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LES ENSEIGNEMENTS DES MAITRES DE LA HIERARCHIE

LES BASES DU MONDE NOUVEAU Une compilation de textes d'Annie BESANT - 1944

LES BASES DU MONDE NOUVEAU 23 - LA THÉOSOPHIE

LES BASES DU MONDE NOUVEAU

 

23 - LA THÉOSOPHIE


23. La Théosophie est appelée à exercer une grande influence dans la civilisation future, nous est-il dit. Quelles sont au juste les réalisations que nous attendons de la Théosophie ?


LA THÉOSOPHIE, HÉRAULT ET MESSAGER


La Société théosophique est un ambassadeur de la grande Loge Blanche et elle est le messager sur la Terre du Roi du monde, envoyée pour aider et éclairer son peuple.
Tel est l'un des objets de la Société théosophique… ainsi qu'il m'a été dit par le Maitre qui doit réaliser ce rassemblement d'une race… Sélection de la pensée, plutôt que sélection des corps, la pensée étant celle de la Fraternité humaine, qui sera incarnée dans notre sixième Race-Racine ; civilisation coopérative et non compétitive ; civilisation fraternelle d'où sera exclue l'exploitation des faibles par les forts.
… C'est là l'un des objets de la Société théosophique et que nombreux soient ceux qui ne le croient pas, cela n'a pas d'importance, puisque cela fait partie du Plan divin (65).
Le travail de la Hiérarchie englobe tout, affecte tous les pays, utilise toutes les formes qui lui conviennent [234] et la Société théosophique est le Hérault et le messager de la Hiérarchie auprès du monde. C'est pour cela que, de même que le Pouvoir qu'elle incarne, son oeuvre doit embrasser tous les domaines ; et son premier devoir, dans chaque pays, est de faire revivre la religion ou les religions de ce pays, base première et indispensable de toute croissance (14).
Nous pensons que la spiritualité sera la caractéristique principale de la civilisation future et qu'elle dominera la religion, la science, l'art et la société. Nous pouvons raisonnablement espérer que, au fur et à mesure que cette spiritualité s'étendra, elle formera et modèlera la civilisation future, nous pouvons raisonnablement espérer qu'une unité toujours croissante se manifestera dans le domaine de la religion, que dans le domaine de la science l'on trouvera de nouvelles méthodes d'investigation, de nouveaux pouvoirs de pensée, que dans le domaine de l'esprit des idéaux plus nobles, d'inspirations plus élevées, se manifesteront et que, dans la société, la spiritualité se manifestera et posera les fondements d'une société basée sur le sacrifice, édifiée sur le contrôle de soi-même et dont le but et l'achèvement ultime sera la Fraternité.
La Théosophie s'adresse à toutes les religions comme un messager de paix. Elle ne veut écarter aucun fidèle de la religion qu'il pratique. Sa première tâche, pour préparer le terrain de la future civilisation, est donc de tenter d'amener une Fraternité des religions, sans en détruire ni en affaiblir aucune, mais en agissant en sorte qu'elles soient soeurs et non rivales, qu'elles reconnaissent toutes la parenté qui les unit et qu'elles deviennent une puissante famille au lieu de se combattre et d'isoler les croyances.
Cette Fraternité de religions aura, pour l'espèce humaine, beaucoup plus de valeur qu'une religion, [235] seule, n'en pourrait jamais avoir. De même que la lumière se divise en couleurs qui donnent toute sa beauté à la nature qui nous entoure, de même que ces couleurs, dont nous savons qu'elles procèdent de la lumière blanche, peuvent se refondre en cette dernière, de même en est-il avec la religion. Les grandes vérités, les grandes vertus, ne sont qu'Une ; la grande Lumière blanche de la Vérité. Et la Vérité, en passant par le prisme de notre intelligence se divise en religions multiples qui rayonnent marquées chacune de leur propre couleur. Puis, le prisme de l'esprit les rappelle à lui et elles fusionnent de nouveau dans l'unité de la Vérité.
La Théosophie prépare l'avènement de cette religion spirituelle commune, la Sagesse divine unique dont toutes les religions du monde reconnaitront qu'elles sont des branches, alors que les racines et le tronc de la vérité ne sont qu'Un. Telle est donc la grande tâche que la Théosophie a le devoir de réaliser dans la civilisation future. Et c'est pour cela que l'un de ses premiers enseignements a dit qu'elle serait la pierre angulaire de la religion de l'Humanité. Car la religion de l'Humanité sera cette Fraternité des religions que j'ai décrite, dans laquelle on ne saura se passer d'aucune religion puisque chacune d'elle possède quelque chose qui lui est propre, mais dans laquelle toutes les religions seront considérées comme une, car elles donnent la même Vérité sous des formes différentes.


LE RÉDEMPTEUR SOCIAL


Quel sera le rôle de la Théosophie dans le domaine de la science de cette civilisation future ? La science de l'avenir traitera de mondes et de matières plus subtiles. [236] Elle a maintenant pratiquement conquis toutes les formes grossières et denses de la matière et elle se dirige vers un domaine plus subtil et plus fin. La Théosophie enseignera la façon de développer les sens subtils et montrera les chemins par lesquels, dans le passé, bien peu d'êtres se sont dirigés mais qui, dans l'avenir seront suivis par des myriades d'êtres ; ce sera là le prochain grand stade de l'évolution humaine, celui de la création d'un corps plus subtil de l'homme. Ce sera la tâche de la Théosophie d'apporter à la science la construction de ce corps plus subtil qui permettra d'explorer le monde subtil, exactement selon les mêmes règles et les mêmes lois qui font que le corps physique grossier permet aujourd'hui d'explorer le monde physique grossier qui nous entoure (135).
Vous qui considérez que la Beauté est un luxe, regardez l'humanité que vous avez engendrée, où la laideur est la marque dominante des villes dont elle remplace la beauté détruite. Il vous faut apprendre la signification de la Beauté. La Beauté modèle le corps ; la laideur fait de même. Des villes hideuses sort une humanité hideuse. La renaissance de l'Art est une question de vie ou de mort et non pas une manifestation de luxe ou de plaisir. On a davantage besoin d'artistes dans nos villes que sur les murs de nos galeries d'art. Ces dernières ne sont fréquentées que par une minorité d'individus, tandis que tous les hommes, femmes et enfants vivent dans les villes. Aussi longtemps que les villes ne seront pas belles, comme elles l'étaient en Grèce, la civilisation manquera de l'un des signes distinctifs qui marque l'homme civilisé. Et la Théosophie enseigne le respect de la Beauté, que ce soit celle de la Nature ou celle qui est née des doigts habiles et du cerveau subtil de l'homme ; elle enseigne le respect du corps humain. [237]
Aucune nation n'a le droit d'engendrer des êtres tels que ceux que nous voyons parmi la population des taudis. Il est très bien de trouver parmi les riches et dans les classes supérieures de la société, des hommes et des femmes sains, forts et beaux à voir ; il n'y a à cela aucun inconvénient mais encore faudrait-il que toute la population puisse jouir des conditions qui permettent le développement de cette beauté physique. L'Art n'aura pas fait son devoir tant qu'il n'aura pas démontré à tous le pouvoir de la beauté et la part qu'elle a dans le façonnage de la civilisation. L'Art devrait constamment dépeindre l'idéal qu'est la Beauté, car c'est de l'idéal que découle le réel. L'artiste devrait montrer l'idéal que le dessinateur reproduirait. Tant que les artisans ne respecteront pas leur travail, il y aura peu d'espoir que l'art prospère parmi nous. L'Art n'est pas de l'art lorsqu'il se borne à reproduire ce qui est commun et laid ; La Théosophie a pour tâche d'insuffler à l'artiste le sens de la grandeur de sa vocation, la divinité de son pouvoir. L'artiste voit ce que nous ne pouvons voir, il entend ce que nous ne pouvons entendre ; c'est à lui de nous donner ce que nous ne sommes pas en mesure d'atteindre par nous-mêmes et il doit redevenir le prêtre de la Beauté parmi les hommes. La civilisation, alors, s'épanouira dans la beauté, animée ou inanimée ; et la Beauté reprendra sa vraie place dans notre civilisation, la place qu'elle occupait dans la Gréco ancienne.
Je dis que ce n'est pas par le soulèvement des malheureux, mais par le sacrifice des classes aisées que la société future se réalisera. Je sais que ceux qui souffrent ridiculiseraient et railleraient cette idée. Mais ce ne sont pas ceux qui vivent dans la misère qui pourront construire un système social plus sage et plus heureux. Il est besoin, pour réaliser cette [238] tâcher des meilleurs cerveaux et des meilleurs coeurs ; il faut du temps pour y réfléchir et en dresser les plans et beaucoup d'amour pour le mettre en pratique. L'on peut provoquer des émeutes, faire une révolution en laissant le peuple mourir de faim et en le poussant ainsi au désespoir, mais les changements qui suivent une révolution n'ont aucune stabilité. On ne peut pas prendre ; on peut donner ; et l'esprit vit par le don et il connait la joie du sacrifice. C'est par ces voies que viendra notre Rédemption sociale, par les voies de ceux qui sont prêts à donner et à se sacrifier ; le don imposé par la loi ou par la force éveille toujours le ressentiment et l'on s'efforce de l'éviter. La coaction provoque toujours une résistance violente alors que l'impulsion intérieure, qui est celle de l'amour, ne suscite aucune résistance et répand au contraire le bonheur. Et en cela réside l'avenir, là est la base de la civilisation future.


LE SALUT PAR LE SACRIFICE


Là où celui qui ne souffre pas ressent de la peine pour ceux qui souffrent ; là où un cerveau humain qui pourrait se suffire à lui-même ne trouve de joie qu'à aider la nation ; là où un coeur humain, comblé de tout ce qui est nécessaire au bonheur, n'y trouve pas le bonheur mais va vers les déshérités pour leur offrir son amour, – là où tout ceci se trouve, se trouve aussi la promesse de l'avenir. De tels cerveaux et de tels coeurs pouvaient être comptés par unités il y a seulement une centaine d'années ; un peu plus tard, on a pu les compter par dizaines ; on commence maintenant à pouvoir les compter par centaines et on trouve en des lieux insoupçonnés, ceux dont l'ardent [239] désir est de donner et de lutter pour un meilleur état social. Et c'est parmi ceux qui grandissent dans la vie spirituelle, parmi ceux qui ne peuvent être heureux alors que d'autres sont malheureux, parmi ceux dont rend amère la nourriture la pensée de tous ceux qui ont faim, c'est parmi ceux-là que l'on trouvera les constructeurs de la nouvelle civilisation, ceux qui se sacrifieront pour le bonheur des autres (139).
Il n'est pas douteux qu'un changement se manifeste autour de nous. On peut partout en voir les signes et il faut seulement choisir si l'on retournera au système qui vient de s'effondrer, si l'on retournera, plus loin encore en arrière, vers la condition primitive dont l'on est sorti, renonçant ainsi à tout ce qui a été amassé au cours des luttes menées à travers les âges, aux résultats obtenus par des générations de rêveurs et de travailleurs, ou si l'on rassemblera tout ce qui a été gagné au cours des temps pour se diriger de l'avant, vers le but fixé dans l'avenir.
Je suggère, pour base de la solution des problèmes mondiaux, que le grand principe à suivre est le suivant : au stade actuel de notre évolution, l'homme répond et prend plaisir instinctivement à ce qui est juste, et non à ce qui est injuste ; son impulsion le porte vers le sacrifice plutôt que vers l'égoïsme ; le droit de diriger est donné par la Sagesse, par la noblesse de caractère et le gout de servir et l'acceptation volontaire d'un chef provient de ce que ce dernier a été reconnu capable de conduire vers un grand Idéal, compris en partie par l'esprit et le coeur et qui pousse à l'action (36).
Nous nous tenons sur le seuil d'un Âge nouveau. Nous commençons à poser les fondements du Monde nouveau ou, plutôt, nous sommes les ouvriers qui rassemblent les matériaux de construction pour aider [240] le grand Maitre-Constructeur à édifier cette partie du Temple dont le Grand Architecte a dressé le Plan.
Telle est la tâche de la Société théosophique. C'est à cela qu'elle s'est engagée ; c'est à cela que travaillent tous ses membres, consciemment ou inconsciemment ; et la grande Loge a tourné dans cette direction les forces de la Hiérarchie qui se répandent par le canal de notre Société afin que le monde puisse être changé pour la venue de l'Instructeur. Là est notre grande tâche, notre merveilleux privilège (2).
Les Devas des nations guident à jamais leur destinée – l'explication qu'en donne Origène, en tant que partie du travail des anges, est à la fois intéressante et juste – ; et comme ils servent toujours la Volonté divine, ils travaillent pour l'évolution et contre les forces retardatrices lorsque celles-ci prennent suffisamment de force pour mettre en péril le progrès de l'Humanité (42).
Lorsqu'une nation n'avance pas suffisamment vite le long dit chemin du progrès, lorsqu'elle ne s'élève pas suffisamment vers la voix qui appelle, qui met en garde et qui conseille, le Deva de la nation utilise d'autres moyens pour éveiller son peuple et lui montrer le chemin à suivre. Et ses moyens qu'utilise le Deva sont des aiguillons. Ils sont comme le fouet qui touche le cheval paresseux et les choses que l'on considère comme infortune nationale, que l'on blâme avec insistance et passion, ne sont très souvent, si on les envisage sous leur vrai jour, que les aiguillons qui poussent un peu plus vite la nation vers le but sur lequel le Deva a les yeux fixés (128).
Croyant, comme je le fais, que ce ne sont ni les passions, ni les ambitions des hommes, mais les mains puissantes des Gardiens de la Terre qui dirigent les destinées des Nations, je ne peux que craindre que la [241] grande bataille ne cesse aussi longtemps que l'Angleterre n'aura pas reconnu en Asie ce pour quoi elle lutte en Europe, et qu'elle n'aura pas donné de bonne grâce à l'Inde cette liberté en défense de laquelle elle s'est dressée en Occident (134).
Ma foi en la grande Hiérarchie occulte est inébranlable ; elle est l'inspiration et le bonheur de ma vie et je m'y trouve comme sur un roc (118).