Romaine, le Latin est toujours employé pour les actes d'adoration importants ; il ne joue pas ici le rôle d'une langue morte "que le peuple n'entend point" ; il représente dans les mondes invisibles une force vivante ; son emploi n'a pas pour objet de maintenir le peuple dans l'ignorance, mais bien d'éveiller dans les mondes invisibles certaines vibrations impossibles à obtenir au moyen des langues Européennes ordinaires, à moins qu'un grand Occultiste ne leur emprunte les successions de sons nécessaires. Traduire un mantra, c'est changer la "Formule d'Autorité" en une phrase quelconque ; les sons n'étant plus les mêmes, d'autres formes en résulteront.<br />Certaines combinaisons de mots Latins, avec la musique qui en est inséparable dans le culte Chrétien, produisent dans les mondes hyperphysiques les effets les plus marqués. Toute personne un peu impressionnable est à même de constater les effets particuliers causés par plusieurs des phrases les plus sacrées, spécialement dans la Messe. Toute personne assise [255] dans une attitude mentale de calme passif éprouve des effets vibratoires quand certaines de ces phrases sont prononcées par le prêtre ou par les chantres. D'autres effets, produits simultanément dans les mondes supérieurs, affectent d'une manière directe, et comme il a été dit, les corps subtils des fidèles ; ils constituent, d'autre part, pour les Intelligences de ces mondes, un appel aussi clair que le seraient des paroles adressées par une personne à une autre sur le plan physique – que cet appel soit une prière ou, dans certains cas, un ordre. Les sons, produisant des formes actives et étincelantes, s'élèvent de monde en monde, affectent la conscience des Intelligences qui les peuplent et déterminent certaines de ces entités à prêter leur assistance aux personnes qui prennent part aux offices.<br />Des mantras semblables forment une des parties essentielles de tout Sacrement.<br />Celui-ci offre encore, au point de vue extérieur et sensible, un caractère fort important : l'emploi de certains gestes nommés "Signes", "Sceaux" ou "Marques" – ces trois mots ayant, dans un Sacrement, une signification identique. Chaque signe présente un sens spécial ; il indique la direction imposée aux forces employées par l'officiant, que ces forces soient les siennes ou qu'il se borne à les transmettre. Quoi qu'il en soit, les signes sont nécessaires pour amener le résultat voulu et constituent une partie essentielle du rite sacramentel. Tout signe semblable est appelé "Signe d'Autorité", comme le mantra est une "Formule d'Autorité".<br />Il est intéressant de trouver, dans les ouvrages occultes anciens, des allusions à ces faits, aussi réels alors qu'ils le sont aujourd'hui. Le Livre des Morts des Égyptiens décrit le voyage posthume accompli par l'Âme et la manière dont elle est arrêtée et interpelée aux différents stades de ce voyage par les Gardes veillant à la porte qui donne accès à chacune des régions successives. Or l'Âme ne peut franchir aucune de ces portes sans connaitre deux choses : elle doit savoir prononcer certaine Parole, la "Formule d'autorité" ; elle doit savoir faire certain Signe, le "Signe d'autorité" ; quand cette Parole est prononcée, quand ce Signe est fait, les barres qui ferment la Porte tombent, et les Gardes s'effacent pour laisser entrer l'Âme. L'Évangile mystique Chrétien Pistis Sophia, déjà cité plus haut, renferme un récit semblable 334. Ici, le passage à travers les mondes n'est pas celui d'une Âme libérée de son enveloppe corporelle par la mort, mais celui d'une Âme qui l'a volontairement abandonnée au cours de son Initiation. De grandes Puissances, les Puissances de la Nature, lui barrent le chemin et, tant que l'Initié n'a pas donné le Mot et le Signe, lui refusent l'entrée de leurs royaumes. Cette double connaissance était donc requise : prononcer la "Formule d'Autorité" et faire le "Signe d'Autorité" ; sans elle, impossible d'avancer ; sans elle, un Sacrement n'est point un Sacrement.</p> <p style="text-align: center;"><em>334 V. Ante, pp. 142 et 307.</em></p> <p style="text-align: center;">Il y a plus. Dans tout sacrement, une substance physique est, ou devrait être, employée 335. Cette [257] substance est un Symbole de ce que le Sacrement doit conférer ; elle marque la "grâce intérieure et spirituelle" qu'il sert à transmettre ; elle constitue encore le canal matériel de la grâce, non plus symboliquement, mais en réalité, car une imperceptible modification dans la substance permet de l'appliquer une fin élevée.<br />Un objet physique se compose des molécules solides, liquides et gazeuses auxquelles le ramène l'analyse chimique, puis d'éther, qui pénètre les éléments les plus grossiers. Dans cet éther agissent les énergies magnétiques ; de plus, il est en rapport avec certains doubles, de matière subtile, dans lesquels agissent des énergies plus subtiles elles-mêmes, que les énergies magnétiques, mais analogues et plus puissantes.<br />L'objet est-il magnétisé, sa partie éthérique se modifie, les mouvements ondulatoires se trouvent changés, cadencés et amenés à suivre les mouvements ondulatoires de l'éther du magnétiseur ; l'objet partageant dès lors la nature de ce dernier, les molécules les plus denses soumises à l'action de l'éther changent progressivement la vitesse de leurs vibrations. De même, s'il a la force d'influencer les doubles subtils, le magnétiseur les fait vibrer sympathiquement avec les siens.<br />C'est le secret des guérisons magnétiques. Les vibrations irrégulières du malade sont forcées de s'accorder avec les vibrations régulières de l'opérateur bien portant, d'une manière aussi réelle qu'un objet soumis à un balancement irrégulier peut être ramené, par des coups répétés et rythmiques, à un balancement régulier. Un médecin peut magnétiser de [258] l'eau et, avec cette eau, rendre la santé à son malade, magnétiser un linge et produire la guérison en le plaçant sur le siège de la douleur, employer un aimant puissant ou le courant galvanique et rendre à un nerf son activité. Dans tous ces cas, l'éther est mis en mouvement, et c'est par lui que sont affectées les molécules physiques.</p> <p style="text-align: center;"><em>335 Dans le Sacrement de la Pénitence, les cendres sont aujourd'hui généralement omises, sauf dans des cas spéciaux ; elles n'en font pas moins partie du rite.</em></p> <p style="text-align: center;">Un résultat analogue se produit quand les substances employées dans un Sacrement sont soumises à la "Formule" ou au "Signe d'Autorité". Des modifications magnétiques se produisent dans l'éther de la substance physique ; en même temps les doubles subtils sont d'autant plus influencés que la science, la pureté et la dévotion de l'officiant qui magnétise ou, suivant le terme religieux, consacre l'objet, sont plus grandes. Enfin, la "Formule" et le "Signe d'autorité" assurent la présence des Anges que concernent spécialement les substances employées et la nature de l'acte ; ces Anges prêtent leur aide puissante, déversent leur propre énergie magnétique dans les doubles subtils et, par-là même, dans l'éther physique et renforcent les énergies de l'officiant. Il est impossible, lorsque l'on sait ce dont le magnétisme est capable, de mettre en doute la possibilité des transformations opérées de la sorte dans des objets matériels. Un savant, qui peut-être n'admet pas l'existence du monde invisible, a la faculté d'imprégner l'eau de sa propre énergie vitale au point qu'elle guérisse une maladie physique. Pourquoi donc refuser une faculté supérieure, mais de même nature, à des hommes dont la vie est sainte, le caractère noble et élevé, familiarisés avec le monde invisible ? Comme le savent fort [259] bien les personnes à qui sont accessibles les formes supérieures du magnétisme, la vertu des objets consacrés est très variable, et ces différences magnétiques proviennent du degré variable de science, de pureté, de spiritualité, du prêtre qui les consacre. Certaines personnes nient l'existence de tout magnétisme vital et ne croient pas plus à l'eau bénite de nos églises qu'à l'eau magnétisée des médecins ; elles raisonnent avec suite, mais font preuve d'ignorance. Quant aux personnes qui admettent l'utilité de la seconde et se moquent de la première, elles font preuve, non de sagesse et d'instruction, mais de préjugés et d'étroitesse d'esprit et montrent que leur scepticisme religieux fausse leur jugement et les prédispose à rejeter, quand il leur est offert par la religion, le don qu'ils acceptent de la science. Nous ajouterons quelques mots, dans le chapitre XIV, à cette question des "objets sacrés" en général.<br />En résumé, nous constatons que la forme extérieure du Sacrement a une extrême importance. Les substances employées éprouvent des changements véritables ; elles deviennent les véhicules d'énergies supérieures à celles qui leur appartiennent naturellement ; les personnes qui s'en approchent ou qui les touchent sentiront leurs propres corps éthériques et subtils impressionnés par un puissant magnétisme, favorisant la réception des influences d'en haut,<br />et se trouveront mises au diapason des Êtres exaltés auxquels s'adressent plus spécialement la "Formule" et le "Signe d'autorité" employés dans la consécration. Des Êtres appartenant au monde invisible assisteront au rite sacramentel et répandront sur les assistants [260] leur influence apaisante et miséricordieuse. Toute personne digne de participer à la cérémonie, dont la dévotion et la pureté sont assez grandes pour lui permettre de répondre sympathiquement aux vibrations produites, sentira son âme calmée, en touchant de si près aux réalités invisibles.</p> CHAPITRE XIII — LES SACREMENTS (Suite) 2019-06-24T12:17:15+00:00 2019-06-24T12:17:15+00:00 http://hierarchie.eu/helena-roerich/10-accueil/1117-chapitre-xiii-les-sacrements-suite Super User bon.christo@free.fr <p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt;"><strong>CHAPITRE XIII</strong></span></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt;"><strong> — </strong></span></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt;"><strong>LES SACREMENTS (Suite)</strong></span></p> <p style="text-align: center;"><br />Appliquons maintenant ces principes généraux à des exemples concrets et voyons comment ils expliquent et justifient les rites sacramentels qui se trouvent dans chaque religion.<br />Il nous suffira de prendre comme exemples trois des Sept Sacrements en usage dans l'Église Catholique. Deux d'entre eux sont regardés comme obligatoires par tous les Chrétiens, bien que les Protestants les plus avancés les dépouillent de leur caractère sacramentel, leur refusent une valeur spéciale et y voient simplement une déclaration et une commémoration. Cependant, même ici, quand la dévotion est véritable, le coeur reçoit, dans une certaine mesure, la grâce sacramentelle que nie l'intellect. Le troisième n'est pas reconnu, même nominalement, par les Églises Protestantes, bien qu'il présente les signes essentiels d'un Sacrement, tels que les définit le Catéchisme de l'Église Anglicane cité plus haut 336. Le Premier est le Baptême, le second l'Eucharistie, [262] le troisième le Mariage. En retranchant le Mariage du rang des Sacrements, l'idéal élevé qu'il implique s'est trouvé dégradé ; c'est là, en partie, la cause du relâchement de ses liens, relâchement que déplorent tous les esprits réfléchis.<br />Le Sacrement du Baptême se retrouve dans toutes les religions, non seulement au début de la vie terrestre, mais, plus généralement, comme une cérémonie de purification. La cérémonie qui marque l'entrée du nouveau-né ou de l'adulte dans une religion présente, comme partie essentielle du rite, une aspersion d'eau. Dans le passé, comme de nos jours, cette pratique était universelle. – "L'idée d'employer l'eau comme emblème d'une purification spirituelle", fait remarquer le docteur Gilse, "est trop naturelle pour que l'on puisse s'étonner de l'antiquité de ce rite." – Le docteur Hyde, dans son traité sur la Religion des Anciens Persans, XXXIV, 406, nous affirme que le Baptême existait chez ce peuple. Ils n'ont pas, dit-il, l'habitude de circoncire leurs enfants, mais seulement de les baptiser ou de les soumettre à une ablution qui purifie l'âme. Ils portent l'enfant au prêtre, dans l'église, et le présentent devant le soleil et le feu, après quoi, ils considèrent l'enfant <br />comme plus sacré qu'il n'était auparavant. Suivant Lord, ils apportent l'eau destinée au baptême dans l'écorce de l'Yeuse (Holm tree). Cet arbre est en réalité la Haum des Mages, dont nous avons parlé ailleurs. Quelquefois le baptême est pratiqué différemment et, au dire de Tavernier, l'enfant est plongé dans une grande cuve d'eau. Après ces ablutions ou ce baptême, le prêtre [263] donne à l'enfant le nom choisi par les parents 337. – Quelques semaines après la naissance d'un enfant Indou, une cérémonie est célébrée, dont une partie consiste à asperger l'enfant avec de l'eau ; cette aspersion se retrouve d'ailleurs dans tout le culte Indou. Williamson cite des textes montrant que le baptême était pratiqué en Égypte, en Perse, au Tibet, en Mongolie, au Mexique, au Pérou, en Grèce, à Rome, en Scandinavie et parmi les Druides 338. Quelques-unes des prières citées sont d'une grande beauté : – "Je demande que cette eau céleste bleue et bleu clair, puisse entrer dans ton corps et y vivre. Je demande qu'elle puisse détruire en toi toutes les choses mauvaises et hostiles qui t'ont été données avant le commencement du monde." – "O enfant ! Reçois l'eau du Seigneur du monde, qui est notre vie : elle lave et purifie ; puissent ces gouttes effacer le péché qui t'a été donné avant la création du monde, puisque nous subissons tous son empire."</p> <p style="text-align: center;"><em>336 Ante, p. 334.</em></p> <p style="text-align: center;">Tertullien, dans un passage déjà cité 339, dit que chez les nations non Chrétiennes, le Baptême était un usage général. D'autres Pères de l'Église mentionnent ce fait.<br />Dans la plupart des Églises, une forme secondaire du Baptême accompagne toute cérémonie religieuse. Dans ce cas, l'eau est employée comme symbole de purification, impliquant l'idée que nul ne doit prendre part au culte sans avoir purifié son coeur et sa conscience. L'ablution extérieure symbolise la lustration [264] intérieure. Dans les Églises Grecque et Romaine, un petit bassin contenant l'eau bénite est placé près de chaque porte ; tout fidèle, en entrant, y trempe le doigt et se signe avant de s'avancer vers l'autel. Robert Taylor dit à ce sujet : "Les fonts baptismaux de nos Églises Protestantes – et plus spécialement encore, bien entendu, les petits réservoirs placés à l'entrée de nos chapelles Catholiques – ne sont pas des imitations, mais se rattachent directement aux aqua minaria ou amula que le savant Montfaucon, dans ses Antiquités, nous montre avoir été des vases remplis d'eau sainte placés par les païens à la porte de leurs temples, afin de s'asperger en pénétrant dans ces édifices sacrés 340."</p> <p style="text-align: center;"><em>337 Christian Records, p. 129.</em><br /><em>338 The Great Law, pp. 161-166.</em><br /><em>339 Ante, p. 155.</em></p> <p style="text-align: center;">340 Diegesis, p. 219.</p> <p style="text-align: center;"><br />Dans le Baptême administré le jour de l'admission première dans l'Église, comme dans ces lustrations secondaires, l'agent employé est l'eau, le fluide purificateur par excellence et, par conséquent, le meilleur symbole de la purification morale. Un mantra est prononcé au-dessus de cette eau, mantra représenté dans le rituel Anglais par la prière : "Sanctifie cette eau pour l'effacement mystique du péché", suivie de la formule – "au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen". – Telle est la "Formule d'Autorité" qu'accompagne le "Signe d'Autorité", le Signe de la Croix fait au-dessus de la surface de l'eau.<br />La "Formule" et le "Signe" donnent à l'eau, comme nous l'avons expliqué plus haut, une propriété qu'elle ne possédait pas auparavant : elle prend dès [265] lors, et à juste titre, le nom d'eau "Sainte" ; les puissances ténébreuses n'en approcheront point ; jetée sur le corps, elle communique un sentiment de paix et une vie spirituelle nouvelle. Dans le Baptême d'un enfant, l'énergie spirituelle donnée à l'eau par la "Formule" et par le "Signe" renforce la vie spirituelle de l'enfant. La "Formule d'autorité" est ensuite prononcée de nouveau, et cette fois sur l'enfant ; le "Signe" est tracé sur son front ; en même temps, dans ses corps subtils, les vibrations se font sentir, et la sommation d'avoir à protéger la vie ainsi sanctifiée se propage dans le monde invisible. Car le "Signe" est à la fois purificateur et protecteur ; il purifie la vie dont il amène l'effusion ; il protège par les vibrations qu'il éveille dans les corps subtils. Ces vibrations forment un rempart protecteur contre les attaques d'influences hostiles venant des mondes invisibles et, chaque fois que l'eau est touchée, que la "Formule" est prononcée, que le "Signe" est fait, il se produit un renouvèlement des énergies et une recrudescence des vibrations ; les unes et les autres exercent leur énergie sur les mondes invisibles et sont une aide pour l'officiant.<br />Dans l'Église Primitive, le Baptême était précédé d'une préparation très sérieuse, car les personnes reçues dans l'Église étaient, pour la plupart, des convertis venus des religions environnantes. Un converti devait passer par trois stades d'instruction successifs et n'en quittait aucun sans avoir assimilé les enseignements donnés ; il était ensuite, par le Baptême, reçu dans l'Église. Après cette cérémonie, et alors seulement, il apprenait le Crédo, qui se transmettait [266] toujours oralement et n'était jamais prononcé qu'en présence des croyants. Le Crédo permettait ainsi aux Chrétiens de se reconnaitre entre eux ; il constituait, pour l'homme capable de le réciter, une preuve de sa position dans l'Église et de sa qualité de membre baptisé. L'habitude du Baptême in extremis, qui finit par se généraliser, montre à quel point on avait alors foi dans la grâce communiquée par ce Sacrement. Convaincus des réalités du Baptême, des hommes et des femmes du monde, ne se souciant point de renoncer aux plaisirs temporels, ni de mener une vie pure, remettaient leur Baptême jusqu'à l'heure où la mort descendait sur eux, afin de pouvoir profiter de la grâce sacramentelle et franchir les portes de la Mort sans souillures et remplis de force spirituelle. Plusieurs des plus célèbres Pères de l'Église ont lutté avec énergie, et souvent avec succès, contre cet abus. L'un d'eux, saint Athanase, je crois, raconte à ce sujet une Histoire pittoresque ; c'était un homme d'un esprit caustique qui, parfois, ne dédaignait pas d'employer la plaisanterie pour mieux faire comprendre à ses auditeurs la folie ou la perversité de leur conduite. Il leur fit donc connaitre, un jour, qu'il s'était élevé, dans une vision, jusqu'aux portes du ciel, gardées par saint Pierre. Celui-ci, loin d'accueillir le visiteur avec un sourire bienveillant, lui marqua son mécontentement par un regard plein de sévérité. "Athanase, lui dit-il, pourquoi toujours m'envoyer ces sacs vides, soigneusement cachetés, mais qui ne renferment rien ?" Nous trouvons de ces paroles mordantes dans l'antiquité Chrétienne, car ces questions répondaient alors, pour les Chrétiens, à des réalités et [267] n'étaient pas de simples formes, comme elles le sont trop souvent aujourd'hui.<br />L'habitude de baptiser les enfants en bas âge s'établit graduellement dans l'Église ; par suite, l'instruction, qui tout d'abord précédait le Baptême, devint la préparation à la confirmation, par laquelle l'intelligence, dans la plénitude de ses moyens, renouvèle les promesses baptismales. L'admission d'un enfant dans l'Église est évidemment logique lorsqu'on admet que la vie humaine s'écoule simultanément dans trois mondes et qu'on sait que l'Esprit et l'Âme venus pour habiter le corps nouveau-né sont, non pas inconscients et inintelligents, mais conscients, intelligents et actifs dans les mondes invisibles. Il est bon et il est juste que l'homme invisible caché dans le coeur 341 soit accueilli en commençant cette étape nouvelle de son pèlerinage et que les influences les plus salutaires s'exercent sur le véhicule qu'il vient habiter et qu'il doit approprier à ses besoins. Si les yeux des hommes étaient ouverts, comme l'étaient jadis les yeux du serviteur d'Élisée, ils verraient les<br />chevaux et les charriots de feu rassemblés autour de la montagne où se tient le prophète de l'Éternel 342.</p> <p style="text-align: center;"><em>341 I, S. Pierre, III, 4 (Version Le Maistre de Sacy).</em></p> <p style="text-align: center;"><br />Passons maintenant à l'autre Sacrement que nous nous proposons d'étudier, le Sacrifice de l'Eucharistie, symbole du Sacrifice Éternel dont nous avons parlé plus haut, sacrifice quotidiennement célébré dans le monde entier par l'Église Catholique, image du Sacrifice par lequel les mondes ont été appelés à l'existence et sont maintenus à travers les siècles. [268] Il doit être offert chaque jour, son archétype étant perpétuel. Par cette célébration, les hommes mettent eux-mêmes en action la Loi du Sacrifice, s'identifient avec elle, reconnaissent son caractère d'unification et s'associent volontairement à elle dans l'action qu'elle exerce dans les différents mondes. Pour que cette identification soit complète, il faut recevoir la substance matérielle du Sacrement, mais les adorateurs sincères peuvent, dans une large mesure, en recevoir les bienfaits et contribuer à la propagation de son influence en s'associant mentalement et physiquement à l'acte sacramentel.<br />C'est affaiblir la cérémonie principale du culte Chrétien, c'est diminuer sa portée, que de se borner à voir en elle la commémoration d'un sacrifice ancien, une simple allégorie pittoresque ne renfermant point de vérité profonde qui en soit l'âme, un simple rite consistant à rompre le pain et à verser le vin sans s'associer en même temps au Sacrifice éternel. Envisager ainsi l'Eucharistie, c'est la réduire à une apparence, à une représentation inerte, au lieu d'y voir une réalité vivante. – La coupe de bénédiction que nous bénissons n'est-elle pas une communion (ne nous communique-t-elle pas – ne nous fait-elle pas partager) avec le sang du Christ ? – demande l'Apôtre. Le pain que nous rompons n'est-il pas une communion avec le corps du Christ 343 ? L'Apôtre montre ensuite que toutes les personnes mangeant d'un sacrifice participent à une même nature et forment un seul corps, qui est uni à l'Être présent dans le sacrifice [269] et partage son essence. Il est question ici d'un fait du monde invisible, et saint Paul en parle avec l'autorité que donne le savoir. Les Êtres Invisibles font passer leur essence dans les substances invariablement employées dans un rite sacramentel ; toutes les personnes absorbant ces substances, substances qui sont assimilées par le corps et dès lors en font partie, se trouvent en même temps unies à Ceux dont l'essence est renfermée dans les substances et acquièrent ainsi une nature commune. C'est vrai quand nous recevons des mains d'un autre homme notre nourriture ordinaire : sa nature, jusqu'à un certain point, et son magnétisme vital se mêlent aux nôtres. Á plus forte raison est-ce le cas lorsque la nourriture a été solennellement et intentionnellement imprégnée de magnétismes supérieurs affectant à la fois les corps subtils et le corps physique. Il faut, pour comprendre le sens et l'objet de l'Eucharistie, réaliser ces faits des mondes invisibles ; il faut y voir un lien entre la terre et le ciel et, de plus, un acte de culte universel, une manière de coopérer, de s'associer à la Loi du sacrifice ; sinon l'Eucharistie perd la plus grande partie de son sens.</p> <p style="text-align: center;"><em>342 II Rois, III, 17.</em><br /><em>343 1 Cor., X, 16.</em></p> <p style="text-align: center;">L'emploi du pain et du vin dans ce Sacrement est très ancien et très général ; il en est de même de l'eau, dans le Sacrement du Baptême. Les Perses offraient à Mithra le pain et le vin. Des offrandes analogues étaient en usage au Tibet et en Tartarie. Jérémie mentionne les gâteaux et la boisson offerts en Égypte à la Reine du Ciel par les Juifs qui prenaient [270] part au culte Égyptien 344. La Genèse nous dit que Melchisédech, le Roi-Initié, se servit de pain et de vin lorsqu'il bénit Abraham 345. Le pain et le vin étaient encore employés dans les Mystères de la Grèce, et Williamson retrouve cet usage parmi les Mexicains, les Péruviens, et les Druides 346.<br />Le pain symbolise, d'une manière générale, la nourriture qui entre dans la formation du corps ; le vin symbolise le sang envisagé comme le fluide vital. Car l'âme de la chair est dans le sang 347. Voilà pourquoi les membres d'une même famille sont dits "du même sang". "Être du même sang" qu'une autre personne signifie, de même, être son parent. De là aussi les vieilles cérémonies de "l'alliance du sang". Quand un étranger se trouvait admis dans une famille ou dans une tribu, l'une des personnes de la famille donnait quelques gouttes de son sang ; celles-ci étaient transfusées dans les veines de l'étranger, ou bien celui-ci les buvait, généralement mélangées à de l'eau, après quoi il était considéré comme membre-né de la famille ou de la tribu, comme étant du même sang. Dans l'Eucharistie, les fidèles partagent, de même, le pain, symbole du corps, de la nature du Christ, et le vin, symbole de Son sang et de Sa vie et par là s'allient et s'unissent à Lui.</p> <p style="text-align: center;"><em>344 Jér., XLIV.</em><br /><em>345 Gen., XIV, 18, 19.</em><br /><em>346 The Great Law, pp. 177-181, 185.</em><br /><em>347 Lévit., XVII, 11</em>.</p> <p style="text-align: center;">La "Formule d'Autorité" est : "Ceci est Mon Corps ; Ceci est Mon Sang." C'est elle qui amène la modification dont nous parlerons tout à l'heure et [271] transforme les substances en véhicules d'énergies spirituelles. "Le Signe d'Autorité" consiste à étendre la main au-dessus du pain et du vin ; le Signe de la Croix devrait être fait en même temps, bien que parfois les Protestants l'omettent. Tels sont les caractères extérieurs essentiels du Sacrement de l'Eucharistie.<br />Il est important de comprendre la modification qui se produit dans ce Sacrement, car elle est plus profonde que la magnétisation dont nous avons parlé plus haut, celle-ci, d'ailleurs, ayant lieu simultanément. Nous nous trouvons en présence d'un cas particulier d'une loi générale.<br />Pour l'occultiste, un objet visible est l'expression ultime, physique, d'une vérité invisible. Tout, ici-bas, est l'expression physique d'une pensée. Un objet n'est qu'une idée manifestée au-dehors sous une forme dense. Tous les objets de ce monde sont des idées Divines qui s'expriment dans la matière physique. Cela posé, la réalité d'un objet ne dépend pas de sa forme extérieure, mais bien de sa vie intérieure, de l'idée qui a façonné et moulé la substance, de manière à s'exprimer par elle. Dans les mondes supérieurs, la matière, étant très subtile et très plastique, répond très rapidement à l'idée ; elle change de forme en même temps que la pensée se modifie. En devenant de plus en plus dense et lourde, la pensée change de forme plus difficilement et plus lentement, jusqu'à ce qu'enfin, dans le monde physique, les modifications atteignent leur maximum de lenteur, à cause de la résistance de la matière épaisse dont se compose le monde physique. Néanmoins cette lourde matière elle-même [272] se modifie, avec le temps, sous la pression de l'idée qui en est l'âme ; nous en trouvons la preuve dans l'empreinte que laissent sur le visage les pensées et les émotions habituelles.<br />Telle est donc la vérité qui sert de base à la doctrine de Transsubstantiation, si extraordinairement incomprise en général, des Protestants ; mais c'est le sort des vérités occultes lorsqu'elles sont présentées aux ignorants. La "substance" transformée est l'idée qui constitue l'objet. Le "pain" n'est pas un simple composé de farine et d'eau. L'idée qui préside au mélange, la manipulation de la farine et de l'eau, voilà la "substance" dont est fait le "pain". La farine et l'eau sont, pour employer une expression technique, les "accidents" ou combinaisons matérielles qui donnent forme à l'idée. Supposez que l'idée, que la substance soient autres, la farine et l'eau prendraient une forme différente, ce qui est d'ailleurs le cas quand le corps les assimile. De même, les chimistes ont découvert qu'un même nombre d'atomes chimiques de même nature peuvent être combinés de différentes manières et devenir, par-là, des objets doués des propriétés les plus différentes, bien que les éléments ne changent point. La découverte de ces composés "isomériques" est une des plus intéressantes de la chimie moderne. L'arrangement d'atomes similaires suivant des idées différentes donne des corps différents.<br />Qu'est dont le changement de substance qui se produit dans les Espèces Eucharistiques ? L'idée qui fait l'objet a été changée. Dans leur état normal, le pain et le vin sont des aliments exprimant les idées [273] divines de substances nutritives, de substances propres à former les corps. L'idée nouvelle, c'est la nature et la vie du Christ, propres à former la nature et la vie spirituelles de l'homme. Voilà le changement de substance. L'objet reste le même en ses "accidents", en sa matière physique, mais la matière subtile qui l'accompagne s'est modifiée sous la pression de l'idée transformée, ayant acquis, par le fait de ce changement, des propriétés nouvelles ; celles-ci affectent les corps subtils des communiants et les harmonisent avec la nature de la vie du Christ. Mieux les communiants réalisent en eux-mêmes cette harmonie, et plus ils sont "dignes" du sacrement.<br />Le participant indigne, soumis aux mêmes influences, s'en trouve mal, car sa nature, résistant à la pression, est meurtrie et déchirée par les forces auxquelles elle est incapable de répondre. Un objet peut, de même, être mis en pièces par des vibrations qu'il lui est impossible de reproduire 348.<br />L'homme digne de participer au Sacrement s'unit donc au Sacrifice, au Christ, et par là s'identifie et s'unit à la Vie divine qui est le père du Christ. Au point de vue de la forme, le Sacrifice consiste à céder la vie qu'elle gardait jusque-là pour elle-même et à rendre à la Vie commune, à offrir le canal séparé, afin qu'il devienne le canal de la Vie Unique ; ce sacrifice a dés lors pour résultat l'union avec Dieu. La nature inférieure se donne afin de se fondre dans la nature supérieure ; le corps cesse d'être un instrument [274] de la volonté séparée, pour devenir l'instrument de la Volonté divine. C'est bien là offrir le corps en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu 349. L'Église enseigne donc, avec raison, que les Communiants dignes de l'Eucharistie reçoivent une partie de la vie du Christ répandue pour les hommes. La transmutation des principes inférieurs en principes supérieurs, tel est l'objet de ce Sacrement, comme de tous les autres. Les participants cherchent à transformer les forces inférieures en les unissant à des forces plus exaltées. Il est possible, en connaissant la vérité intérieure et en croyant à la vie d'en haut, d'entrer en contact plus direct et plus complet, par les Sacrements de toute religion, avec la Vie divine qui maintient les mondes. La seule condition est d'apporter au rite la nature réceptive, l'acte de foi, le coeur ouvert, dont dépendra la réalisation des possibilités sacramentelles.<br />Dans le Sacrement du Mariage, les caractères sacramentels se retrouvent d'une manière aussi claire et aussi évidente que dans le Baptême et dans l'Eucharistie. Il n'y manque ni le signe extérieur, ni la grâce intérieure. L'objet matériel est l'Anneau, le cercle, symbole de l'éternité. La "Formule d'autorité" est la formule traditionnelle : "Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit". Le "Signe d'Autorité" est l'union des mains, symbolisant l'union des vies. Les caractères extérieurs essentiels du Sacrement sont donc tous présents.</p> <p style="text-align: center;"><em>348 Voilà pourquoi il y a chez vous beaucoup de malades et d'infirmes, et bon nombre de personnes meurent. 1 Cor., XI, 30. (NDT)</em><br /><em>349 Rom., XII, 1.</em></p> <p style="text-align: center;">La grâce intérieure est l'union des intelligences et des coeurs, rendant possible l'union spirituelle, sans [275] laquelle le Mariage n'est plus le Mariage, mais une simple union physique et temporaire. Le don et la réception de l'anneau, la formule prononcée, les mains jointes, tout cela forme l'image allégorique. Si la grâce intérieure n'est pas reçue, si les participants ne se prêtent point à son action par le désir que leur union soit parfaite, le Sacrement perd ses propriétés bienfaisantes et devient une pure formalité.<br />Mais le Mariage présente encore une signification plus haute : d'une seule voix les religions le proclament l'image, ici-bas, de l'union entre le terrestre et le céleste, entre l'homme et Dieu. Plus encore : le Mariage représente la relation entre l'Esprit et la Matière, entre la Trinité et l'Univers. Telles sont la profondeur et la portée de l'union, dans le Mariage, de l'homme et de la femme.<br />L'homme représente ici l'Esprit ou Trinité de la Vie, et la femme la Matière ou Trinité de la substance, base de la forme. L'un donne la vie, l'autre la reçoit et la nourrit. Êtres complémentaires, moitiés inséparables d'un seul tout, ils ne sauraient exister l'un sans l'autre. Si l'Esprit implique la Matière et la Matière l'Esprit, le mari implique de même la femme, et la femme le mari. L'Existence abstraite se manifeste sous deux aspects, comme une dualité d'Esprit et de Matière qui dépendent l'un de l'autre et se manifestent simultanément ; de même, l'humanité se manifeste sous deux aspects, l'épouse et l'époux, incapables de vivre séparés et formant un tout. Le Mariage est l'image de Dieu et de l'Univers. Tel est le lien étroit unissant le mari et la femme. Nous l'avons dit plus haut, le Mariage symbolise également l'union entre [276] Dieu et l'homme, entre l'Esprit universel et les Esprits individualisés. Cette image se retrouve dans tous les grands livres sacrés de ce monde, dans les Écritures Indoues, Hébraïques et Chrétiennes ; par extension, elle a été appliquée à une Nation ou à une Église, réunion d'Esprits individualisés formant un ensemble. – Celui qui t'a formée sera ton Époux – dit Esaïe à la nation Israélite – l'Éternel des armées est son nom 350… – Ton Dieu se réjouira de toi, de la joie qu'un époux a de son épouse 351. De même saint Paul nous dit que le mystère du Mariage représente le Christ et l'Église 352.<br />Tant que l'Esprit et la Matière restent latents et ne se manifestent point, aucune production n'apparait ; se manifestent-ils ensemble, l'évolution commence. De même, il n'y a point de production de vie nouvelle tant que les deux moitiés de l'humanité ne se sont point manifestées comme mari et femme. Leur union est encore nécessaire, afin de produire dans chacun des époux une évolution plus prompte, des progrès plus rapides. Grâce à la moitié qu'ils peuvent se donner réciproquement, ce que l'un ne possède point l'autre le lui apporte. Le couple ne devrait plus former qu'un seul être, manifestant les possibilités spirituelles de l'humanité. Leur union représente enfin l'Homme parfait, en qui l'Esprit et la Matière sont à la fois complètement développés et parfaitement en équilibre, l'Homme divin qui unit en Lui-même l'époux et l'épouse, le principe mâle et le [277] principe féminin dans la nature – comme "Dieu et l'Homme sont un seul Christ 353".<br />On comprend, en étudiant à ce point de vue le Sacrement du Mariage, pourquoi les religions ont toujours regardé le Mariage comme indissoluble et pourquoi elles ont préféré voir quelques couples mal assortis en souffrir, que de permettre à l'idéal du véritable Mariage de subir, pour tous, un abaissement permanent. Les peuples sont libres de choisir : ils peuvent adopter comme idéal national un lien conjugal spirituel ou un lien conjugal terrestre, y chercher une unité spirituelle ou n'y voir qu'une simple union physique ; dans le premier cas, ils adoptent l'idée religieuse que le Mariage est un Sacrement ; dans le second, l'idée matérialiste qu'il se borne à être un contrat ordinaire, susceptible de résiliation. L'étudiant des Mystères Mineurs y verra toujours un rite sacramentel.</p> <p style="text-align: center;"><em>350 Es., LIV, 5.</em><br /><em>351 Es., LXII, 5.</em><br /><em>352 Éphés., V, 23-32.</em><br /><em>353 Crédo d'Athanase.</em></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt;"><strong>CHAPITRE XIII</strong></span></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt;"><strong> — </strong></span></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt;"><strong>LES SACREMENTS (Suite)</strong></span></p> <p style="text-align: center;"><br />Appliquons maintenant ces principes généraux à des exemples concrets et voyons comment ils expliquent et justifient les rites sacramentels qui se trouvent dans chaque religion.<br />Il nous suffira de prendre comme exemples trois des Sept Sacrements en usage dans l'Église Catholique. Deux d'entre eux sont regardés comme obligatoires par tous les Chrétiens, bien que les Protestants les plus avancés les dépouillent de leur caractère sacramentel, leur refusent une valeur spéciale et y voient simplement une déclaration et une commémoration. Cependant, même ici, quand la dévotion est véritable, le coeur reçoit, dans une certaine mesure, la grâce sacramentelle que nie l'intellect. Le troisième n'est pas reconnu, même nominalement, par les Églises Protestantes, bien qu'il présente les signes essentiels d'un Sacrement, tels que les définit le Catéchisme de l'Église Anglicane cité plus haut 336. Le Premier est le Baptême, le second l'Eucharistie, [262] le troisième le Mariage. En retranchant le Mariage du rang des Sacrements, l'idéal élevé qu'il implique s'est trouvé dégradé ; c'est là, en partie, la cause du relâchement de ses liens, relâchement que déplorent tous les esprits réfléchis.<br />Le Sacrement du Baptême se retrouve dans toutes les religions, non seulement au début de la vie terrestre, mais, plus généralement, comme une cérémonie de purification. La cérémonie qui marque l'entrée du nouveau-né ou de l'adulte dans une religion présente, comme partie essentielle du rite, une aspersion d'eau. Dans le passé, comme de nos jours, cette pratique était universelle. – "L'idée d'employer l'eau comme emblème d'une purification spirituelle", fait remarquer le docteur Gilse, "est trop naturelle pour que l'on puisse s'étonner de l'antiquité de ce rite." – Le docteur Hyde, dans son traité sur la Religion des Anciens Persans, XXXIV, 406, nous affirme que le Baptême existait chez ce peuple. Ils n'ont pas, dit-il, l'habitude de circoncire leurs enfants, mais seulement de les baptiser ou de les soumettre à une ablution qui purifie l'âme. Ils portent l'enfant au prêtre, dans l'église, et le présentent devant le soleil et le feu, après quoi, ils considèrent l'enfant <br />comme plus sacré qu'il n'était auparavant. Suivant Lord, ils apportent l'eau destinée au baptême dans l'écorce de l'Yeuse (Holm tree). Cet arbre est en réalité la Haum des Mages, dont nous avons parlé ailleurs. Quelquefois le baptême est pratiqué différemment et, au dire de Tavernier, l'enfant est plongé dans une grande cuve d'eau. Après ces ablutions ou ce baptême, le prêtre [263] donne à l'enfant le nom choisi par les parents 337. – Quelques semaines après la naissance d'un enfant Indou, une cérémonie est célébrée, dont une partie consiste à asperger l'enfant avec de l'eau ; cette aspersion se retrouve d'ailleurs dans tout le culte Indou. Williamson cite des textes montrant que le baptême était pratiqué en Égypte, en Perse, au Tibet, en Mongolie, au Mexique, au Pérou, en Grèce, à Rome, en Scandinavie et parmi les Druides 338. Quelques-unes des prières citées sont d'une grande beauté : – "Je demande que cette eau céleste bleue et bleu clair, puisse entrer dans ton corps et y vivre. Je demande qu'elle puisse détruire en toi toutes les choses mauvaises et hostiles qui t'ont été données avant le commencement du monde." – "O enfant ! Reçois l'eau du Seigneur du monde, qui est notre vie : elle lave et purifie ; puissent ces gouttes effacer le péché qui t'a été donné avant la création du monde, puisque nous subissons tous son empire."</p> <p style="text-align: center;"><em>336 Ante, p. 334.</em></p> <p style="text-align: center;">Tertullien, dans un passage déjà cité 339, dit que chez les nations non Chrétiennes, le Baptême était un usage général. D'autres Pères de l'Église mentionnent ce fait.<br />Dans la plupart des Églises, une forme secondaire du Baptême accompagne toute cérémonie religieuse. Dans ce cas, l'eau est employée comme symbole de purification, impliquant l'idée que nul ne doit prendre part au culte sans avoir purifié son coeur et sa conscience. L'ablution extérieure symbolise la lustration [264] intérieure. Dans les Églises Grecque et Romaine, un petit bassin contenant l'eau bénite est placé près de chaque porte ; tout fidèle, en entrant, y trempe le doigt et se signe avant de s'avancer vers l'autel. Robert Taylor dit à ce sujet : "Les fonts baptismaux de nos Églises Protestantes – et plus spécialement encore, bien entendu, les petits réservoirs placés à l'entrée de nos chapelles Catholiques – ne sont pas des imitations, mais se rattachent directement aux aqua minaria ou amula que le savant Montfaucon, dans ses Antiquités, nous montre avoir été des vases remplis d'eau sainte placés par les païens à la porte de leurs temples, afin de s'asperger en pénétrant dans ces édifices sacrés 340."</p> <p style="text-align: center;"><em>337 Christian Records, p. 129.</em><br /><em>338 The Great Law, pp. 161-166.</em><br /><em>339 Ante, p. 155.</em></p> <p style="text-align: center;">340 Diegesis, p. 219.</p> <p style="text-align: center;"><br />Dans le Baptême administré le jour de l'admission première dans l'Église, comme dans ces lustrations secondaires, l'agent employé est l'eau, le fluide purificateur par excellence et, par conséquent, le meilleur symbole de la purification morale. Un mantra est prononcé au-dessus de cette eau, mantra représenté dans le rituel Anglais par la prière : "Sanctifie cette eau pour l'effacement mystique du péché", suivie de la formule – "au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen". – Telle est la "Formule d'Autorité" qu'accompagne le "Signe d'Autorité", le Signe de la Croix fait au-dessus de la surface de l'eau.<br />La "Formule" et le "Signe" donnent à l'eau, comme nous l'avons expliqué plus haut, une propriété qu'elle ne possédait pas auparavant : elle prend dès [265] lors, et à juste titre, le nom d'eau "Sainte" ; les puissances ténébreuses n'en approcheront point ; jetée sur le corps, elle communique un sentiment de paix et une vie spirituelle nouvelle. Dans le Baptême d'un enfant, l'énergie spirituelle donnée à l'eau par la "Formule" et par le "Signe" renforce la vie spirituelle de l'enfant. La "Formule d'autorité" est ensuite prononcée de nouveau, et cette fois sur l'enfant ; le "Signe" est tracé sur son front ; en même temps, dans ses corps subtils, les vibrations se font sentir, et la sommation d'avoir à protéger la vie ainsi sanctifiée se propage dans le monde invisible. Car le "Signe" est à la fois purificateur et protecteur ; il purifie la vie dont il amène l'effusion ; il protège par les vibrations qu'il éveille dans les corps subtils. Ces vibrations forment un rempart protecteur contre les attaques d'influences hostiles venant des mondes invisibles et, chaque fois que l'eau est touchée, que la "Formule" est prononcée, que le "Signe" est fait, il se produit un renouvèlement des énergies et une recrudescence des vibrations ; les unes et les autres exercent leur énergie sur les mondes invisibles et sont une aide pour l'officiant.<br />Dans l'Église Primitive, le Baptême était précédé d'une préparation très sérieuse, car les personnes reçues dans l'Église étaient, pour la plupart, des convertis venus des religions environnantes. Un converti devait passer par trois stades d'instruction successifs et n'en quittait aucun sans avoir assimilé les enseignements donnés ; il était ensuite, par le Baptême, reçu dans l'Église. Après cette cérémonie, et alors seulement, il apprenait le Crédo, qui se transmettait [266] toujours oralement et n'était jamais prononcé qu'en présence des croyants. Le Crédo permettait ainsi aux Chrétiens de se reconnaitre entre eux ; il constituait, pour l'homme capable de le réciter, une preuve de sa position dans l'Église et de sa qualité de membre baptisé. L'habitude du Baptême in extremis, qui finit par se généraliser, montre à quel point on avait alors foi dans la grâce communiquée par ce Sacrement. Convaincus des réalités du Baptême, des hommes et des femmes du monde, ne se souciant point de renoncer aux plaisirs temporels, ni de mener une vie pure, remettaient leur Baptême jusqu'à l'heure où la mort descendait sur eux, afin de pouvoir profiter de la grâce sacramentelle et franchir les portes de la Mort sans souillures et remplis de force spirituelle. Plusieurs des plus célèbres Pères de l'Église ont lutté avec énergie, et souvent avec succès, contre cet abus. L'un d'eux, saint Athanase, je crois, raconte à ce sujet une Histoire pittoresque ; c'était un homme d'un esprit caustique qui, parfois, ne dédaignait pas d'employer la plaisanterie pour mieux faire comprendre à ses auditeurs la folie ou la perversité de leur conduite. Il leur fit donc connaitre, un jour, qu'il s'était élevé, dans une vision, jusqu'aux portes du ciel, gardées par saint Pierre. Celui-ci, loin d'accueillir le visiteur avec un sourire bienveillant, lui marqua son mécontentement par un regard plein de sévérité. "Athanase, lui dit-il, pourquoi toujours m'envoyer ces sacs vides, soigneusement cachetés, mais qui ne renferment rien ?" Nous trouvons de ces paroles mordantes dans l'antiquité Chrétienne, car ces questions répondaient alors, pour les Chrétiens, à des réalités et [267] n'étaient pas de simples formes, comme elles le sont trop souvent aujourd'hui.<br />L'habitude de baptiser les enfants en bas âge s'établit graduellement dans l'Église ; par suite, l'instruction, qui tout d'abord précédait le Baptême, devint la préparation à la confirmation, par laquelle l'intelligence, dans la plénitude de ses moyens, renouvèle les promesses baptismales. L'admission d'un enfant dans l'Église est évidemment logique lorsqu'on admet que la vie humaine s'écoule simultanément dans trois mondes et qu'on sait que l'Esprit et l'Âme venus pour habiter le corps nouveau-né sont, non pas inconscients et inintelligents, mais conscients, intelligents et actifs dans les mondes invisibles. Il est bon et il est juste que l'homme invisible caché dans le coeur 341 soit accueilli en commençant cette étape nouvelle de son pèlerinage et que les influences les plus salutaires s'exercent sur le véhicule qu'il vient habiter et qu'il doit approprier à ses besoins. Si les yeux des hommes étaient ouverts, comme l'étaient jadis les yeux du serviteur d'Élisée, ils verraient les<br />chevaux et les charriots de feu rassemblés autour de la montagne où se tient le prophète de l'Éternel 342.</p> <p style="text-align: center;"><em>341 I, S. Pierre, III, 4 (Version Le Maistre de Sacy).</em></p> <p style="text-align: center;"><br />Passons maintenant à l'autre Sacrement que nous nous proposons d'étudier, le Sacrifice de l'Eucharistie, symbole du Sacrifice Éternel dont nous avons parlé plus haut, sacrifice quotidiennement célébré dans le monde entier par l'Église Catholique, image du Sacrifice par lequel les mondes ont été appelés à l'existence et sont maintenus à travers les siècles. [268] Il doit être offert chaque jour, son archétype étant perpétuel. Par cette célébration, les hommes mettent eux-mêmes en action la Loi du Sacrifice, s'identifient avec elle, reconnaissent son caractère d'unification et s'associent volontairement à elle dans l'action qu'elle exerce dans les différents mondes. Pour que cette identification soit complète, il faut recevoir la substance matérielle du Sacrement, mais les adorateurs sincères peuvent, dans une large mesure, en recevoir les bienfaits et contribuer à la propagation de son influence en s'associant mentalement et physiquement à l'acte sacramentel.<br />C'est affaiblir la cérémonie principale du culte Chrétien, c'est diminuer sa portée, que de se borner à voir en elle la commémoration d'un sacrifice ancien, une simple allégorie pittoresque ne renfermant point de vérité profonde qui en soit l'âme, un simple rite consistant à rompre le pain et à verser le vin sans s'associer en même temps au Sacrifice éternel. Envisager ainsi l'Eucharistie, c'est la réduire à une apparence, à une représentation inerte, au lieu d'y voir une réalité vivante. – La coupe de bénédiction que nous bénissons n'est-elle pas une communion (ne nous communique-t-elle pas – ne nous fait-elle pas partager) avec le sang du Christ ? – demande l'Apôtre. Le pain que nous rompons n'est-il pas une communion avec le corps du Christ 343 ? L'Apôtre montre ensuite que toutes les personnes mangeant d'un sacrifice participent à une même nature et forment un seul corps, qui est uni à l'Être présent dans le sacrifice [269] et partage son essence. Il est question ici d'un fait du monde invisible, et saint Paul en parle avec l'autorité que donne le savoir. Les Êtres Invisibles font passer leur essence dans les substances invariablement employées dans un rite sacramentel ; toutes les personnes absorbant ces substances, substances qui sont assimilées par le corps et dès lors en font partie, se trouvent en même temps unies à Ceux dont l'essence est renfermée dans les substances et acquièrent ainsi une nature commune. C'est vrai quand nous recevons des mains d'un autre homme notre nourriture ordinaire : sa nature, jusqu'à un certain point, et son magnétisme vital se mêlent aux nôtres. Á plus forte raison est-ce le cas lorsque la nourriture a été solennellement et intentionnellement imprégnée de magnétismes supérieurs affectant à la fois les corps subtils et le corps physique. Il faut, pour comprendre le sens et l'objet de l'Eucharistie, réaliser ces faits des mondes invisibles ; il faut y voir un lien entre la terre et le ciel et, de plus, un acte de culte universel, une manière de coopérer, de s'associer à la Loi du sacrifice ; sinon l'Eucharistie perd la plus grande partie de son sens.</p> <p style="text-align: center;"><em>342 II Rois, III, 17.</em><br /><em>343 1 Cor., X, 16.</em></p> <p style="text-align: center;">L'emploi du pain et du vin dans ce Sacrement est très ancien et très général ; il en est de même de l'eau, dans le Sacrement du Baptême. Les Perses offraient à Mithra le pain et le vin. Des offrandes analogues étaient en usage au Tibet et en Tartarie. Jérémie mentionne les gâteaux et la boisson offerts en Égypte à la Reine du Ciel par les Juifs qui prenaient [270] part au culte Égyptien 344. La Genèse nous dit que Melchisédech, le Roi-Initié, se servit de pain et de vin lorsqu'il bénit Abraham 345. Le pain et le vin étaient encore employés dans les Mystères de la Grèce, et Williamson retrouve cet usage parmi les Mexicains, les Péruviens, et les Druides 346.<br />Le pain symbolise, d'une manière générale, la nourriture qui entre dans la formation du corps ; le vin symbolise le sang envisagé comme le fluide vital. Car l'âme de la chair est dans le sang 347. Voilà pourquoi les membres d'une même famille sont dits "du même sang". "Être du même sang" qu'une autre personne signifie, de même, être son parent. De là aussi les vieilles cérémonies de "l'alliance du sang". Quand un étranger se trouvait admis dans une famille ou dans une tribu, l'une des personnes de la famille donnait quelques gouttes de son sang ; celles-ci étaient transfusées dans les veines de l'étranger, ou bien celui-ci les buvait, généralement mélangées à de l'eau, après quoi il était considéré comme membre-né de la famille ou de la tribu, comme étant du même sang. Dans l'Eucharistie, les fidèles partagent, de même, le pain, symbole du corps, de la nature du Christ, et le vin, symbole de Son sang et de Sa vie et par là s'allient et s'unissent à Lui.</p> <p style="text-align: center;"><em>344 Jér., XLIV.</em><br /><em>345 Gen., XIV, 18, 19.</em><br /><em>346 The Great Law, pp. 177-181, 185.</em><br /><em>347 Lévit., XVII, 11</em>.</p> <p style="text-align: center;">La "Formule d'Autorité" est : "Ceci est Mon Corps ; Ceci est Mon Sang." C'est elle qui amène la modification dont nous parlerons tout à l'heure et [271] transforme les substances en véhicules d'énergies spirituelles. "Le Signe d'Autorité" consiste à étendre la main au-dessus du pain et du vin ; le Signe de la Croix devrait être fait en même temps, bien que parfois les Protestants l'omettent. Tels sont les caractères extérieurs essentiels du Sacrement de l'Eucharistie.<br />Il est important de comprendre la modification qui se produit dans ce Sacrement, car elle est plus profonde que la magnétisation dont nous avons parlé plus haut, celle-ci, d'ailleurs, ayant lieu simultanément. Nous nous trouvons en présence d'un cas particulier d'une loi générale.<br />Pour l'occultiste, un objet visible est l'expression ultime, physique, d'une vérité invisible. Tout, ici-bas, est l'expression physique d'une pensée. Un objet n'est qu'une idée manifestée au-dehors sous une forme dense. Tous les objets de ce monde sont des idées Divines qui s'expriment dans la matière physique. Cela posé, la réalité d'un objet ne dépend pas de sa forme extérieure, mais bien de sa vie intérieure, de l'idée qui a façonné et moulé la substance, de manière à s'exprimer par elle. Dans les mondes supérieurs, la matière, étant très subtile et très plastique, répond très rapidement à l'idée ; elle change de forme en même temps que la pensée se modifie. En devenant de plus en plus dense et lourde, la pensée change de forme plus difficilement et plus lentement, jusqu'à ce qu'enfin, dans le monde physique, les modifications atteignent leur maximum de lenteur, à cause de la résistance de la matière épaisse dont se compose le monde physique. Néanmoins cette lourde matière elle-même [272] se modifie, avec le temps, sous la pression de l'idée qui en est l'âme ; nous en trouvons la preuve dans l'empreinte que laissent sur le visage les pensées et les émotions habituelles.<br />Telle est donc la vérité qui sert de base à la doctrine de Transsubstantiation, si extraordinairement incomprise en général, des Protestants ; mais c'est le sort des vérités occultes lorsqu'elles sont présentées aux ignorants. La "substance" transformée est l'idée qui constitue l'objet. Le "pain" n'est pas un simple composé de farine et d'eau. L'idée qui préside au mélange, la manipulation de la farine et de l'eau, voilà la "substance" dont est fait le "pain". La farine et l'eau sont, pour employer une expression technique, les "accidents" ou combinaisons matérielles qui donnent forme à l'idée. Supposez que l'idée, que la substance soient autres, la farine et l'eau prendraient une forme différente, ce qui est d'ailleurs le cas quand le corps les assimile. De même, les chimistes ont découvert qu'un même nombre d'atomes chimiques de même nature peuvent être combinés de différentes manières et devenir, par-là, des objets doués des propriétés les plus différentes, bien que les éléments ne changent point. La découverte de ces composés "isomériques" est une des plus intéressantes de la chimie moderne. L'arrangement d'atomes similaires suivant des idées différentes donne des corps différents.<br />Qu'est dont le changement de substance qui se produit dans les Espèces Eucharistiques ? L'idée qui fait l'objet a été changée. Dans leur état normal, le pain et le vin sont des aliments exprimant les idées [273] divines de substances nutritives, de substances propres à former les corps. L'idée nouvelle, c'est la nature et la vie du Christ, propres à former la nature et la vie spirituelles de l'homme. Voilà le changement de substance. L'objet reste le même en ses "accidents", en sa matière physique, mais la matière subtile qui l'accompagne s'est modifiée sous la pression de l'idée transformée, ayant acquis, par le fait de ce changement, des propriétés nouvelles ; celles-ci affectent les corps subtils des communiants et les harmonisent avec la nature de la vie du Christ. Mieux les communiants réalisent en eux-mêmes cette harmonie, et plus ils sont "dignes" du sacrement.<br />Le participant indigne, soumis aux mêmes influences, s'en trouve mal, car sa nature, résistant à la pression, est meurtrie et déchirée par les forces auxquelles elle est incapable de répondre. Un objet peut, de même, être mis en pièces par des vibrations qu'il lui est impossible de reproduire 348.<br />L'homme digne de participer au Sacrement s'unit donc au Sacrifice, au Christ, et par là s'identifie et s'unit à la Vie divine qui est le père du Christ. Au point de vue de la forme, le Sacrifice consiste à céder la vie qu'elle gardait jusque-là pour elle-même et à rendre à la Vie commune, à offrir le canal séparé, afin qu'il devienne le canal de la Vie Unique ; ce sacrifice a dés lors pour résultat l'union avec Dieu. La nature inférieure se donne afin de se fondre dans la nature supérieure ; le corps cesse d'être un instrument [274] de la volonté séparée, pour devenir l'instrument de la Volonté divine. C'est bien là offrir le corps en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu 349. L'Église enseigne donc, avec raison, que les Communiants dignes de l'Eucharistie reçoivent une partie de la vie du Christ répandue pour les hommes. La transmutation des principes inférieurs en principes supérieurs, tel est l'objet de ce Sacrement, comme de tous les autres. Les participants cherchent à transformer les forces inférieures en les unissant à des forces plus exaltées. Il est possible, en connaissant la vérité intérieure et en croyant à la vie d'en haut, d'entrer en contact plus direct et plus complet, par les Sacrements de toute religion, avec la Vie divine qui maintient les mondes. La seule condition est d'apporter au rite la nature réceptive, l'acte de foi, le coeur ouvert, dont dépendra la réalisation des possibilités sacramentelles.<br />Dans le Sacrement du Mariage, les caractères sacramentels se retrouvent d'une manière aussi claire et aussi évidente que dans le Baptême et dans l'Eucharistie. Il n'y manque ni le signe extérieur, ni la grâce intérieure. L'objet matériel est l'Anneau, le cercle, symbole de l'éternité. La "Formule d'autorité" est la formule traditionnelle : "Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit". Le "Signe d'Autorité" est l'union des mains, symbolisant l'union des vies. Les caractères extérieurs essentiels du Sacrement sont donc tous présents.</p> <p style="text-align: center;"><em>348 Voilà pourquoi il y a chez vous beaucoup de malades et d'infirmes, et bon nombre de personnes meurent. 1 Cor., XI, 30. (NDT)</em><br /><em>349 Rom., XII, 1.</em></p> <p style="text-align: center;">La grâce intérieure est l'union des intelligences et des coeurs, rendant possible l'union spirituelle, sans [275] laquelle le Mariage n'est plus le Mariage, mais une simple union physique et temporaire. Le don et la réception de l'anneau, la formule prononcée, les mains jointes, tout cela forme l'image allégorique. Si la grâce intérieure n'est pas reçue, si les participants ne se prêtent point à son action par le désir que leur union soit parfaite, le Sacrement perd ses propriétés bienfaisantes et devient une pure formalité.<br />Mais le Mariage présente encore une signification plus haute : d'une seule voix les religions le proclament l'image, ici-bas, de l'union entre le terrestre et le céleste, entre l'homme et Dieu. Plus encore : le Mariage représente la relation entre l'Esprit et la Matière, entre la Trinité et l'Univers. Telles sont la profondeur et la portée de l'union, dans le Mariage, de l'homme et de la femme.<br />L'homme représente ici l'Esprit ou Trinité de la Vie, et la femme la Matière ou Trinité de la substance, base de la forme. L'un donne la vie, l'autre la reçoit et la nourrit. Êtres complémentaires, moitiés inséparables d'un seul tout, ils ne sauraient exister l'un sans l'autre. Si l'Esprit implique la Matière et la Matière l'Esprit, le mari implique de même la femme, et la femme le mari. L'Existence abstraite se manifeste sous deux aspects, comme une dualité d'Esprit et de Matière qui dépendent l'un de l'autre et se manifestent simultanément ; de même, l'humanité se manifeste sous deux aspects, l'épouse et l'époux, incapables de vivre séparés et formant un tout. Le Mariage est l'image de Dieu et de l'Univers. Tel est le lien étroit unissant le mari et la femme. Nous l'avons dit plus haut, le Mariage symbolise également l'union entre [276] Dieu et l'homme, entre l'Esprit universel et les Esprits individualisés. Cette image se retrouve dans tous les grands livres sacrés de ce monde, dans les Écritures Indoues, Hébraïques et Chrétiennes ; par extension, elle a été appliquée à une Nation ou à une Église, réunion d'Esprits individualisés formant un ensemble. – Celui qui t'a formée sera ton Époux – dit Esaïe à la nation Israélite – l'Éternel des armées est son nom 350… – Ton Dieu se réjouira de toi, de la joie qu'un époux a de son épouse 351. De même saint Paul nous dit que le mystère du Mariage représente le Christ et l'Église 352.<br />Tant que l'Esprit et la Matière restent latents et ne se manifestent point, aucune production n'apparait ; se manifestent-ils ensemble, l'évolution commence. De même, il n'y a point de production de vie nouvelle tant que les deux moitiés de l'humanité ne se sont point manifestées comme mari et femme. Leur union est encore nécessaire, afin de produire dans chacun des époux une évolution plus prompte, des progrès plus rapides. Grâce à la moitié qu'ils peuvent se donner réciproquement, ce que l'un ne possède point l'autre le lui apporte. Le couple ne devrait plus former qu'un seul être, manifestant les possibilités spirituelles de l'humanité. Leur union représente enfin l'Homme parfait, en qui l'Esprit et la Matière sont à la fois complètement développés et parfaitement en équilibre, l'Homme divin qui unit en Lui-même l'époux et l'épouse, le principe mâle et le [277] principe féminin dans la nature – comme "Dieu et l'Homme sont un seul Christ 353".<br />On comprend, en étudiant à ce point de vue le Sacrement du Mariage, pourquoi les religions ont toujours regardé le Mariage comme indissoluble et pourquoi elles ont préféré voir quelques couples mal assortis en souffrir, que de permettre à l'idéal du véritable Mariage de subir, pour tous, un abaissement permanent. Les peuples sont libres de choisir : ils peuvent adopter comme idéal national un lien conjugal spirituel ou un lien conjugal terrestre, y chercher une unité spirituelle ou n'y voir qu'une simple union physique ; dans le premier cas, ils adoptent l'idée religieuse que le Mariage est un Sacrement ; dans le second, l'idée matérialiste qu'il se borne à être un contrat ordinaire, susceptible de résiliation. L'étudiant des Mystères Mineurs y verra toujours un rite sacramentel.</p> <p style="text-align: center;"><em>350 Es., LIV, 5.</em><br /><em>351 Es., LXII, 5.</em><br /><em>352 Éphés., V, 23-32.</em><br /><em>353 Crédo d'Athanase.</em></p> CHAPITRE XIV — LA RÉVÉLATION 2019-06-24T12:22:40+00:00 2019-06-24T12:22:40+00:00 http://hierarchie.eu/helena-roerich/10-accueil/1118-chapitre-xiv-la-revelation Super User bon.christo@free.fr <p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt;"><strong>CHAPITRE XIV </strong></span></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt;"><strong>—</strong></span></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt;"><strong> LA RÉVÉLATION</strong></span></p> <p style="text-align: center;"> </p> <p style="text-align: center;"><br />Toutes les religions connues ont la garde de Livres Sacrés et font appel à ces Livres dans les cas de controverse. Ces Écritures renferment toujours les enseignements donnés par le Fondateur de la religion ou par des Instructeurs venus plus tard, auxquels sont prêtées des connaissances surhumaines. Même dans le cas où une religion donne naissance à de nombreuses sectes, chacune d'elles reste fidèle au Canon Sacré et l'interprète de la manière qui s'accommode le mieux à ses propres doctrines. Quelle que soit la distance qui sépare dans leurs croyances les Catholiques Romains les plus avancés et les Protestants les plus avancés, les uns et les autres font appel à la même Bible. Quelles que soient les divergences entre le philosophe Védantin et le Vallabhâchârya le plus illettré, tous deux regardent les mêmes Védas comme leur autorité suprême. Quel que soit l'antagonisme acharné des Shiites et des Sunnites, le Coran a pour ces deux sectes le même caractère sacré. Il peut s'élever des controverses et des disputes portant [279] sur l'interprétation des textes, mais le Livre lui-même est toujours également vénéré. Il l'est, d'ailleurs, à juste titre, car tout Livre de ce genre contient des fragments de la Révélation, choisis par l'un des Grands Êtres qui en sont les dépositaires. Un fragment semblable se trouve incorporé dans ce que nous appelons ici-bas une "Révélation" ou "Écriture" et représente, pour une certaine partie de ce monde, un trésor inestimable. Les besoins du moment, la capacité du peuple qui le reçoit, le type particulier de la race qu'il est destiné à instruire, déterminent le choix du fragment. Il est généralement donné sous une forme spéciale, dans laquelle le voile de l'histoire, du récit, du chant, du psaume, ou de la prophétie semble être, pour le lecteur superficiel ou ignorant, l'ouvrage tout entier. Mais ce voile cache un sens plus profond, tantôt dans des nombres, tantôt dans des mots construits suivant un plan secret ou chiffré, tantôt dans des symboles que reconnaissent les personnes instruites, tantôt dans des allégories ayant l'apparence de récits, et sous bien d'autres formes encore. Á vrai dire, ces Livres ont, jusqu'à un certain point, un caractère sacramentel ; ils présentent une forme extérieure et une vie intérieure, un symbole extérieur et une vérité intérieure. Pour en expliquer le sens caché, il faut avoir reçu les leçons de personnes qui le possèdent : d'où cette parole de saint Pierre : Aucune prophétie de l'Écriture n'est affaire d'interprétation privée 354. Les commentaires méticuleux de certains textes sacrés, commentaires qui abondent dans les [280] écrits des Pères de l'Église, semblent, à notre prosaïsme moderne, exagérés et arbitraires. Les dissertations sur les chiffres et sur les lettres, les interprétations, fantastiques à première vue, de certains paragraphes qui présentent l'apparence de simples récits historiques, d'un caractère évident, exaspèrent le lecteur moderne, qui veut voir les faits présentés d'une manière claire et cohérente et tient, avant tout, à sentir sous ses pieds un terrain solide. Il refuse absolument de suivre le mystique dans sa marche agile à travers ce qui lui semble être des fondrières mouvantes, dans sa poursuite de feux follets sautillants qui paraissent et disparaissent avec un caprice déroutant et absurde. Les auteurs de ces traités si exaspérants étaient pourtant doués d'une intelligence lumineuse et d'un jugement sûr ; c'étaient les maitres constructeurs de l'Église ; leurs oeuvres, pour qui sait les lire, sont, aujourd'hui encore, remplies de sous-entendus et d'idées suggestives et nous montrent maint sentier obscur menant au savoir, sentier que nous n'eussions point trouvé sans eux.<br />Comme nous l'avons déjà constaté, Origène, le plus pondéré des hommes, versé dans les connaissances occultes, nous enseigne que les Écritures ont un triple aspect présentant un Corps, une Âme et un Esprit. Il nous dit que le Corps des Écritures se compose des mots extérieurs formant les histoires et les récits et n'hésite pas à affirmer que ces derniers ne sont pas littéralement vrais et n'ont d'autre objet que d'instruire les ignorants. Il va jusqu'à déclarer que certains faits contenus dans ces histoires sont manifestement contraires à la vérité, afin que les contradictions [281] évidentes qui se montrent à la surface poussent le lecteur à chercher le sens véritable de ces narrations impossibles. Tant que les hommes restent ignorants, dit encore Origène, le Corps leur suffit ; ils s'instruisent en suivant ses leçons et ne s'aperçoivent ni des contradictions, ni des impossibilités résultant d'une interprétation littérale ; aussi n'en sont-ils point troublés. Mais à mesure que les hommes se développent intellectuellement, ces contradictions et ces impossibilités frappent leur attention. Le chercheur inquiet se sent poussé à trouver un sens plus profond, et l'Âme des Écritures commence à lui apparaitre. Cette Âme vient récompenser ses efforts intelligents, et il échappe aux liens de la lettre qui tue 355. Quant à l'Esprit des Écritures, il ne se montre qu'à l'homme spirituellement illuminé. Ceux-là<br /><br />seuls en qui l'Esprit s'est développé peuvent comprendre le sens spirituel. Qui est-ce qui connait ce qui est en l'homme si ce n'est son esprit qui est en lui ?… Et nous en parlons, non avec les paroles qu'enseigne la sagesse humaine, mais avec celles que l'Esprit suggère 356.</p> <p style="text-align: center;"><em>354 II, S. Pierre, 1, 20.</em><br /><em>355 2 Cor., III 6.</em></p> <p style="text-align: center;"><em>356 1 Cor., II, 11, 13.</em></p> <p style="text-align: center;">La raison de ce mode de Révélation s'explique aisément. C'est l'unique manière dont un seul et même enseignement puisse être donné à des intelligences inégalement évoluées et d'instruire, non seulement les hommes qui reçoivent les leçons de la première heure, mais encore ceux qui, avec le temps, se trouveront plus avancés que leurs frères auxquels la Révélation fut primitivement apportée. L'homme ne reste [282] pas stationnaire. Le sens extérieur donné jadis à des hommes peu développés ne pouvait être que très limité, et s'il n'existait pas, dissimulé dans les Écritures, quelque chose de plus profond et de plus complet, elles perdraient leur valeur au bout de quelques milliers d'années ; cette méthode d'instruction par significations successives leur donne au contraire une valeur permanente, et les hommes d'une évolution avancée peuvent y découvrir des trésors cachés, jusqu'au jour où, possédant le tout, ils n'ont plus besoin des vérités partielles.<br />Les Bibles de l'humanité sont donc des fragments, des fragments de la Révélation ; aussi peuvent-elles, à juste titre, recevoir ce nom.<br />La Révélation présente encore un sens plus profond, car elle comprend les nombreux enseignements confiés, dans l'intérêt de l'humanité, à la grande Fraternité des Instructeurs spirituels. Ces enseignements sont contenus dans des livres écrits en caractères symboliques et contenant un exposé des lois cosmiques, des principes sur lesquels repose l'existence de l'univers, des méthodes suivant lesquelles procède son évolution, de tous les êtres qui le composent, de son passé, de son présent, de son avenir. Tel est le trésor inestimable dont les Protecteurs de l'humanité conservent le dépôt et où ils puisent, de temps à autre, certains fragments, pour en former les Bibles de ce monde. Mais il est encore une Révélation – la plus haute, la plus complète et la plus précieuse de toutes – par laquelle la Divinité Se dévoile Elle-même, dans le Cosmos, révèle attribut après attribut, pouvoir après pouvoir, beauté après beauté, dans toutes les différentes [283] formes qui, dans leur totalité, constituent l'univers. Elle manifeste Sa splendeur dans le ciel, Son infinité dans l'espace fourmillant d'étoiles, Sa force dans les montagnes, Sa pureté dans les pics neigeux et l'air translucide, Son énergie dans la houle de l'Océan, Sa beauté dans le torrent qui bondit, dans le lac aux eaux calmes et limpides, dans la forêt fraiche et profonde et dans la plaine ensoleillée, Son intrépidité dans le héros, Sa patience dans le saint, Sa tendresse dans l'amour maternel, Sa sollicitude protectrice dans le père et dans le roi, Sa sagesse dans le philosophe, Sa connaissance dans le savant, Son pouvoir curatif dans le médecin, Sa justice dans le juge, Sa richesse dans le marchand, Son pouvoir d'enseigner dans le prêtre, Son industrie dans l'artisan. Elle nous parle dans la brise qui murmure, nous sourit dans le rayon de soleil, nous reprend dans la maladie, nous stimule tantôt par nos succès, tantôt par nos défaillances. Partout et en toutes choses Elle Se laisse entrevoir, afin d'éveiller en nous le désir de L'aimer, et Elle Se cache afin que nous apprenions à marcher seuls. La reconnaitre partout est la Sagesse véritable, L'aimer partout le Désir véritable, La servir partout l'Action véritable. Cette Révélation de Dieu par Lui-même est la Révélation suprême ; toutes les autres sont secondaires et imparfaites.<br />Être inspiré, c'est recevoir partiellement cette Révélation, par l'action directe de l'Esprit Universel sur l'Esprit séparé qui est Son enfant ; c'est avoir éprouvé l'influence illuminante qu'exerce l'Esprit sur l'Esprit. Nul ne connait la vérité de manière à ne jamais la perdre, nul ne connait la vérité de manière à ne [284] jamais en douter, avant que la révélation ne soit descendue en lui comme s'il était seul sur la terre, que le Dieu extérieur n'ait parlé au Dieu intérieur dans le temple du coeur humain et qu'ainsi l'homme soit arrivé à savoir par lui-même et non plus par autrui.<br />À un degré moindre, un homme peut encore se trouver inspiré lorsqu'un Être plus grand que lui stimule en son âme des facultés normalement encore dormantes, ou même prend possession de lui et se sert momentanément de son corps comme d'un véhicule. Un homme ainsi illuminé peut, quand l'inspiration s'empare de lui, parler de ce qu'il ne sait point et faire connaitre des vérités ignorées jusque-là. Certaines vérités sont parfois, pour aider ce monde, répandues de la sorte par un canal humain ; un Être plus grand que celui qui parle communiquant sa propre vie au véhicule humain, les vérités s'échappent des lèvres de l'inspiré. Un Grand Instructeur peut alors dire des choses qui dépassent ses connaissances normales, car l'Ange de l'Éternel a touché ses lèvres d'un charbon ardent 357. Ainsi parlaient les Prophètes qui, à certaines époques, manifestèrent leur irrésistible conviction, leurs connaissances profondes, leur entente parfaite des besoins spirituels de l'humanité. Des paroles semblables vivent d'une vie immortelle, et celui qui les prononce est véritablement un messager de Dieu. L'homme à qui ont été accordées ces connaissances est désormais incapable de les oublier complètement ; il porte en son coeur une certitude qui ne saurait s'évanouir tout entière. La lumière peut disparaitre [285] et l'obscurité descendre sur lui ; la lueur céleste peut pâlir à ses yeux et les nuages l'environner ; les menaces, le doute, les défis peuvent l'assaillir, mais dans son âme se cache le Secret de la Paix : il sait – ou sait qu'il a su.</p> <p style="text-align: center;"><em>357 Es., VI, 6, 7.</em></p> <p style="text-align: center;">Frederick Myers, dans son poème bien connu, Saint Paul, a exprimé d'une manière admirable et juste ce souvenir de la véritable inspiration, cette réalité de la vie cachée. L'Apôtre parle de ses propres expériences et s'efforce de trouver des termes pour exprimer ses réminiscences. Le poète nous le montre incapable d'y parvenir entièrement, bien que saint Paul sache et que sa certitude reste inébranlable 358.</p> <p style="text-align: center;"><br /><em>358 So, even I, athirst for His inspiring.</em><br /><em>I, who have talked with Him, forget again ; Yes, many days with sobs and with desiring,</em><br /><em>Offer to God a patience and a pain.</em><br /><em>Then through the mid complaint of my confession.</em><br /><em>Then through the gang and passion of my prayer,</em><br /><em>Leaps with a start the shock of His possession,</em><br /><em>Thrills me and touches, and the Lord is there.</em><br /><em>Lo, if some pen should write upon your rafter</em><br /><em>Mene and Mene in the folds of flame,</em><br /><em>Think ye could any memories thereafter</em><br /><em>Wholly retrace the couplet as it came ?</em><br /><em>Lo, if some strange intelligible thunder</em><br /><em>Sang to the earth the secret of a star,</em><br /><em>Scarce should ye catch, for terror and for wonder.</em><br /><em>Shreds of the story that was pealed so far !</em><br /><em>Scarcely I catch the words of His revealing</em><br /><em>Hardly I hear Him, dimly understand.</em><br /><em>Only the power that is within me pealing</em><br /><em>Lives on my lips, and beckons to my hand.</em></p> <p style="text-align: center;"><em>Whose hath felt the Spirit of the Highest<br />Cannot confound, nor doubt Him, nor deny ;<br />Yea with one voice O world, though thou deniest,<br />Stand thou on that side, for on this am I.<br />Rather the world shall doubt when her retrieving<br />Pours in the rain and rushes from the sod ;<br />Rather than he in whom the great conceiving<br />Stirs in his soul to quicken into God.<br />Nay, though thou then shouldst strike him from his glory,<br />Blind and tormented maddened and alone,<br />E'en on the cross would he maintain his story,<br />Yes, and in Hell would whisper, "I have known".</em></p> <p style="text-align: center;"><br />L'homme qui admet le moins du monde la réalité de la Présence Divine autour de lui, en lui et en toute chose, comprendra pourquoi un endroit ou un objet peuvent être rendus "sacrés" par une légère "objectivation" de cette Présence universelle et constante, [286] si bien que des personnes normalement inconscientes de cette omniprésence parviennent à la sentir. C'est généralement dû à un homme d'une évolution fort avancée, en qui la Divinité intérieure est largement développée et dont les corps subtils répondent par conséquent aux vibrations les plus subtiles de la conscience. Par l'intermédiaire d'un homme comme celui-là, ou par sa volonté, des énergies spirituelles peuvent se manifester en s'unissant à son pur magnétisme vital. Il peut alors communiquer ces énergies à un objet quelconque, dont l'éther et les corps de matière subtile s'accorderont avec ses propres vibrations, comme nous l'avons expliqué plus haut ; enfin, la Divinité latente se manifestera plus facilement. Un objet semblable se trouvera "magnétisé" ; en outre, si l'influence exercée a été puissante, l'objet deviendra lui-même un centre magnétique capable de magnétiser à son tour ceux qui l'approchent. Tel un corps [287] électrisé par une machine électrique influence d'autres corps placés auprès de lui.<br />Un objet ainsi rendu "sacré" est un auxiliaire des plus utiles dans la prière et la méditation. Les corps subtils de l'adorateur se mettent au diapason de ses vibrations intenses, et l'homme se trouve calmé, tranquillisé, pacifié, sans aucun effort personnel ; dans cette disposition nouvelle, la prière et la méditation, au lieu d'être pénibles et vaines, sont faciles et efficaces, et ces exercices, naguère fastidieux, deviennent insensiblement une joie. L'objet représente-t-il quelque Personne Sacrée, s'agit-il d'un Crucifix, d'une Madone, d'un Ange, d'un Saint, c'est un avantage de plus. L'Être représenté, si son magnétisme a été communiqué à l'image par la "Formule" et par le "Signe d'autorité" convenables, peut renforcer ce magnétisme par une très légère effusion d'énergie spirituelle et, par-là, influence l'adorateur ou même Se montre à lui dans Son image, ce que, autrement Il n'eût point fait. Car dans le monde spirituel, l'économie des forces est une règle ; une dépense minime d'énergie est permise là où une dépense plus considérable ne l'est pas.<br />L'application de ces mêmes lois occultes peut servir à expliquer l'emploi d'un objet consacré quelconque, relique, amulette, etc. Tous sont des objets consacrés, dont la puissance et l'utilité sont en raison directe du savoir, de la pureté, de la spiritualité et de la personne qui les magnétise.<br />Une localité peut de même être rendue sacrée par la présence de Saints, dont le pur magnétisme rayonnant autour d'eux fait régner dans l'atmosphère [288] ambiante des vibrations paisibles. Il peut arriver que des Saints ou des Êtres venant des mondes supérieurs magnétisent directement un endroit déterminé. C'est ainsi qu'il est dit, dans le Quatrième Évangile, qu'un Ange descendait, à certains moments, touchait l'eau d'une piscine et lui communiquait ainsi des propriétés curatives 359. Dans un lieu semblable l'influence bénie pourra se faire sentir, même à des hommes légers et irréligieux ; ils éprouveront un instant d'émotion et seront accessibles à des pensées plus hautes. La Vie divine S'efforce sans cesse, en tout homme, de subjuguer la forme et de la modeler à Sa ressemblance. Ces efforts, on le comprendra, se trouveront facilités si les vibrations de la forme sont amenées à s'accorder avec celles d'un Être plus élevé, car les efforts de la Vie intérieure se trouveront renforcés par une puissance supérieure. Cela se traduira, extérieurement, par un sentiment de tranquillité, de calme et de paix : la pensée cessera de s'agiter ; le coeur oubliera ses peines. Il suffit de s'observer soi-même pour constater que certaines localités disposent, mieux que d'autres, au calme, à la méditation, à la pensée religieuse, à l'adoration. Il est beaucoup plus difficile d'apaiser le mental et de le concentrer, dans une chambre ou dans un édifice où ont régné longtemps les pensées légères, les conversations frivoles, l'agitation de la vie mondaine, que dans un lieu où la pensée religieuse s'est exercée année par année, siècle après siècle. Ici le mental se calme et s'apaise peu à peu, et l'homme accomplit sans peine ce qui, ailleurs, lui [289] eût demandé les plus grands efforts. Les lieux de pèlerinage, les retraites où l'on vient quelque temps s'isoler, n'ont pas d'autre but : l'homme tourne sa pensée vers le monde intérieur et cherche en lui-même son Dieu ; il est aidé, en cela, par l'atmosphère créée par des milliers de ses semblables qui sont venus, avant lui, dans le même lieu, dans la même intention. Car il ne règne pas simplement ici un magnétisme dégagé par un Saint isolé ou par quelque grand Être descendu des mondes invisibles. Chaque personne qui visite ce lieu, le coeur rempli de respect et de dévotion, se trouve mise au même diapason, en renforce, de sa propre vie, les vibrations et quitte cet endroit meilleure qu'elle n'était en y arrivant. Petit à petit l'énergie magnétique se dissipe ; un objet ou un lieu sacré peut donc perdre graduellement son magnétisme, s'il est mis de côté ou abandonné ; son magnétisme augmente, au contraire, s'il est employé ou fréquenté. D'autre part, la présence des moqueurs ignorants est nuisible à ces objets et à ces lieux, car elle y met en jeu des vibrations hostiles qui affaiblissent les vibrations anciennes. Une onde sonore rencontre-t-elle une autre onde qui la supprime, le silence en résulte : les vibrations des pensées moqueuses affaiblissent, de même, ou éteignent les vibrations du respect et de l'amour. Le résultat dépendra naturellement de l'amplitude relative, mais les vibrations nuisibles ne sauraient rester sans effet, car les lois de la vibration sont les mêmes dans les mondes supérieurs que dans le monde physique, et les vibrations mentales sont l'expression d'énergies réelles. [290]</p> <p style="text-align: center;">359 S. Jean, V, 4.</p> <p style="text-align: center;">La raison et la conséquence de la consécration des églises, chapelles, cimetières, sont par suite évidentes. L'acte de consécration ne consiste pas simplement à réserver un lieu pour un usage spécial, mais encore à le magnétiser pour le bien des personnes qui le fréquentent. Car les mondes visible et invisible sont en rapport étroit ; ils se pénètrent l'un l'autre, et l'homme qui sait mettre en jeu les énergies de l'invisible est celui qui peut le mieux servir l'humanité.</p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt;"><strong>CHAPITRE XIV </strong></span></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt;"><strong>—</strong></span></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt;"><strong> LA RÉVÉLATION</strong></span></p> <p style="text-align: center;"> </p> <p style="text-align: center;"><br />Toutes les religions connues ont la garde de Livres Sacrés et font appel à ces Livres dans les cas de controverse. Ces Écritures renferment toujours les enseignements donnés par le Fondateur de la religion ou par des Instructeurs venus plus tard, auxquels sont prêtées des connaissances surhumaines. Même dans le cas où une religion donne naissance à de nombreuses sectes, chacune d'elles reste fidèle au Canon Sacré et l'interprète de la manière qui s'accommode le mieux à ses propres doctrines. Quelle que soit la distance qui sépare dans leurs croyances les Catholiques Romains les plus avancés et les Protestants les plus avancés, les uns et les autres font appel à la même Bible. Quelles que soient les divergences entre le philosophe Védantin et le Vallabhâchârya le plus illettré, tous deux regardent les mêmes Védas comme leur autorité suprême. Quel que soit l'antagonisme acharné des Shiites et des Sunnites, le Coran a pour ces deux sectes le même caractère sacré. Il peut s'élever des controverses et des disputes portant [279] sur l'interprétation des textes, mais le Livre lui-même est toujours également vénéré. Il l'est, d'ailleurs, à juste titre, car tout Livre de ce genre contient des fragments de la Révélation, choisis par l'un des Grands Êtres qui en sont les dépositaires. Un fragment semblable se trouve incorporé dans ce que nous appelons ici-bas une "Révélation" ou "Écriture" et représente, pour une certaine partie de ce monde, un trésor inestimable. Les besoins du moment, la capacité du peuple qui le reçoit, le type particulier de la race qu'il est destiné à instruire, déterminent le choix du fragment. Il est généralement donné sous une forme spéciale, dans laquelle le voile de l'histoire, du récit, du chant, du psaume, ou de la prophétie semble être, pour le lecteur superficiel ou ignorant, l'ouvrage tout entier. Mais ce voile cache un sens plus profond, tantôt dans des nombres, tantôt dans des mots construits suivant un plan secret ou chiffré, tantôt dans des symboles que reconnaissent les personnes instruites, tantôt dans des allégories ayant l'apparence de récits, et sous bien d'autres formes encore. Á vrai dire, ces Livres ont, jusqu'à un certain point, un caractère sacramentel ; ils présentent une forme extérieure et une vie intérieure, un symbole extérieur et une vérité intérieure. Pour en expliquer le sens caché, il faut avoir reçu les leçons de personnes qui le possèdent : d'où cette parole de saint Pierre : Aucune prophétie de l'Écriture n'est affaire d'interprétation privée 354. Les commentaires méticuleux de certains textes sacrés, commentaires qui abondent dans les [280] écrits des Pères de l'Église, semblent, à notre prosaïsme moderne, exagérés et arbitraires. Les dissertations sur les chiffres et sur les lettres, les interprétations, fantastiques à première vue, de certains paragraphes qui présentent l'apparence de simples récits historiques, d'un caractère évident, exaspèrent le lecteur moderne, qui veut voir les faits présentés d'une manière claire et cohérente et tient, avant tout, à sentir sous ses pieds un terrain solide. Il refuse absolument de suivre le mystique dans sa marche agile à travers ce qui lui semble être des fondrières mouvantes, dans sa poursuite de feux follets sautillants qui paraissent et disparaissent avec un caprice déroutant et absurde. Les auteurs de ces traités si exaspérants étaient pourtant doués d'une intelligence lumineuse et d'un jugement sûr ; c'étaient les maitres constructeurs de l'Église ; leurs oeuvres, pour qui sait les lire, sont, aujourd'hui encore, remplies de sous-entendus et d'idées suggestives et nous montrent maint sentier obscur menant au savoir, sentier que nous n'eussions point trouvé sans eux.<br />Comme nous l'avons déjà constaté, Origène, le plus pondéré des hommes, versé dans les connaissances occultes, nous enseigne que les Écritures ont un triple aspect présentant un Corps, une Âme et un Esprit. Il nous dit que le Corps des Écritures se compose des mots extérieurs formant les histoires et les récits et n'hésite pas à affirmer que ces derniers ne sont pas littéralement vrais et n'ont d'autre objet que d'instruire les ignorants. Il va jusqu'à déclarer que certains faits contenus dans ces histoires sont manifestement contraires à la vérité, afin que les contradictions [281] évidentes qui se montrent à la surface poussent le lecteur à chercher le sens véritable de ces narrations impossibles. Tant que les hommes restent ignorants, dit encore Origène, le Corps leur suffit ; ils s'instruisent en suivant ses leçons et ne s'aperçoivent ni des contradictions, ni des impossibilités résultant d'une interprétation littérale ; aussi n'en sont-ils point troublés. Mais à mesure que les hommes se développent intellectuellement, ces contradictions et ces impossibilités frappent leur attention. Le chercheur inquiet se sent poussé à trouver un sens plus profond, et l'Âme des Écritures commence à lui apparaitre. Cette Âme vient récompenser ses efforts intelligents, et il échappe aux liens de la lettre qui tue 355. Quant à l'Esprit des Écritures, il ne se montre qu'à l'homme spirituellement illuminé. Ceux-là<br /><br />seuls en qui l'Esprit s'est développé peuvent comprendre le sens spirituel. Qui est-ce qui connait ce qui est en l'homme si ce n'est son esprit qui est en lui ?… Et nous en parlons, non avec les paroles qu'enseigne la sagesse humaine, mais avec celles que l'Esprit suggère 356.</p> <p style="text-align: center;"><em>354 II, S. Pierre, 1, 20.</em><br /><em>355 2 Cor., III 6.</em></p> <p style="text-align: center;"><em>356 1 Cor., II, 11, 13.</em></p> <p style="text-align: center;">La raison de ce mode de Révélation s'explique aisément. C'est l'unique manière dont un seul et même enseignement puisse être donné à des intelligences inégalement évoluées et d'instruire, non seulement les hommes qui reçoivent les leçons de la première heure, mais encore ceux qui, avec le temps, se trouveront plus avancés que leurs frères auxquels la Révélation fut primitivement apportée. L'homme ne reste [282] pas stationnaire. Le sens extérieur donné jadis à des hommes peu développés ne pouvait être que très limité, et s'il n'existait pas, dissimulé dans les Écritures, quelque chose de plus profond et de plus complet, elles perdraient leur valeur au bout de quelques milliers d'années ; cette méthode d'instruction par significations successives leur donne au contraire une valeur permanente, et les hommes d'une évolution avancée peuvent y découvrir des trésors cachés, jusqu'au jour où, possédant le tout, ils n'ont plus besoin des vérités partielles.<br />Les Bibles de l'humanité sont donc des fragments, des fragments de la Révélation ; aussi peuvent-elles, à juste titre, recevoir ce nom.<br />La Révélation présente encore un sens plus profond, car elle comprend les nombreux enseignements confiés, dans l'intérêt de l'humanité, à la grande Fraternité des Instructeurs spirituels. Ces enseignements sont contenus dans des livres écrits en caractères symboliques et contenant un exposé des lois cosmiques, des principes sur lesquels repose l'existence de l'univers, des méthodes suivant lesquelles procède son évolution, de tous les êtres qui le composent, de son passé, de son présent, de son avenir. Tel est le trésor inestimable dont les Protecteurs de l'humanité conservent le dépôt et où ils puisent, de temps à autre, certains fragments, pour en former les Bibles de ce monde. Mais il est encore une Révélation – la plus haute, la plus complète et la plus précieuse de toutes – par laquelle la Divinité Se dévoile Elle-même, dans le Cosmos, révèle attribut après attribut, pouvoir après pouvoir, beauté après beauté, dans toutes les différentes [283] formes qui, dans leur totalité, constituent l'univers. Elle manifeste Sa splendeur dans le ciel, Son infinité dans l'espace fourmillant d'étoiles, Sa force dans les montagnes, Sa pureté dans les pics neigeux et l'air translucide, Son énergie dans la houle de l'Océan, Sa beauté dans le torrent qui bondit, dans le lac aux eaux calmes et limpides, dans la forêt fraiche et profonde et dans la plaine ensoleillée, Son intrépidité dans le héros, Sa patience dans le saint, Sa tendresse dans l'amour maternel, Sa sollicitude protectrice dans le père et dans le roi, Sa sagesse dans le philosophe, Sa connaissance dans le savant, Son pouvoir curatif dans le médecin, Sa justice dans le juge, Sa richesse dans le marchand, Son pouvoir d'enseigner dans le prêtre, Son industrie dans l'artisan. Elle nous parle dans la brise qui murmure, nous sourit dans le rayon de soleil, nous reprend dans la maladie, nous stimule tantôt par nos succès, tantôt par nos défaillances. Partout et en toutes choses Elle Se laisse entrevoir, afin d'éveiller en nous le désir de L'aimer, et Elle Se cache afin que nous apprenions à marcher seuls. La reconnaitre partout est la Sagesse véritable, L'aimer partout le Désir véritable, La servir partout l'Action véritable. Cette Révélation de Dieu par Lui-même est la Révélation suprême ; toutes les autres sont secondaires et imparfaites.<br />Être inspiré, c'est recevoir partiellement cette Révélation, par l'action directe de l'Esprit Universel sur l'Esprit séparé qui est Son enfant ; c'est avoir éprouvé l'influence illuminante qu'exerce l'Esprit sur l'Esprit. Nul ne connait la vérité de manière à ne jamais la perdre, nul ne connait la vérité de manière à ne [284] jamais en douter, avant que la révélation ne soit descendue en lui comme s'il était seul sur la terre, que le Dieu extérieur n'ait parlé au Dieu intérieur dans le temple du coeur humain et qu'ainsi l'homme soit arrivé à savoir par lui-même et non plus par autrui.<br />À un degré moindre, un homme peut encore se trouver inspiré lorsqu'un Être plus grand que lui stimule en son âme des facultés normalement encore dormantes, ou même prend possession de lui et se sert momentanément de son corps comme d'un véhicule. Un homme ainsi illuminé peut, quand l'inspiration s'empare de lui, parler de ce qu'il ne sait point et faire connaitre des vérités ignorées jusque-là. Certaines vérités sont parfois, pour aider ce monde, répandues de la sorte par un canal humain ; un Être plus grand que celui qui parle communiquant sa propre vie au véhicule humain, les vérités s'échappent des lèvres de l'inspiré. Un Grand Instructeur peut alors dire des choses qui dépassent ses connaissances normales, car l'Ange de l'Éternel a touché ses lèvres d'un charbon ardent 357. Ainsi parlaient les Prophètes qui, à certaines époques, manifestèrent leur irrésistible conviction, leurs connaissances profondes, leur entente parfaite des besoins spirituels de l'humanité. Des paroles semblables vivent d'une vie immortelle, et celui qui les prononce est véritablement un messager de Dieu. L'homme à qui ont été accordées ces connaissances est désormais incapable de les oublier complètement ; il porte en son coeur une certitude qui ne saurait s'évanouir tout entière. La lumière peut disparaitre [285] et l'obscurité descendre sur lui ; la lueur céleste peut pâlir à ses yeux et les nuages l'environner ; les menaces, le doute, les défis peuvent l'assaillir, mais dans son âme se cache le Secret de la Paix : il sait – ou sait qu'il a su.</p> <p style="text-align: center;"><em>357 Es., VI, 6, 7.</em></p> <p style="text-align: center;">Frederick Myers, dans son poème bien connu, Saint Paul, a exprimé d'une manière admirable et juste ce souvenir de la véritable inspiration, cette réalité de la vie cachée. L'Apôtre parle de ses propres expériences et s'efforce de trouver des termes pour exprimer ses réminiscences. Le poète nous le montre incapable d'y parvenir entièrement, bien que saint Paul sache et que sa certitude reste inébranlable 358.</p> <p style="text-align: center;"><br /><em>358 So, even I, athirst for His inspiring.</em><br /><em>I, who have talked with Him, forget again ; Yes, many days with sobs and with desiring,</em><br /><em>Offer to God a patience and a pain.</em><br /><em>Then through the mid complaint of my confession.</em><br /><em>Then through the gang and passion of my prayer,</em><br /><em>Leaps with a start the shock of His possession,</em><br /><em>Thrills me and touches, and the Lord is there.</em><br /><em>Lo, if some pen should write upon your rafter</em><br /><em>Mene and Mene in the folds of flame,</em><br /><em>Think ye could any memories thereafter</em><br /><em>Wholly retrace the couplet as it came ?</em><br /><em>Lo, if some strange intelligible thunder</em><br /><em>Sang to the earth the secret of a star,</em><br /><em>Scarce should ye catch, for terror and for wonder.</em><br /><em>Shreds of the story that was pealed so far !</em><br /><em>Scarcely I catch the words of His revealing</em><br /><em>Hardly I hear Him, dimly understand.</em><br /><em>Only the power that is within me pealing</em><br /><em>Lives on my lips, and beckons to my hand.</em></p> <p style="text-align: center;"><em>Whose hath felt the Spirit of the Highest<br />Cannot confound, nor doubt Him, nor deny ;<br />Yea with one voice O world, though thou deniest,<br />Stand thou on that side, for on this am I.<br />Rather the world shall doubt when her retrieving<br />Pours in the rain and rushes from the sod ;<br />Rather than he in whom the great conceiving<br />Stirs in his soul to quicken into God.<br />Nay, though thou then shouldst strike him from his glory,<br />Blind and tormented maddened and alone,<br />E'en on the cross would he maintain his story,<br />Yes, and in Hell would whisper, "I have known".</em></p> <p style="text-align: center;"><br />L'homme qui admet le moins du monde la réalité de la Présence Divine autour de lui, en lui et en toute chose, comprendra pourquoi un endroit ou un objet peuvent être rendus "sacrés" par une légère "objectivation" de cette Présence universelle et constante, [286] si bien que des personnes normalement inconscientes de cette omniprésence parviennent à la sentir. C'est généralement dû à un homme d'une évolution fort avancée, en qui la Divinité intérieure est largement développée et dont les corps subtils répondent par conséquent aux vibrations les plus subtiles de la conscience. Par l'intermédiaire d'un homme comme celui-là, ou par sa volonté, des énergies spirituelles peuvent se manifester en s'unissant à son pur magnétisme vital. Il peut alors communiquer ces énergies à un objet quelconque, dont l'éther et les corps de matière subtile s'accorderont avec ses propres vibrations, comme nous l'avons expliqué plus haut ; enfin, la Divinité latente se manifestera plus facilement. Un objet semblable se trouvera "magnétisé" ; en outre, si l'influence exercée a été puissante, l'objet deviendra lui-même un centre magnétique capable de magnétiser à son tour ceux qui l'approchent. Tel un corps [287] électrisé par une machine électrique influence d'autres corps placés auprès de lui.<br />Un objet ainsi rendu "sacré" est un auxiliaire des plus utiles dans la prière et la méditation. Les corps subtils de l'adorateur se mettent au diapason de ses vibrations intenses, et l'homme se trouve calmé, tranquillisé, pacifié, sans aucun effort personnel ; dans cette disposition nouvelle, la prière et la méditation, au lieu d'être pénibles et vaines, sont faciles et efficaces, et ces exercices, naguère fastidieux, deviennent insensiblement une joie. L'objet représente-t-il quelque Personne Sacrée, s'agit-il d'un Crucifix, d'une Madone, d'un Ange, d'un Saint, c'est un avantage de plus. L'Être représenté, si son magnétisme a été communiqué à l'image par la "Formule" et par le "Signe d'autorité" convenables, peut renforcer ce magnétisme par une très légère effusion d'énergie spirituelle et, par-là, influence l'adorateur ou même Se montre à lui dans Son image, ce que, autrement Il n'eût point fait. Car dans le monde spirituel, l'économie des forces est une règle ; une dépense minime d'énergie est permise là où une dépense plus considérable ne l'est pas.<br />L'application de ces mêmes lois occultes peut servir à expliquer l'emploi d'un objet consacré quelconque, relique, amulette, etc. Tous sont des objets consacrés, dont la puissance et l'utilité sont en raison directe du savoir, de la pureté, de la spiritualité et de la personne qui les magnétise.<br />Une localité peut de même être rendue sacrée par la présence de Saints, dont le pur magnétisme rayonnant autour d'eux fait régner dans l'atmosphère [288] ambiante des vibrations paisibles. Il peut arriver que des Saints ou des Êtres venant des mondes supérieurs magnétisent directement un endroit déterminé. C'est ainsi qu'il est dit, dans le Quatrième Évangile, qu'un Ange descendait, à certains moments, touchait l'eau d'une piscine et lui communiquait ainsi des propriétés curatives 359. Dans un lieu semblable l'influence bénie pourra se faire sentir, même à des hommes légers et irréligieux ; ils éprouveront un instant d'émotion et seront accessibles à des pensées plus hautes. La Vie divine S'efforce sans cesse, en tout homme, de subjuguer la forme et de la modeler à Sa ressemblance. Ces efforts, on le comprendra, se trouveront facilités si les vibrations de la forme sont amenées à s'accorder avec celles d'un Être plus élevé, car les efforts de la Vie intérieure se trouveront renforcés par une puissance supérieure. Cela se traduira, extérieurement, par un sentiment de tranquillité, de calme et de paix : la pensée cessera de s'agiter ; le coeur oubliera ses peines. Il suffit de s'observer soi-même pour constater que certaines localités disposent, mieux que d'autres, au calme, à la méditation, à la pensée religieuse, à l'adoration. Il est beaucoup plus difficile d'apaiser le mental et de le concentrer, dans une chambre ou dans un édifice où ont régné longtemps les pensées légères, les conversations frivoles, l'agitation de la vie mondaine, que dans un lieu où la pensée religieuse s'est exercée année par année, siècle après siècle. Ici le mental se calme et s'apaise peu à peu, et l'homme accomplit sans peine ce qui, ailleurs, lui [289] eût demandé les plus grands efforts. Les lieux de pèlerinage, les retraites où l'on vient quelque temps s'isoler, n'ont pas d'autre but : l'homme tourne sa pensée vers le monde intérieur et cherche en lui-même son Dieu ; il est aidé, en cela, par l'atmosphère créée par des milliers de ses semblables qui sont venus, avant lui, dans le même lieu, dans la même intention. Car il ne règne pas simplement ici un magnétisme dégagé par un Saint isolé ou par quelque grand Être descendu des mondes invisibles. Chaque personne qui visite ce lieu, le coeur rempli de respect et de dévotion, se trouve mise au même diapason, en renforce, de sa propre vie, les vibrations et quitte cet endroit meilleure qu'elle n'était en y arrivant. Petit à petit l'énergie magnétique se dissipe ; un objet ou un lieu sacré peut donc perdre graduellement son magnétisme, s'il est mis de côté ou abandonné ; son magnétisme augmente, au contraire, s'il est employé ou fréquenté. D'autre part, la présence des moqueurs ignorants est nuisible à ces objets et à ces lieux, car elle y met en jeu des vibrations hostiles qui affaiblissent les vibrations anciennes. Une onde sonore rencontre-t-elle une autre onde qui la supprime, le silence en résulte : les vibrations des pensées moqueuses affaiblissent, de même, ou éteignent les vibrations du respect et de l'amour. Le résultat dépendra naturellement de l'amplitude relative, mais les vibrations nuisibles ne sauraient rester sans effet, car les lois de la vibration sont les mêmes dans les mondes supérieurs que dans le monde physique, et les vibrations mentales sont l'expression d'énergies réelles. [290]</p> <p style="text-align: center;">359 S. Jean, V, 4.</p> <p style="text-align: center;">La raison et la conséquence de la consécration des églises, chapelles, cimetières, sont par suite évidentes. L'acte de consécration ne consiste pas simplement à réserver un lieu pour un usage spécial, mais encore à le magnétiser pour le bien des personnes qui le fréquentent. Car les mondes visible et invisible sont en rapport étroit ; ils se pénètrent l'un l'autre, et l'homme qui sait mettre en jeu les énergies de l'invisible est celui qui peut le mieux servir l'humanité.</p> CONCLUSION 2019-06-24T12:23:27+00:00 2019-06-24T12:23:27+00:00 http://hierarchie.eu/helena-roerich/10-accueil/1119-conclusion Super User bon.christo@free.fr <p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt;"><strong>CONCLUSION</strong></span></p> <p style="text-align: center;"><br />Nous sommes arrivés à la fin d'un petit volume traitant d'un vaste sujet et nous n'avons fait que soulever un coin du voile qui cache la Virginale et Éternelle Vérité aux regards indifférents des hommes. Le bord de son vêtement nous est seul apparu, chargé d'or, enrichi de perles ; mais ce fragment qui ondule lentement devant nos yeux ne dégage pas moins des parfums célestes, santal et essence de rose de mondes plus beaux que le nôtre. Quelle gloire inimaginable, si le voile était enlevé, si nous contemplions dans sa splendeur le Visage de la Mère divine et, dans Ses bras, l'Enfant qui est la Vérité même ! Devant cet Enfant, les Séraphins se voilent éternellement la face ; quel mortel pourrait donc Le contempler et vivre ?<br />Et cependant, puisque, en l'homme, Il est présent, qui nous défendra de passer derrière le Voile et de contempler à visage découvert la gloire du Seigneur ? – De la Caverne au Ciel suprême – telle est la carrière du Verbe fait Chair, tel est le Chemin de la Croix. Partager la nature humaine, c'est partager la nature Divine, c'est pouvoir suivre Ses pas. "Ce que Tu es, je Le suis."</p> <p style="text-align: center;"> </p> <p style="text-align: center;"><br /><span style="font-size: 18pt;"><strong>PAIX A TOUS LES ÊTRES !</strong></span></p> <p style="text-align: center;"><br /><span style="font-size: 18pt;"><strong>FIN DU LIVRE</strong></span></p> <p style="text-align: center;"><span style="font-size: 18pt;"><strong>CONCLUSION</strong></span></p> <p style="text-align: center;"><br />Nous sommes arrivés à la fin d'un petit volume traitant d'un vaste sujet et nous n'avons fait que soulever un coin du voile qui cache la Virginale et Éternelle Vérité aux regards indifférents des hommes. Le bord de son vêtement nous est seul apparu, chargé d'or, enrichi de perles ; mais ce fragment qui ondule lentement devant nos yeux ne dégage pas moins des parfums célestes, santal et essence de rose de mondes plus beaux que le nôtre. Quelle gloire inimaginable, si le voile était enlevé, si nous contemplions dans sa splendeur le Visage de la Mère divine et, dans Ses bras, l'Enfant qui est la Vérité même ! Devant cet Enfant, les Séraphins se voilent éternellement la face ; quel mortel pourrait donc Le contempler et vivre ?<br />Et cependant, puisque, en l'homme, Il est présent, qui nous défendra de passer derrière le Voile et de contempler à visage découvert la gloire du Seigneur ? – De la Caverne au Ciel suprême – telle est la carrière du Verbe fait Chair, tel est le Chemin de la Croix. Partager la nature humaine, c'est partager la nature Divine, c'est pouvoir suivre Ses pas. "Ce que Tu es, je Le suis."</p> <p style="text-align: center;"> </p> <p style="text-align: center;"><br /><span style="font-size: 18pt;"><strong>PAIX A TOUS LES ÊTRES !</strong></span></p> <p style="text-align: center;"><br /><span style="font-size: 18pt;"><strong>FIN DU LIVRE</strong></span></p>