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LES ENSEIGNEMENTS DES MAITRES DE LA HIERARCHIE

LES BASES DU MONDE NOUVEAU Une compilation de textes d'Annie BESANT - 1944

LES BASES DU MONDE NOUVEAU 9 - L'EUROPE

LES BASES DU MONDE NOUVEAU

 

9 - L'EUROPE


9. La deuxième guerre mondiale a remis au premier plan l'idée des États-Unis d'Europe. Les funestes méthodes nazies elles-mêmes ont préparé l'unification des pays européens. Ne semble-t-il pas qu'une Fédération européenne soit appelée à entrer dans le Plan mondial ?
L'un des résultats de cette guerre devrait être – et sera – la constitution des États-Unis d'Europe, dont la réalisation, sans cet élément, aurait pu demander des siècles. Les nations civilisées devraient à présent avoir dépassé le stade du règlement des querelles par le meurtre en masse, de la même façon qu'elles ont renié le règlement par la force des querelles entre individus. Une Loi internationale devrait être substituée à la guerre. Elle serait soutenue par une police internationale, navale et militaire. L'époque est propice à cette réalisation et la guerre a cristallisé en un idéal bien défini ce qui n'avait été jusque-là que rêves imprécis (50).
Pourquoi n'y aurait-il pas des États-Unis d'Europe comme il y a des États-Unis d'Amérique ? Pourquoi les nations européennes ne mettraient-elles pas la guerre hors-la-loi ?… Pourquoi n'enseignerions-nous pas, ici dans nos écoles et ne mettrions-nous pas nous-mêmes en pratique cet idéal des États-Unis [106] d'Europe qui mettrait fin à la guerre d'un bout à l'autre du continent ? Car, après tout, nos intérêts sont les mêmes, et plus il y aura d'intérêts communs, moins il y aura de danger de guerre (23).
La Grande-Bretagne et l'Amérique doivent donner l'exemple. Elles devraient élaborer un traité de paix que personne ne violerait, que personne n'oserait défier. Si vous étiez sages – car vous êtes de la même race et la race est forte –, vous incluriez l'Allemagne dans cette grande alliance et vous unifieriez ainsi les peuples teutoniques. Ce serait le premier pas vers l'Europe unifiée, vers le Monde unifié.
Ne pouvons-nous proposer aux peuples d'Europe un idéal élevé capable de stimuler leur enthousiasme ? Il ne sert à rien d'argumenter en faveur de la Justice. Mieux vaut présenter un grand idéal qui remuera le coeur des êtres humains et les décidera à le réaliser parce qu'il les attirera par sa beauté et les retiendra par sa fascination. Je suggère que cet idéal soit les États-Unis d'Europe. Je ne dis pas qu'il soit aisément réalisable, mais je veux dire que si cet idéal gagnait les coeurs, même d'une minorité de gens, ils y reviendraient sans se lasser, après chaque échec, jusqu'à l'obtention du succès. Il convient de noter ce qui ne peut que nous affermir dans notre volonté de réaliser un tel idéal que les changements produits par la dernière guerre, à la suite desquels l'Europe orientale a été morcelée en petits états, est entièrement contraire à la tendance de l'évolution de l'espèce humaine. Cette tendance a d'ailleurs été fortement ressentie et mise en pratique pour fondre en un seul de petits états de même langue et de mêmes traditions. Pensez à l'Italie telle qu'elle était lorsque j'étais jeune et lorsque Garibaldi vint à Londres, follement acclamé par fa foule dans les rues. Rappelez-vous [107] l'époque de Mazzini, le grand prophète de l'Italie, lorsque cette dernière était divisée en petits états dirigés par des ducs, des princes et des rois, et que le cri général était : "L'Italie unifiée !" L'Italie unifiée est née dans le cerveau de Mazzini le prophète et a été portée par les armes des vaillants Mille qui débarquèrent avec Garibaldi.
Les États-Unis d'Europe que je suggèrerais seraient donc composés d'états autonomes réunis en une grande fédération. Et la seule armée d'Europe – si une armée est nécessaire, mais mieux vaudrait une police –, serait celle du gouvernement fédéral. Chacun de ces États d'Europe aurait son gouvernement autonome. Ce serait une Fédération d'États libres. Et, après tout, cela n'est certainement pas impossible. Prenez, en effet, la Grande-Bretagne et considérez les colonies qu'elle a formées dans le passé : vous les voyez évoluer et devenir des nations séparées, des Dominions, une grande fédération de peuples libres. Et lorsque l'Inde aura obtenu le statut de Dominion (mesure nécessaire si l'on veut éviter une guerre avec les races de couleur), il ne sera plus question d'un Empire britannique mais d'une Fédération britannique de peuples grands et libres.
Voyez les États-Unis d'Amérique. De colonies séparées, ils sont devenus des États. Ces États sont peuplés par des gens de toutes les nationalités d'Europe, mais cela ils l'oublient et deviennent de plus en plus une nation homogène, une nation qui est une puissante république dans laquelle chaque État conserve son propre gouvernement et ses lois. Les États-Unis d'Amérique sont l'ensemble de tous ces États avec un gouvernement fédéral, une armée fédérale, une législature fédérale.
Si cela a été possible de l'autre côté de l'Atlantique, [108] – pour une population venue d'Europe, souvenez-vous-en –, pourquoi l'Europe ne suivrait-elle pas l'exemple de cette grande république qui est sa propre fille et ne le mettrait-elle pas en pratique afin que la guerre cesse d'exister en Europe (56) ?
… Un des résultats évidents de la gigantesque guerre actuelle est de modifier les relations entre l'Asie et l'Europe, de rétablir l'Asie à la place qui est la sienne dans le développement des destinées du monde. Nous oublions parfois que les empires de l'antiquité étaient asiatiques ; que l'Inde, la Perse, l'Assyrie ont occupé pendant des milliers d'années le sommet de la civilisation et que la Chine, bien qu'elle n'ait pas écrit des pages aussi éclatantes dans le livre de l'Histoire, n'en a pas moins écrit qui sont celles de remarquables progrès intérieurs et d'éthique supérieure et qui l'ont maintenue à une place stable parmi les grandes civilisations du monde (44).