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LES ENSEIGNEMENTS DES MAITRES DE LA HIERARCHIE

LES BASES DU MONDE NOUVEAU Une compilation de textes d'Annie BESANT - 1944

LES BASES DU MONDE NOUVEAU 6 — LES RACES DE COULEUR

LES BASES DU MONDE NOUVEAU

 

6 — LES RACES DE COULEUR


6. Le monde est menacé d'une guerre de races à moins que les blancs ne renoncent à toute discrimination en ce qui concerne les racés de couleur et ne leur témoignent davantage d'amitié. Que dit le docteur Besant sur ce sujet ?
Le résultat de la domination mondiale des races blanches sur les races de couleur – résultat que les hommes d'État auraient dû avec toute énergie tenter d'éviter – pose maintenant un problème de premier plan qu'il s'agit d'éclaircir si l'on veut que le grand conflit commencé en 1914 prenne fin dans un monde en paix.
Il faut donc que nous tenions tous conseil contre le danger commun d'un conflit entre races blanche et de couleur dans lequel sombrerait la civilisation mondiale. Il n'y a pas de temps à perdre (55).
La couleur n'est rien. La race est beaucoup. C'est là une des choses dont je désire que vous vous souveniez. La race a de l'importance, la couleur n'en a pas. La couleur est superficielle, mais la race détermine la structure du corps ; les différentes races présentent divers types physiques et divers systèmes nerveux et, par conséquent, des qualités cérébrales, des facultés et des pouvoirs différents. La couleur n'a rien à faire [68] dans tout cela ; elle est un effet du climat, une pigmentation de la peau…
Il faut trouver place en ce monde pour les hommes de couleur. Une peau blanche n'est pas tout. En vertu de quel droit divin l'homme à peau blanche s'introduit-il dans les pays des hommes de couleur et décrète-t-il que ces derniers n'ont pas le droit d'entrer dans les pays des blancs ? C'est un malheur que cette question de la couleur de la peau soit une barrière dressée pour séparer les citoyens du soi-disant empire britannique. Cela ne peut continuer longtemps (57).
La pression économique exercée sur les races de couleur devient trop forte pour qu'elle puisse être supportée.
Nous parlons du chaos en Chine. Mais la Chine est, par essence, un pays paisible. Pourquoi y trouve-t-on aujourd'hui la haine de l'étranger ? Parce que ces derniers ont exigé pour eux le libre accès en Chine et ont refusé aux Chinois celui des autres pays. Parce que la Chine a une immense population de quatre cents millions d'êtres humains et qu'un pays, qui est à sa portée, le Canada, aussi vaste que l'Europe, ne compte que huit millions d'habitants. Les blancs monopolisent les vastes espaces australiens pour une population
de six millions tandis que le Japon, dont la superficie représente un vingtième de celle de l'Australie, a une population près de dix fois supérieure.
Il faut que vous considériez l'économie mondiale et non celle de votre propre pays ou celle des nations européennes. Il devient de plus en plus urgent de trouver une solution au problème des gens de couleur. Leur haine ne s'adresse pas tant aux blancs qu'à la pression économique exercée sur eux, et qui ne leur permet plus de vivre sur la terre où ils sont nés ; ils voient d'autre part de vastes espaces inhabités et cultivables [69] dont l'accès leur est interdit par des gens qui ne les utilisent pas. C'est cet aspect de l'économie mondiale qu'il faut considérer ; dans ce domaine encore, c'est la question économique qui domine les autres. L'économie est la racine même de notre bienêtre national (23).
Parmi les nombreuses causes qui contribuent à élargir le fossé qui sépare l'Indien du Britannique, l'une des plus immédiatement dangereuses est l'antagonisme que crée la différence de couleur…

 

EMPIRE OU COMMONWEALTH


Le véritable danger immédiat réside dans l'exaspération croissante que ressent la classe indigène élevée à l'anglaise par suite de l'infériorité politique et sociale dans laquelle sont maintenus les gens de couleur, dans leur ressentiment, dû au traitement que leur inflige une race étrangère et agressive qui, s'étant introduite dans un pays civilisé, traite ses habitants comme des êtres inférieurs pour la seule raison de la couleur de leur peau. Ce sens de la supériorité de la couleur blanche se manifeste par des insultes et des sévices infligés aux "indigènes", la plupart du temps (mais pas toujours) par une classe inférieure de blancs, et par les peines légères qui sanctionnent les attentats – souvent mortels – commis contre des Indiens.
Ces distinctions de couleur se retrouvent partout. Les "gentleman" indiens sont obligés, dans leur propre pays, de se soumettre à une discrimination humiliante et de supporter les insultes continuelles d'Anglais de basse classe. Il en résulte une exaspération grandissante, particulièrement chez les hommes jeunes, qui font preuve d'une courtoisie hautaine dans [70] leurs rapports officiels avec les Anglais mais n'en portent pas moins, cachée dans leur coeur, une haine farouche. On n'oublie pas les insultes, on en parle, on en propage le récit, et le fossé s'élargit (57).
Je voudrais vous demander, – à vous qui êtes des membres de la nation britannique, des membres de l'empire le plus puissant qui subsiste à la surface du globe –, je voudrais vous demander de vous rappeler que vous faites partie de la seule nation qui soit en mesure de résoudre ce problème des races de couleur qui menace aujourd'hui la civilisation. Vous le pouvez si vous le voulez, vous qui, dans votre empire êtes représentés dans la proportion d'un homme blanc pour six hommes de couleur. A-t-il jamais été donné à une nation une semblable opportunité de modifier les destinées du monde ? Une petite ile telle que la vôtre ne s'est-elle jamais trouvée placée devant une destinée aussi merveilleuse, devant une possibilité aussi vaste ? Vous pourriez réconcilier la race blanche et les races de couleur et les unir par des liens d'égalité et d'entraide ! Oh ! Je voudrais prier ceux qui ont appris quelque chose des possibilités cachées dans le coeur et le cerveau humain de mettre leur coeur et leur cerveau au service de ce problème qui se pose à leur empire. Et il faut éliminer ce mot même d'empire, qui sous-entend une notion de force, de violence, d'abus des autres. Usez d'un mot plus noble, celui de "Commonwealth", onde Fédération des peuples britanniques des Nations libres de couleur. Comprenez que l'Inde n'est pas perdue pour vous si vous acceptez de la traiter sur un pied d'égalité. C'est une nation dont le coeur est fort et la pensée aimante ; une nation que n'a pas envahie l'orgueil agressif de la nationalité comme l'ont été d'autres nations occidentales (21). [71]

 

LES PROBLÈMES DE L'EMPIRE


L'Empire britannique, dont les membres se solidarisent de plus en plus dans les sentiments et dans les entreprises, est sérieusement menacé par un danger qui ne se présenterait à aucune autre nation cherchant à établir son empire. La majorité de sa population est composée d'hommes de couleur ; la minorité est de race blanche. Les blancs, pourtant, exigent non seulement d'avoir la direction générale des différents pays mais encore, ils revendiquent les postes les plus élevés dans ceux de ces pays dont la population est de couleur et ils exproprient les habitants, même s'ils sont hautement civilisés, bien éduqués et capables. "C'est le fardeau de l'homme blanc", disent-ils, que de les diriger et de les améliorer selon ses propres idées. Or, les Indiens commencent, eux, à trouver que l'homme blanc devient aussi un lourd fardeau pour leurs épaules de couleur et ils trouvent que ce fardeau n'est pas compensé par les bénéfices qu'ils en retirent.
Plus qu'aucune autre nation la Grande-Bretagne aurait à perdre dans un soulèvement des races de couleur contre les blancs et c'est pourtant vers ce résultat que ses colonies la précipitent avec une inconscience incroyable. "La façon de traiter les Indiens en Afrique du Sud", a dit lord Amthill, "est une épreuve pour nos capacités en tant que peuple impérial ; c'est là l'épreuve imposée à la démocratie pour qu'elle puisse démontrer qu'elle est capable de traiter les affaires extérieures."
La Colombie britannique et l'Australie posent la même question et semblent vouloir prouver qu'elles ne sont pas à même de faire partie d'un empire où le [72] nombre des gens de couleur est supérieur à celui des blancs.
Si l'Australie était sage, elle accueillerait chez elle les Indiens, ce qui renforcerait l'empire. Mais je ne suis pas certaine de désirer qu'elle le fasse, et voici pourquoi : si l'on continue à pratiquer la politique qui exclut les Indiens des pays des blancs, le résultat en sera que les hommes de couleur commenceront à exclure les blancs de leurs territoires. Vous avez fait la guerre contre la Chine pour conquérir le droit d'y entrer, vous avez prétendu que les Chinois étaient des barbares parce qu'ils vous fermaient leur porte. Je suis d'accord sur le fait que les portes devraient être ouvertes aux blancs, mais à condition que les portes soient aussi ouvertes aux gens de couleur. Et ces derniers, lorsqu'ils se voient fermer l'accès des autres pays, sont justifiés de fermer les leurs aux blancs (57).
Le seul pays qui traite décemment les races de couleur est la Nouvelle-Zélande. Lorsque les colonisateurs arrivèrent, ils ne volèrent pas la terre ou ne "l'annexèrent" pas, comme on dit. Ils payèrent honnêtement ce qu'ils désiraient avoir ; puis ils firent en sorte d'introduire dans leur parlement des représentants Maoris qui siégeaient à leurs côtés et dont les droits étaient reconnus. La Nouvelle-Zélande est le seul pays sous drapeau britannique où justice soit rendue aux possesseurs originaux de la terre. Ils sont considérés jusqu'à un certain point comme des citoyens et sont autorisés à élire leurs représentants au parlement. C'est la seule colonie où les possesseurs primitifs de la terre jouissent des mêmes droits et des mêmes privilèges que ceux qui s'y sont établis ultérieurement, et je la cite en exemple aux autres colonies.
Si l'on considère le problème de l'Afrique du Sud, l'on constate que parmi les races de couleur qui la [73] peuplent il s'en trouve qui sont de types entièrement différents et que nous pouvons, cette fois, appeler des sauvages ;
certains d'entre eux sont pacifiques, d'autres sont belliqueux et agités. Mais aucun d'eux n'est adaptable à une forme quelconque de la civilisation actuelle. Mais l'on y trouve aussi un grand nombre d'émigrants de type aryen, qui sont venus de l'Inde et qui appartiennent à une race hautement civilisée, dont les instincts sont ceux d'êtres civilisés et non de sauvages. Or, Ils sont tous à peu près traités de la même façon en Afrique du Sud ; on ne fait pas de véritable distinction entre eux. Ceux qui appartiennent au type le plus élevé sont traités d'une façon abominable. Les ouvriers soumis à des contrats de travail sont plus maltraités que ne l'étaient les esclaves, car le contrat de travail n'est qu'une des formes de l'esclavage.
Comment est-il possible que le peuple anglais, alors qu'il fait une constante discrimination pour les races de couleur, puisse croire qu'elles resteront calmes et soumises et accepteront qu'il ne leur soit réservé qu'une place inférieure qui, souvent, n'est pas celle qui leur est due ?
En ce qui concerne les Africains, la difficulté est que les Anglais ne les comprennent pas… Nous devrions désirer savoir ce que ces gens pensent – sans le dire – des Anglais et tant que nous ne connaitrons pas leur point de vue, nous ne connaitrons pas la vérité.
Prenons une par une les races de couleur et essayons de les comprendre. Un grand avenir attend la Grande-Bretagne si elle s'engage dans cette voie, si tout notre système social est réformé et réorganisé sur la base du bonheur humain au lieu de l'être sur la base du conflit. Je crois que tout le système social peut être réformé, en Angleterre comme ailleurs et que nous édifierons [74] dans l'avenir un système d'états à gouvernements autonomes pour régler les affaires intérieures, mais dominés par un Parlement d'Empire dans lequel chaque pays sera représenté, pourra faire entendre sa voix et apportera sa contribution à l'ensemble de l'organisme.

 

LE PRÉJUGÉ DES RACES DE COULEUR DOIT DISPARAITRE


L'un de nos plus grands péchés réside dans l'immoralité totale qui est de mise vis-à-vis des femmes de couleur, dans ce mépris total de la féminité qui se manifeste dans tous les pays où les Anglais se sont introduits et qu'ils gouvernent (58).
La Théosophie enseigne à ses membres de s'élever dans une union qui reconnaisse dans l'ensemble des religions un accord parfait et non une dissonance et qui considère l'accord parfait comme plus riche que l'accord
simple. Ne pourrait-il donc être permis à la Théosophie d'exercer une influence unifiante et de répartir sur les plans du travail pédagogique, social et politique des hommes religieux et doués d'abnégation, pour lesquels la religion est toujours un stimulant, jamais un obstacle ?
La pernicieuse barrière que la question de la couleur dresse entre les classes est l'une des principales causes qui répandent le trouble et la rancoeur parmi les Indiens cultivés. Quoi que l'on puisse dire, ils ne sont jamais traités en égaux. Dans les réceptions, eux et les Anglais forment des groupes séparés. Il existe pourtant des amitiés individuelles, mais elles sont rares. Mais il n'y a absolument pas d'égalité sociale sauf dans les réunions qui ont lieu à la Société théosophique où hommes et femmes, blancs et de couleur [75] sont assis côte à côte et bavardent ensemble sans que rien puisse marquer une différence quelconque. Les uns et les autres doivent s'attacher à généraliser cette façon d'être. Il faut que, soit que nous marchions, soit que nous allions en voiture, soit que nous parlions, nous ne pensions jamais à la couleur ; il faut que nous nous traitions les uns les autres sur un pied d'égalité parfaite, en oubliant complètement toute considération de couleur.
Cette considération doit aussi disparaitre lorsqu'il s'agit d'emplois à pourvoir, et seules les qualités professionnelles doivent entrer en ligne de compte. Taus les bureaux devraient être ouverts sans distinction aux Indiens, le préjugé de couleur devrait disparaitre du monde des affaires aussi bien que de la société (59).
Si l'Angleterre et l'Inde veulent se donner la main pour le bien commun… si toutes deux s'efforcent de trouver les moyens de résoudre le problème des races de couleur… elles s'élèveront alors toutes deux vers un avenir plus grand, plus vaste, plus puissant que ne l'a été dans le passé aucun des Empires ayant exercé un pouvoir étendu. Car elles sont les soeurs cadette et ainée de la même famille aryenne impériale et, ensemble, elles deviendront omnipotentes quand bien même le monde en armes se dresserait contre elles. Mais si leur union devait se rompre, chacune verrait venir sa fin (60).
… Aussi longtemps que l'Inde sera tenue à l'écart comme une nation assujettie, la guerre des races de couleur pourra éclater à n'importe quel moment – et ce serait la guerre la plus désastreuse à laquelle la civilisation puisse être exposée. Avant de pouvoir envisager les États-Unis d'Europe, nous devons nous lier d'amitié avec nos frères de couleur dans le monde entier. L'Inde est l'un des pays où cela est réalisable [76] de suite car elle est
placée dans le domaine de ce qui devrait être le grand Commonwealth britannique des nations libres, et non un Empire régnant sur des peuples assujettis (56).
Pourquoi les Fondateurs des grandes religions appartenaient-ils aux races de couleur ? En partie parce que ces dernières sont plus anciennes que la race blanche ; en partie aussi parce que la couleur dépend de la peau et du climat autant qu'elle dépend, à la longue et en partie, de l'ascendance. Il doit donc y avoir quelque chose de particulier en ce monde oriental pour que chaque Fondateur de religion y ait pris son corps. En partie le tempérament, en partie l'organisme nerveux, en partie le cerveau fin et subtil – ces éléments réunis rendent peut-être plus aisé à un être de pénétrer dans les profondeurs de son propre coeur que cela ne le serait pour les éléments d'une race plus jeune, pleine de l'impatient désir de savoir, pleine d'un génie prompt à découvrir les secrets les plus profonds de la Nature, sauf ceux du Divin. Ces anciennes civilisations possédaient aussi une sagesse profonde – cette sagesse qui est le produit de la fusion de la connaissance avec la dévotion. Car ni la seule intelligence, ni la seule dévotion ne sont à même de découvrir la Vérité parfaite proclamée par toutes les religions du monde (21).

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